Interview d'Olivier Véran, Ministre des Solidarités et de la Santé
« Je crois profondément au modèle que porte SOLAAL : celui d’un bon sens solidaire. » selon Olivier Véran, Ministre des Solidarités et de la Santé
Quel constat portez-vous sur la situation en matière de précarité alimentaire ?
La crise sanitaire a aussi un visage social. Avec l’épidémie, la précarité alimentaire a pris une ampleur inédite dans notre pays depuis les années 40. Plusieurs raisons à cela : d’abord, la situation des personnes ayant recours à l’aide alimentaire s’est dégradée, et leur recours aux distributions ou aux épiceries solidaires est devenu plus fréquent. Ensuite de travailleurs modestes ont basculé dans la précarité du fait de la contraction de l’économie au printemps. Enfin, cette crise a aussi frappé de nombreuses familles qui ont eu du mal à faire face financièrement à l’interruption de la restauration scolaire. Cette hausse des besoins a soumis les associations à une forte pression. La précarité alimentaire est le reflet le plus fort des conséquences sociales de l’épidémie.
Quels sont les moyens mis en œuvre par le Gouvernement ?
Dès le début de la crise, nous avons travaillé avec les associations et les préfets pour surveiller une situation que nous savions dès le départ pouvoir basculer. Et quand la situation l’a exigé, l’Etat a répondu présent et a pris des mesures exceptionnelles : deux plans ont été déployés en soutien à l’aide alimentaire, à hauteur de 94 millions d’euros. Ils ont permis à la fois de donner plus de moyens aux associations mais aussi de répondre à des situations d’urgences par une aide directe aux populations dans des territoires en très grande souffrance. En parallèle, un plan de 50 millions euros a permis la distribution de chèques-services aux sans-abris.
A la réponse à l’urgence doit s’ajouter une réponse de long terme. D’une part, j’ai initié et présidé l’installation du Comité national de coordination de la lutte contre la précarité alimentaire, avec mes collègues Julien Denormandie et Emmanuelle Wargon. Pour la première fois, ce comité coordonnera acteurs et dispositifs pour que l’aide alimentaire bénéficie d’un maillage efficace sur l’ensemble du territoire français.
D’autre part, le plan de relance prévoit 100 millions d’euros d’aide aux associations pour faciliter le recours direct à l’approvisionnement local, le développement de services innovants et les réorganisations logistiques nécessaires. Une seconde mesure de 100 millions d’euros doit développer des modes d’hébergement plus adaptés, par la création de cuisines partagées par exemple. Enfin, pour soutenir les étudiants, une tarification à un euro a été instaurée pour les repas des restaurants universitaires.
Pourquoi avez-vous décidé de soutenir SOLAAL ?
Parce que je crois profondément au modèle que porte SOLAAL : celui d’un bon sens solidaire.
SOLAAL a su mettre en place une activité innovante et durable à l’échelle locale, et créer une réelle dynamique de solidarité des producteurs agricoles au bénéfice de personnes en situation de précarité. Ce modèle permet d’augmenter la consommation de fruits et légumes de personnes qui souvent en manquent. Ministre des Solidarités et de la Santé, je ne peux qu’applaudir un modèle qui mobilise la production agricole française au services des personnes précaires et promeut l’équilibre alimentaire, et le soutenir pour qu’il se développe dans les territoires.
Par ailleurs, SOLAAL a été très actif depuis le début de la crise pour proposer des solutions aux difficultés d’approvisionnement rencontrées par les associations. SOLAAL a également contribué à la mise en place d’approvisionnements en denrées de territoires en forte tension comme la Guyane. Aussi, une aide exceptionnelle lui a également été attribuée dans le cadre des plans d’urgence mis en œuvre par le Ministère.
Crédit photo : Ministères sociaux/ DICOM /Nicolo Revelli-Beaumont / Sipa Press