Aller au contenu principal
Par VYV 3 - Publié le 2 décembre 2025 - 15:12 - Mise à jour le 2 décembre 2025 - 15:23
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

Loi Handicap : 20 ans après, l’accessibilité reste un défi majeur pour les déficiences sensorielles

Vingt ans après son adoption, le bilan est contrasté pour la loi Handicap de 2005 et les inégalités persistent pour les personnes atteintes de déficiences sensorielles. Cependant, des solutions et initiatives innovantes existent – du dépistage précoce aux outils numériques – pour accélérer l’accessibilité et l’inclusion.

Une jeune femme, déficiente sensorielle, utilise un téléphone portable.
Une jeune femme, déficiente sensorielle, utilise un téléphone portable.

Une loi fondatrice, des ambitions fortes

Vingt ans après la loi du 11 février 2005, promulguée pour garantir l’égalité des droits et des chances pour les personnes en situation de handicap, le bilan est contrasté. Si des avancées notables ont été réalisées, l’accessibilité universelle est loin d’être atteinte, notamment pour les personnes atteintes de déficiences sensorielles.

Marquant un tournant, cette loi posait trois piliers : accessibilité universelle, droit à compensation et inclusion scolaire et professionnelle. Son objectif : rendre accessibles les établissements recevant du public (ERP), les transports, les services numériques et garantir la scolarisation en milieu ordinaire.

Mais vingt ans plus tard, la réalité est loin des promesses : seuls 43 % des ERP sont conformes aux normes d’accessibilité contre 15 % en 2015, et 90 % des sites internet restent inaccessibles aux personnes déficientes visuelles.

Des chiffres qui interpellent

En France, 1,7 à 2 millions de personnes vivent avec une déficience visuelle, dont 207 000 aveugles et 932 000 malvoyants moyens. Le vieillissement accentue le phénomène : la dégénérescence maculaire (DMLA) et le glaucome touchent massivement les plus de 60 ans, alors que 50 % des seniors ne bénéficient pas d’une prise en charge adaptée.

Les conséquences sociales sont lourdes :

  • 50 % des adultes déficients visuels sont au chômage, soit deux fois plus que la moyenne nationale.
  • 11,4 % des enfants déficients visuels restent sans solution scolaire.
  • Côté culture, seuls 6 % des livres sont adaptés et 4 % des programmes télévisés audiodécrits.

À cela s’ajoute une autre alerte : les troubles auditifs explosent. En 2024, 6,8 millions de Français souffrent de déficience auditive, soit 10 % de la population, et 65 % des plus de 65 ans sont concernés. L’OMS estime que la perte auditive non traitée coûte 1 000 milliards de dollars par an dans le monde.

Chez les personnes âgées, ces déficiences entraînent des risques accrus de chutes, isolement social et maladies neurodégénératives, avec un impact financier majeur pour le système de santé.

Des déficiences de plus en plus précoces

Comme dans de nombreux autres pays, la France devra faire face à une « épidémie de myopie », avec des pathologies de plus en plus précoces, liée par exemple à l’usage intensif des écrans, et à une hausse des troubles auditifs chez les plus jeunes.

Des solutions existent, mais restent sous-déployées

  • Dépistage précoce : détecter l’amblyopie avant 2 ans permet un taux de guérison de 90 %. Pourtant, trop d’enfants ne bénéficient pas encore de ces contrôles, surtout en zones défavorisées.
  • Unités mobiles de soins : ces dispositifs itinérants apportent des réponses concrètes en optique et audition, notamment en zones rurales, mais leur déploiement reste marginal.
  • Accessibilité numérique : malgré le Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA) et l’article 47 de la loi de 2005, seulement 10 % des sites sont pleinement conformes. Or, le numérique est un levier essentiel d’inclusion (éducation, démarches administratives, lien social, commerce, etc.).

Un appel à l’action

Pour respecter la loi de 2005, il est nécessaire d’accélérer la prévention des risques, renforcer les campagnes de dépistage dès la petite enfance, et simplifier l’accès aux aides techniques. L’État doit aussi investir dans l’accessibilité numérique et physique, en mobilisant les fonds existants. Ces efforts ne sont pas un coût, mais un investissement pour l’autonomie, la santé publique et la cohésion sociale. VYV 3, l’Association Valentin Haüy, Ecouter Voir et la Mutualité Française se sont associés pour publier un manifeste portant 18 propositions concrètes afin de mieux identifier, prendre en charge et accompagner les déficiences visuelles.

Des initiatives qui changent la donne

Novavue : des solutions de e-santé testées en conditions réelles

Lancé en septembre 2024, Novavue est le premier Tiers-Lieu d’Expérimentation de solutions numériques innovantes en santé visuelle. Projet co-porté par un consortium fédérant des acteurs de la santé, des professionnels du soin et de l’accompagnement, du médico-social et du handicap, reconnus dans le secteur de la vision, dont VYV 3, il s’adresse aux personnes déficientes visuelles, à leurs aidants et aux professionnels de santé. Cette plateforme permet de tester en vie réelle des dispositifs connectés destinés à améliorer le suivi visuel et auditif, tout en recueillant des données précieuses pour anticiper les besoins des patients. L’objectif est clair : évaluer l’efficacité des technologies avant leur déploiement à grande échelle, afin de garantir des outils réellement adaptés. Cette démarche participative place la technologie au service de l’autonomie et de la qualité de vie, en impliquant les personnes concernées dans la conception des solutions.

L’APSA : un siècle d’engagement et un centre de formation inédit

Depuis 100 ans maintenant, l’APSA (Association pour la Promotion des Personnes Sourdes, Aveugles et Sourdaveugles) s’impose comme un acteur majeur de l’inclusion. Son histoire est marquée par des combats pour la reconnaissance des droits et l’accès à l’éducation et à l’emploi. En janvier 2026, l’association franchira une étape décisive avec l’ouverture d’un centre de formation certifié Qualiopi, entièrement dédié à la transmission des savoirs autour de la déficience sensorielle. Ce centre a pour vocation de former les professionnels, sensibiliser les acteurs sociaux et outiller les aidants afin de mieux comprendre et accompagner les personnes concernées. Plus qu’un lieu d’apprentissage, il se veut un espace de partage et d’engagement, pour faire évoluer les pratiques et changer les regards sur le handicap sensoriel.

L’application Sens : l’autonomie à portée de main

Pensée pour les jeunes de 16 à 25 ans vivant avec une déficience sensorielle, Sens est la première application mobile 100 % accessible et gratuite. Développée par VYV 3 Pays de la Loire, elle propose des ressources adaptées pour faciliter l’autonomie dans des domaines essentiels : santé, logement, citoyenneté, culture et loisirs. L’application offre des contenus interactifs, des conseils pratiques et des outils personnalisés pour accompagner les jeunes dans leur quotidien. Cette innovation est née du terrain, grâce à l’expérience des usagers du Centre Charlotte Blouin et de l’Institut Montéclair, deux établissements pionniers qui ont contribué à identifier les besoins réels des jeunes déficients sensoriels. Sens illustre parfaitement comment le numérique peut devenir un levier d’inclusion.

 

Des établissements VYV 3 spécialisés

Au cœur des Pays de la Loire, le Centre Charlotte Blouin et l’Institut Montéclair incarnent l’engagement concret de VYV 3 pour l’accompagnement des personnes atteintes de déficiences sensorielles. Ces établissements spécialisés ne se contentent pas d’offrir des soins : ils développent des programmes éducatifs, des solutions technologiques et des dispositifs personnalisés pour favoriser l’autonomie et l’inclusion sociale. Au quotidien, ces structures proposent des ateliers de rééducation sensorielle, des formations à l’usage des outils numériques adaptés et un accompagnement global (santé, logement, insertion professionnelle). Leur approche repose sur une conviction forte : l’inclusion passe par l’innovation et la proximité, en plaçant la personne au centre des dispositifs.

Au sein de VYV 3, plusieurs Centres Régionaux Basse Vision (CRBV) existent. Parmi eux, le CRBV porté par VYV 3 Centre-Val de Loire, est un acteur clé dans la prise en charge des personnes atteintes de déficience visuelle. Sa mission : accompagner les patients dans la rééducation visuelle et l’adaptation à la vie quotidienne, grâce à une approche pluridisciplinaire. Le CRBV propose des bilans personnalisés, des séances de rééducation, ainsi que des conseils pour l’utilisation d’aides techniques (loupes électroniques, logiciels adaptés, éclairage optimisé). Au-delà du soin, le centre s’engage à préserver l’autonomie et la qualité de vie, en travaillant sur la mobilité, la lecture, et l’accès à la culture. Il intervient également en prévention, notamment auprès des seniors, pour limiter les conséquences des pathologies liées à l’âge comme la DMLA. Véritable plateforme d’expertise et de proximité, le CRBV illustre la volonté de VYV 3 de rendre l’accessibilité concrète et humaine.

 

Des leviers essentiels pour une société plus inclusive

Les initiatives portées par VYV 3 illustrent concrètement comment l’innovation et la coopération peuvent transformer le quotidien des personnes atteintes de déficiences sensorielles. Elles ne se limitent pas à compenser un handicap : elles contribuent à changer les pratiques, sensibiliser les acteurs et déconstruire les stéréotypes qui entourent la surdité et la cécité.

En favorisant l’autonomie et en rendant la santé accessible, ces projets participent à déstigmatiser le handicap sensoriel et à bâtir une société où l’inclusion n’est plus une option, mais une réalité. L’enjeu est collectif : accélérer ces démarches, c’est investir dans l’égalité des droits et des chances pour tous.

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer