Derrière la crise sanitaire, l'insécurité alimentaire
La crise sanitaire mondiale que nous rencontrons est inédite et elle vient s’ajouter aux nombreuses crises que nous côtoyons toute l’année dans nos missions humanitaires. Les populations les plus vulnérables, les plus pauvres sont encore plus touchées par cette crise. Quel sens peut avoir le respect des mesures d’hygiène quand vous n’avez pas accès à l’eau, ni à du savon ou du gel désinfectant ? Comment mettre en place la distanciation sociale dans des camps ou bidonvilles surpeuplés ? Comment accepter le confinement quand celui-ci vous renvoie à une mort certaine, sans ressources pour vous alimenter ainsi que votre famille ?
Quels sont les impacts du Covid-19 sur les activités d’Action contre la Faim ?
L'épidémie de Covid-19 ne connaît pas de frontières et dans les pays où Action contre la Faim intervient, elle touche des populations déjà en difficulté. Dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire, 38 % de la population n’a pas accès à un niveau d’eau rudimentaire, 19 % n’a pas d’installations sanitaires et 35 % n’a pas d’eau ni de savon pour se laver les mains.
Si l’épidémie continue de se généraliser, l’impact sur les moyens de subsistance et les ressources alimentaires dans des pays et des zones déjà fragilisées pourrait être également dévastateur. Les mesures d’endiguement nécessaires de l’épidémie prises par les autorités peuvent avoir des effets pervers qui déstabilisent des systèmes économiques et alimentaires locaux déjà fragiles dans des pays où l’activité informelle est particulièrement importante.
« Aujourd’hui, les populations vulnérables de ces pays risquent de subir une double peine. C’est exactement ce que nous cherchons à éviter en soutenant les pays dans lesquels nous intervenons dans le renforcement et la consolidation globale de leur plan de réponse nationale. Ces derniers doivent intégrer des aspects préventifs, des mesures de renforcement des systèmes de santé ainsi que des mesures garantissant l’accès aux moyens de subsistance » conclut Jean-François Riffaud, Directeur Général d’Action contre la Faim.
Une crise alimentaire en perspective :
D’après la CEDEAO, avec l’impact du COVID 19, le nombre de personnes en crise alimentaire et nutritionnelle en Afrique de l’ouest pourrait passer de 17 à 50 millions entre juin et août 2020.
Les agriculteurs, éleveurs, pêcheurs et transformateurs peinent à poursuivre leurs activités et voient leurs moyens d’existences menacés. Des mesures doivent être prises pour protéger les plus vulnérables et assurer la sécurité alimentaire, pour que la faim et la malnutrition ne soient plus un danger quotidien.
Dans les villes comme dans les zones rurales de la région, malgré les efforts des États, les populations sont aujourd’hui confrontées à des difficultés d’accès aux marchés alimentaires, à un début de hausse des prix, à une baisse de la disponibilité de certaines denrées de base, conséquences des mesures restrictives mises en place, confinement ou couvre-feu, la fermeture des frontières et insécurité dans certaines zones.
Quelles sont les actions mises en places par ACF sur le terrain ?
En plus du maintien des mesures de protection de nos équipes afin d’éviter leur exposition au virus ou la transmission à des communautés saines, depuis le début de la crise les équipes œuvrent sans relâche pour maintenir les programmes déjà en place mais aussi pour mettre en place des réponses adaptées à la crise Covid-19.
Et parce que les risques et les conséquences sont nombreux, notre réponse est multisectorielle.
En France, nous intervenons en Île-de-France, à Marseille et à Bordeaux auprès d’autres acteurs associatifs :
En prévention de l’épidémie ainsi qu’en couverture des besoins de base des populations les plus précaires.
Nos interventions s’articulent autour d’actions dans le secteur de l’eau, assainissement et hygiène avec la distribution de kits d’hygiène, des sensibilisations et des évaluations de besoins réalisés dans les squats et bidonvilles.
Nous appuyons la coordination des acteurs en santé mentale et soutien psychosocial via l’organisation de réunions hebdomadaires et la mise en place de procédures de référencement et d’orientation des personnes qui en ont besoin.
Nous réalisons en parallèle une cartographie des acteurs et des besoins des différents territoires concernés qui servira notamment de base de plaidoyer pour permettre la réponse aux besoins non couverts. Nous soutenons également un dispositif d’aide alimentaire mobile monté par l’Armée du Salut.
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A l’international,
Nous apportons notre soutien aux ministères de la santé des pays dans lesquels nous intervenons notamment via des actions spécifiques de support aux systèmes de santé locaux, sans prendre en charge médicalement de cas. Notre priorité est l’identification et le référencement des personnes contaminées vers les centres de santé, la mise en œuvre renforcée des actions d’hygiène pour accompagner les changements comportementaux, le déploiement, quand cela est possible, d’activités de soutien et d’engagement communautaires (accompagnement en santé mentale notamment). Nous apporterons dans toutes nos actions une attention particulière à la protection des filles et des femmes.
Nous renforçons par ailleurs nos actions dans le domaine de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène en sensibilisant les personnes vulnérables aux bonnes pratiques d’hygiène et en distribuant des kits composés de produits d’hygiène de première nécessité. C’est notamment le cas dans le camp de réfugiés d’Azraq en Jordanie. Des points d’eau destinés au lavage des mains sont aussi installés au Bangladesh, à Madagascar ou au Tchad. Un renforcement de l’approvisionnement en eau potable peut aussi être assuré si nécessaire, comme c’est le cas en République Démocratique du Congo.
Des activités supplémentaires en nutrition et sécurité alimentaire sont mises en place. Des distributions alimentaires sont par exemple assurées en porte-à-porte auprès des populations les plus vulnérables du camp de réfugiés de Cox’s Bazar au Bangladesh. La crise sanitaire actuelle et les mesures mises en place pour lutter, à juste titre, contre le covid-19 risquent en effet d’engendrer une crise alimentaire dans certains pays. C’est notamment ce que craint Jennifer Ankrom, Directrice Pays d’Action contre la Faim au Pakistan.
Enfin nos activités en santé mentale se poursuivent. En Irak, les appels téléphoniques de sensibilisations qui ont lieu à Sinuni, Dohuk et Mossoul permettent aussi l’apport d’un soutien psychosocial.
Découvrir nos programmes à l'international
Quels sont les besoins ?
Il s’agit :
- D’équiper les équipes sur le terrain de matériels de protection : masques, lunettes de protection, gel hydro alcoolique, gants, thermomètres…
- De renforcer nos programmes et actions en eau, assainissement, hygiène, santé, sécurité alimentaire, soutien psychosocial
Besoins spécifiques en France :
- Besoins logistiques : espaces de stockage, moyens de transports…
- Produits d’hygiène pour les différents kits que nous distribuons :
- « kits hygiène individuels » (besoin estimé à 5 000 kits par mois) : savon, shampooing, brosses à dent, dentifrices, rasoir, serviettes hygiéniques, gel hydroalcoolique…
- « kits hygiène ménages » (besoin estimé à 1 000 kits par mois) à destination des familles et composés, en plus des éléments ci-dessus, de thermomètres, jerricans, seaux ou encore de lessive.
- « kits Baby-WASH » (besoin estimé à 1 000 kits par mois) à destination des parents composés de biberons, couches, savon, shampooing, tapis/aire de jeu…
Comment les entreprises peuvent nous soutenir ?
Chaque entreprise peut, à son échelle, soutenir nos actions via du mécénat financier, dons en nature ou mise à disposition d’expertises. Elles peuvent aussi mobiliser leurs différentes parties prenantes à nos côtés (collaborateurs / clients / partenaires…).
Pour mobiliser ses collaborateurs, les entreprises peuvent s’appuyer sur deux nouveaux modes d’engagement à nos côtés :
- #ConnectéscontrelaFaim, notre premier Challenge sportif connecté
Entre défi sportif et jeu de rôle, Action contre la Faim proposera aux collaborateur.rices d’entreprises de s’inscrire à un Challenge connecté et solidaire, et de se fondre dans la peau d’un.e humanitaire spécialiste des questions d’accès à l’eau. À partir du 8 juin, les participant.es auront un mois pour se rendre virtuellement dans 3 pays : en Jordanie, en République Centrafricaine et à Madagascar, pour réaliser des défis seul.es ou en équipe. Les dons collectés et sponsorisés par les entreprises grâce à ces défis permettront le financement de programmes d’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement.
- Une cagnotte d’urgence Covid-19 sur la plateforme Commeon
La plateforme de crowdfunding Commeon permet aux entreprises de mobiliser leurs collaborateurs au travers d’une cagnotte d’urgence Covid19, page de collecte spécialement dédiée à la réponse à la crise. Les entreprises sont appelées, si elles souhaitent s’engager aux côtés d’Action contre la Faim, à abonder les dons des collaborateurs : pour 1€ donné à Action contre la Faim, l’entreprise reverse le même montant.
Plus d’informations : Les entreprises et fondations mobilisées contre le Covid-19
Vous souhaitez mettre en place un projet spécifique à nos côtés ? Contactez-nous.
Secteur agroalimentaire : Sarah Gautschoux – sgautschoux@actioncontrelafaim.org – 01 70 84 72 34
Secteur sport : Cathy Gabrielczyk – cgabrielczyk@actioncontrelafaim.org – 01 70 84 71 03
Finance solidaire (banques, assurances, asset management) et innovation : Gaëlle Devoucoux – gdevoucoux@actioncontrelafaim.org – 01 70 84 71 11
Autres secteurs : Marie-Laure Oger – moger@actioncontrelafaim.org – 01 70 84 72 33
Accompagnement TPE/PME : Aurélie Lachenaud – alachenaud@actioncontrelafaim.org – 01 70 84 71 18