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Par Carenews INFO - Publié le 21 juin 2023 - 16:48 - Mise à jour le 13 novembre 2023 - 10:12 - Ecrit par : Célia Szymczak
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4 questions sur ce qui se passe avec les Soulèvements de la Terre

Le gouvernement a annoncé mercredi 21 juin la dissolution du collectif les Soulèvements de la Terre. Quatre questions pour mieux comprendre les enjeux.

Les Soulèvements de la Terre défendent un retour à l'agriculture paysanne. Crédits : iStock.
Les Soulèvements de la Terre défendent un retour à l'agriculture paysanne. Crédits : iStock.

 

La dissolution des Soulèvements de la Terre (SLT) a été prononcée ce mercredi 21 juin en Conseil des ministres. Mais qu’est-ce que ce mouvement ? Pourquoi la dissolution a été annoncée en mars et n’est prononcée que maintenant ? Quelles sont les réactions des associations ? 

 

Qu’est-ce que les Soulèvements de la Terre ?

Ce mouvement est né en 2021 dans la zone à défendre (ZAD) créée contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il se définit comme un « réseau de luttes locales » qui vise à impulser « un mouvement de résistance et de redistribution foncière à plus large échelle », contre l’agro-industrie, l’accaparement des terres agricoles et l’artificialisation des sols. Certains militants sont par exemple réunis contre la création d’une retenue d’eau destinée à créer de la neige artificielle à La Clusaz, d’autres contre l’extension de carrières de sable par Lafarge et GSM en Loire-Atlantique ou contre les projets de « mégabassines » sur le territoire. 

Le mouvement est composé de près de 120 000 signataires, citoyens, personnalités, « paysans » et collectifs. Parmi eux  : l’association les Amis de la Terre France, le mouvement de jeunes Youth For Climate France, les historiens Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz ou l’écrivain Baptiste Morizot. 

Comme modes d’action, les militants revendiquent le blocage des industries « polluantes (..) par tous les moyens », l’occupation de terres contre l’artificialisation par « installation paysanne » ou « rachat commun » et l'exercice d’une « pression » sur « les institutions en charge de l’attribution et de la destination des terres ». Les actions revendiquées relèvent parfois de la désobéissance civile : le 11 juin dernier, des militants ont par exemple arraché les plants de muguet d’une serre expérimentale, relate Le Monde

 

Pourquoi le gouvernement veut-il dissoudre le mouvement ?

À la suite d’une manifestation non autorisée contre les « mégabassines » à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le 25 mars dernier, le gouvernement a annoncé vouloir dissoudre le mouvement. Ces mobilisations violentes avaient donné lieu à des blessés parmi les manifestants et policiers. 

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a rendu public le 21 juin le décret de dissolution des Soulèvements de la Terre sur le réseau social Twitter. Celui-ci accuse le « groupement » d’inciter « à la commission de sabotages et dégradations matérielles, y compris par la violence », « sous couvert de défendre la préservation de l'environnement. »

À Sainte-Soline, le gouvernement reproche notamment aux Soulèvements de la Terre d’avoir diffusé une vidéo fournissant « un “tutoriel” permettant d’opérer le “démantèlement sauvage” d’une bassine (...),  publié la carte des principaux acteurs des mégabassines (...) », causant des dégradations « pour un préjudice évalué à plusieurs milliers d’euros ». Pour annoncer la manifestation des 25 et 26 mars à Sainte-Soline, le mouvement à diffusé des « images de violences et de dégradations (...) valorisées et encouragées auprès des militants ». 

À l’issue du Conseil des ministres le 21 juin, le  porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a estimé que « ce n’est pas la liberté d’expression ni la liberté de manifestation qui est en question, ce n’est pas davantage des idées qui sont sanctionnées, c’est le recours répété à la violence, contre des biens, contre des personnes. » 

 

Quelles questions posent cette dissolution ?

D’abord, le mouvement se définit comme un collectif « multiple et vivant ». Il n’a pas d’existence juridique. Par essence, il ne pourrait pas être dissous. Il s’est déclaré sur Twitter « collectivement inarrêtable », « visé par le pouvoir, mais ancré dans les territoires, présent dans les lieux de travail et d’études, les grandes et arrières-salles jusqu’au sein même des administrations ». Le « gouvernement prétendait nous faire disparaître, en réalité nous serons chaque jour de plus en plus visibles », considèrent les militants. Ils appellent les citoyens à rejoindre des collectifs locaux participants. 

Pour les avocats Raphaël Kempf et Aïnoha Pascual, cette dissolution n’est pas juridiquement solide.  Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur et publiée par Le Monde, ils précisent  qu’aucune personne se revendiquant du mouvement n'a fait l’objet de poursuites ou de condamnations. Cela signifie « qu’aucune des infractions pénales visées n’a été commise, alors même que celles-ci sont exposées comme motif de dissolution. » 

 

Quelles sont les réactions du monde politique et associatif ? 

Sur Twitter, les associations condamnent la décision du gouvernement. Amnesty International France considère que cette dissolution n’est « pas conforme au droit international » et porte « un nouveau coup » à la liberté d’association. La Ligue des droits de l’Homme dénonce une « remise en cause des libertés d’association, de manifestation, d’expression ainsi que des droits à la défense. » Le collectif étudiant Pour un réveil écologique, la Confédération Paysanne ou Greenpeace soutiennent également les Soulèvements. 

Du côté politique, la secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts Marine Tondelier a estimé avoir « beaucoup de raisons de penser que cela (...) s’inscrit dans un mouvement plus large de criminalisation des écologistes. » La France insoumise appelle à participer aux rassemblements de soutien au mouvement. 

 

 

Célia Szymczak 

 

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