6 millions d’enfants menacés de déscolarisation, alerte l’Unicef
Dans une analyse publiée le 3 septembre, l'agence onusienne tire la sonnette d’alarme concernant les risques pesant sur le secteur de l’éducation. En cause, une baisse programmée de 3,2 milliards de dollars dans l’aide publique au développement d’ici à l’année prochaine.

6 millions. C’est le nombre d’enfants risquant d’être privés de scolarité d’ici la fin de l’année 2026, alerte l’Unicef dans un rapport publié le 3 septembre. La raison ? Des coupes budgétaires programmées de l’aide publique au développement (APD) dans plusieurs pays développés. Cette analyse fait suite à une nouvelle demande de Donald Trump de réduire l’aide américaine de 4,9 milliards de dollars. Sur cette somme, 3,2 milliards de dollars concernent directement l’Usaid et ont des conséquences importantes sur le champ éducatif, largement financé par le dispositif. Parallèlement, la France et l’Allemagne ont elles aussi prévu de réduire leur financement de l’aide au développement.
Au total, l’Unicef estime que l’aide publique au développement destinée à l’éducation devrait se réduire de 3,2 milliards de dollars d’ici à l’année prochaine, soit une baisse de 24 % depuis 2023.
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Si ces annonces deviennent réalité, 6 millions d’enfants supplémentaires risquent d’être privés d’école d’ici fin 2026, selon l’Unicef, soit 278 millions d’enfants dans le monde. Une telle augmentation, équivaudrait à « vider toutes les écoles primaires d’Allemagne et d’Italie », signale l’agence onusienne à titre comparatif. En outre, l’Unicef estime que 290 millions d’élèves pourraient subir une baisse de la qualité de l’enseignement. L’éducation des filles se verrait aussi lourdement impactée.
28 pays particulièrement vulnérables en matière éducative
« Au-delà des questions budgétaires, chaque dollar en moins alloué à l’éducation a des répercussions sur l’avenir des enfants », a déploré Catherine Russe, directrice générale de l’Unicef. « L’éducation [...] constitue le meilleur moyen pour eux d’échapper à la pauvreté et de s’assurer une vie meilleure. »
Dans cette optique, la note du 3 septembre désigne l’Afrique centrale et de l’ouest comme « la région la plus menacée » avec 1,9 million d’enfants risquant d’être privés d’école. Autres régions en grandes difficultés : le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord avec « 1,4 million d’enfants supplémentaires qui pourraient être déscolarisés. »
En tout, 28 pays verraient leur aide en faveur de l’éducation diminuer d’au moins un quart. Parmi eux, figurent la Côte d’Ivoire et le Mali faisant « partie des plus à risque », avec une baisse de leurs effectifs pouvant atteindre 4 %, soit 340 000 élèves pour la première et 180 000 pour le second.
L’éducation : un « facteur de stabilité » non négligeable pour les enfants
L’Unicef alerte notamment sur l’enseignement primaire dont un tiers des financements sont amenés à disparaître. L’agence, qui intervient dans plus de 190 pays et territoires, avance qu’une telle crise de l’apprentissage pourrait exposer les enfants à une perte de revenus tout au long de la vie évaluée à 164 milliards de dollars.
De plus, l’agence intergouvernementale aborde la question des pays en crise humanitaire où les conséquences pourraient être plus marquées pour les populations. Dans des zones comme Haïti, la Somalie ou les territoires palestiniens occupés, l’éducation « permet aussi aux enfants traumatisés de bénéficier d’un soutien vital, d’une certaine stabilité et d’un sentiment de normalité », décrypte l’organisation. Aussi, pour certaines de ces régions, ces coupes équivaudraient à 10 % du budget national alloué à la branche de l’éducation.
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Le rapport évoque notamment la crise des réfugiés rohingya en notant que 350 000 enfants risquent de ne plus avoir accès aux services d’éducation de base et cela de « manière définitive ». Exploitation, travail forcé, traite d’êtres humains : autant de menaces qui pèsent sur des enfants déjà vulnérables si la situation n’évoluait pas positivement, souligne l’Unicef.
Par ailleurs, l’agence rappelle que les programmes d’alimentation scolaire constituent pour certains élèves « leur seul repas nutritif de la journée » et que l’éducation « est bien souvent la bouée de sauvetage grâce à laquelle les enfants ont accès à divers services essentiels », fait valoir Catherine Russe.
Léanna Voegeli