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Par Carenews INFO - Publié le 8 février 2024 - 12:50 - Mise à jour le 13 février 2024 - 17:26 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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À l’AG du futur, une pièce de théâtre interactive autour de l’entreprise de la post-croissance

Connaissez-vous la théorie du donut ? Le principe d’une fondation actionnaire ? Ou encore le fonctionnement du marketing post-croissance ? À l’« Assemblée générale du futur », une conférence-spectacle organisée par le cabinet Prophil et présentée mardi 6 février au Théâtre des Variétés, à Paris, ces thèmes de l’économie post-croissance sont incarnés dans une entreprise fictive nommée Mirliton et présentés aux spectateurs qui endossent pour un soir le rôle de ses actionnaires. Reportage.

L'« AG du futur » est organisée par le cabinet de conseil et de recherche en stratégie Prophil. Crédit : Elisabeth Crépin-Leblond
L'« AG du futur » est organisée par le cabinet de conseil et de recherche en stratégie Prophil. Crédit : Elisabeth Crépin-Leblond

 

La salle est comble ce mardi 6 février au Théâtre des Variétés à Paris pour la seconde représentation de « l’AG du futur » organisée par le cabinet de conseil Prophil. Cinq ans après la première édition, la conférence-spectacle fait revenir les membres de l’entreprise fictive Mirliton, spécialisée dans la confection de petits pots pour bébés et la soupe de légumes, pour questionner sur le futur de l’entreprise à l’heure de la post-croissance. 

En 2019, Mirliton est devenue entreprise à mission. Ce soir, sa présidente, incarnée par la cofondatrice de Prophil Geneviève Ferone-Creuzet, annonce à ses enfants sa volonté de léguer 47 % des actions de l’entreprise familiale à une fondation actionnaire « à double mission philanthropique et écologique » nommée Terre fertile. Le processus requiert en France l’accord des enfants, héritiers présupposés des parts. De plus, quatre résolutions visant à entériner le changement de modèle de Mirliton sont présentées aux votes des spectateurs-actionnaires d’un soir.

Pendant deux heures, dirigeants de la société et invités spéciaux enchaînent les monologues avec un seul but : convaincre le public d’adopter à la fin de la représentation les quatre résolutions présentée par Anne-Lise Bance, experte démocratie chez Prophil dans la vraie vie et secrétaire générale de Mirliton sur les planches. 

 

Nicolas Hennon, Directeur général de Kiabi, incarnait le Directeur général de Mirliton. Crédits : Elisabeth Crépin-Leblond
Nicolas Hennon, Directeur général de Kiabi, incarnait le Directeur général de Mirliton. Crédit : Elisabeth Crépin-Leblond

 

Un nouveau modèle entrepreneurial pour concilier enjeux sociaux et environnementaux 

Malgré l’absence de dividendes prévue durant cinq ans, les actionnaires se voient priés de valider une « bascule du modèle de la société », sans engagement de marge ni de croissance, mais orienté en faveur des agriculteurs et de la biodiversité. Pour récolter l’avis du public, chaque spectateur a reçu à l’entrée de la salle un boîtier avec lequel il choisira à l’issue de la représentation d’adopter une à une les résolutions, de les rejeter ou de s’abstenir. 

Du journaliste aux Échos Jean-Marc Vittori au philosophe Gaspard Koenig en passant par la scientifique membre du Giec Yamina Saheb, la juriste cofondatrice de Wild Legal Marine Calmet ou encore le navigateur Roland Jourdain, Prophil a recruté pour son « Assemblée générale du futur » des intervenants aussi engagés qu’hétéroclites chargés de défendre avec le rire, la technique ou l’émotion, la nécessité d’intégrer un droit à protéger la nature dans la vie des entreprises.

Le spectacle tisse sa ligne directrice autour de « la théorie du donut », requalifié chez Mirliton, entreprise bretonne, en « stratégie bignez ». Élaborée par l’économiste Kate Raworth, la théorie du donut définit « un espace sûr pour l’humanité » compris entre le plancher des besoins sociaux et le plafond des ressources environnementales. 

Après une salve de questions finales, spontanées ou planifiées par les organisateurs, les quatres résolutions présentées : « validation d'un plan stratégique pour la transition agroécologique pour des sols vivants et des coopérations fertiles », « renforcement des salariés au capital de Mirliton et ouverture aux producteurs agricoles et clients », « nomination d’une représentante des droits de la nature (Nb :Marine Calmet) et d’une représentante des générations futures (Nb : Yamina Saheb) au sein du conseil d'administration » et enfin « adoption d’un nouveau référentiel comptable fondé sur le respect des limites planétaires et les fondamentaux sociaux », sont toutes validées par un public convaincu à plus de 90 %.

 

La seconde édition de l'« AG du futur » a eu lieu au théâtre des variétés. Crédit : Elisabeth Crépin-Leblond
La deuxième édition de l'« AG du futur » a eu lieu mardi 6 février au théâtre des Variétés. Crédits : Elisabeth Crépin-Leblond  Crédits : Elisabeth Crépin-Leblond

 

La fondation actionnaire, un exemple porté par les sponsors 

« Le but est de donner à réfléchir et de faire participer la population des actionnaires, souvent peu mobilisée », explique Geneviève Ferone-Creuzet. Prophil, dont elle est la cofondatrice, milite depuis plusieurs années pour faire connaître le modèle de la fondation actionnaire. 

Présente au capital d’une dizaine d'entreprises en France, la fondation actionnaire a un double rôle philanthropique et économique. Elle détient tout ou partie des parts d’une entreprise, soutient des projets d’intérêt général et participe en fonction de son droit de vote aux décisions de la société. En tant que fondation, elle ne peut être ni vendue ni cédée. 

« Ce modèle existe beaucoup en Europe du Nord », rapporte Geneviève Ferone Creuzet. Il avait été notamment mis en lumière lorsque le fondateur de l’entreprise californienne Patagonia avait décidé de transférer 100 % des parts de la société à un fond de dotation et à une organisation à but non lucratif dédiés à la lutte contre la crise environnementale et à la protection de la nature. Pour porter le modèle en France, Prophil a créé la communauté « De Facto » rassemblant des dirigeants de fondations actionnaires du pays. 

Ce soir, l’unique représentation du spectacle est d’ailleurs sponsorisée par KPMG, le centre purpose d’HEC, le magazine Usbek et Rica ainsi que les entreprises SeaBird Impact, Archimbaud, Cetih, Bureau Vallée et KS groupe. Ces cinq dernières sociétés, membres de « De Facto », ont toutes adopté le modèle de la fondation actionnaire choisi par la présidente de Mirliton.

 

Elisabeth Crépin-Leblond 

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