Avi 26 veut innover pour améliorer le secteur de l’aide à domicile
Spécialisée dans l’assistance de vie à domicile, l’association Avi 26 a mis en place plusieurs mesures pour améliorer les conditions de ses salariés comme de ses usagers et développer des habitudes plus respectueuses de l’environnement. Retour sur quelques pratiques mises en place.
« Nous essayons d’être proactifs et imaginatifs. Si tout allait bien, nous ne serions sûrement pas allés aussi loin dans la réflexion », raconte Benjamin Collot, directeur général de l’association Assistance de vie sans interruption (Avi) 26.
L’association, qui compte 300 salariés, intervient auprès de 2 000 personnes fragiles par an dans le département de la Drôme et leur propose différentes activités de soutien, comme l’entretien du logement, l’aide aux courses, à la toilette ou encore à l’habillage.
Actuellement, Avi 26 doit faire face à un défi important : celui de sa restructuration pour passer de l’aide à l’autonomie à domicile. « Nos usagers sont dans des situations de plus en plus complexes », explique le directeur général. Pour faire face aux évolutions et répondre aux difficultés de recrutement propres au secteur de l’aide à domicile, l’association a mis en place plusieurs pratiques.
Une expérimentation de la semaine de quatre jours
Avi 26 a notamment mis en en place des groupes de travail avec tous ses salariés pour réfléchir à l’amélioration de leurs conditions de travail. Parmi les évolutions envisagées, celle prévue pour le premier semestre 2025 de permettre aux salariés ayant des contraintes de plus de trente heures de concentrer leur travail sur quatre jours de la semaine, avec des jours de repos rotatifs.
« Nous essayons de travailler là-dessus pour diminuer la pénibilité du métier », explique Benjamin Collot. La semaine de quatre jours vise également à améliorer l’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle des salariés et réduire le taux de turn-over élevé dans le secteur de l’aide à domicile.
« Depuis 2017, il y a une crise du recrutement avec un taux d’absentéisme à 20 % et un taux de maladies à 15 %. Cela génère une qualité de service moindre », ajoute le directeur général de l’association. Depuis six ans, Avi 26 est également passée à un week-end de travail sur quatre, au lieu de deux auparavant.
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Créer du lien entre les salariés pour un management « plus horizontal »
Pour mettre en place ces changements, l’association a dû replanifier l’organisation de ses activités en proposant aux auxiliaires de vie diplômées de diversifier leurs tâches exercées. Des équipes semi-autonomes de six à huit personnes ont également été instituées depuis trois ans.
« La méthode vient des Pays-Bas », rapporte Benjamin Collot. Elle consiste à proposer aux aides à domicile, dont le métier est généralement exercé en solitaire, de se retrouver en petit groupe tous les quinze jours pour une heure d’échange sur les problématiques rencontrées par chacune. « Le but est de pratiquer un management plus horizontal que vertical et de laisser les salariés maîtres de leur travail », met en avant le directeur.
Les remplacements sont ainsi gérés au sein des équipes semi-autonomes. Les salariées y partagent également certains dossiers en commun, réalisent des évaluations à domicile et présentent les cas aux autres équipes. Au sein des groupes semi-autonomes, des plans personnalisés sont également rédigés par les salariées avant d’être intégrés aux projets de l’association.
« Cela permet de redonner du sens au métier et de rendre les aides à domicile maîtresses de leur planning », soutient le directeur général. La mesure a reçu en grande majorité un accueil positif, assure-t-il, malgré le défi de devoir apprendre à travailler et à trouver des solutions ensemble ainsi qu’à animer une équipe de manière tournante.
Un engagement écologique récent
D’un point environnemental, l’engagement de l’association est « assez récent », confie Benjamin Collot, qui dit vouloir enclencher une démarche RSE. Le premier défi auquel est confronté Avi 26 réside dans les déplacements vers les domiciles des usagers, éparpillés dans le département.
« Notre première étape est que nous privilégions la location de véhicules auprès d’une Scop à des indemnités kilométriques, ce qui permet d’avoir des véhicules plus récents qui polluent moins », explique le directeur général. Une formation à l’écoconduite est également prévue pour l’année prochaine.
L’association s’est également tournée vers un fournisseur d’électricité verte et privilégie des fournisseurs en circuits courts. Pour son agence située à Valence, Avi 26 a acheté trois vélos électriques à destination des salariés qui le souhaitent.
La réflexion écologique de l’association « est venue un petit peu par hasard », raconte le directeur général. Dans les éléments qui ont provoqué cette mise en route, il cite l’obligation de compostage des entreprises depuis le 1er janvier, couplée à la sensibilité de certaines personnes de l’équipe. « Nous avons pris le train en route », analyse-t-il.
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Réunir les bénéficiaires pour « recueillir les signaux faibles »
L’engagement de l’association est également tourné vers les usagers de ses services.
« La relation avec les bénéficiaires est la grande question du moment », souligne Benjamin Collot. « Historiquement, Avi 26 a été créée sur un modèle de non-lucrativité, autour de valeurs d’aide à tous, sans distinction de bourses », ajoute-t-il. L’association a mis en place un dispositif d’accompagnement basé sur une ligne d’appels destinée aux bénéficiaires et des visites d’évaluation régulières.
En plus de l’assistance à domicile, l’association organise des ateliers collectifs pour permettre aux usagers de se rencontrer, de faire des activités ensemble et de s’exprimer. Au programme, sport adapté, boules lyonnaises ou encore atelier de prévention des risques.
Les « cafés-rencontres », organisés tous les deux mois par chacune des quatre agences du département, visent également à réunir usagers, bénévoles et salariés de l’association. « Cela permet aussi de recueillir les signaux faibles », souligne le directeur général.
Pour lutter contre la maltraitance enfin, l’association travaille régulièrement avec le service dédié à la protection des adultes vulnérables du département et s’apprête à lancer des sessions de sensibilisation, en plus des formations régulières. Un service spécifique sur l’habitat intergénérationnel est en prévision de création.
Élisabeth Crépin-Leblond
Cet article a été réalisé dans le cadre de la publication du Baromètre de l’engagement par l’Union des employeurs de l’ESS (Udes).