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Par Carenews INFO - Publié le 14 octobre 2024 - 18:33 - Mise à jour le 21 octobre 2024 - 14:06 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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Enercoop Languedoc-Roussillon, une coopérative « engagée pour le vivant »

Entre gouvernance partagée, engagement environnemental et relation de confiance avec les salariés, Enercoop Languedoc-Roussillon, l’une des 11 coopératives du réseau Enercoop, mène une politique volontariste de responsabilité sociétale et environnementale. Retour sur quelques pratiques mises en place par la coopérative.

L'équipe de la coopérative Enercoop Languedoc-Roussillon comporte vingt salariés, d'une moyenne d'âge de 32 ans. Crédit : Enercoop Languedoc-Roussillon.
L'équipe de la coopérative Enercoop Languedoc-Roussillon comporte vingt salariés, d'une moyenne d'âge de 32 ans. Crédit : Enercoop Languedoc-Roussillon.

 

Chez Enercoop, « nous sommes déjà engagés par nature mais depuis quelques années nous cherchons à structurer cet engagement en passant de pratiques informelles à des garanties écrites », résume Simon Cossus Bay, directeur général de la coopérative Enercoop de la région Languedoc-Roussillon. Il s'agit de l‘une des 11 coopératives membres du réseau Enercoop, spécialisé dans la fourniture et la production d’électricité d’origine renouvelable. « Par exemple, le télétravail a toujours été autorisé, mais aujourd’hui nous sommes en train de le formaliser dans un accord d’entreprise », détaille Simon Cossus Bay. 

 

« Impliquer les personnes concernées » par la gouvernance partagée 

  

L’une des particularités d’Enercoop réside dans son modèle de gouvernance partagée, constitutif de son statut de société coopérative d’intérêt collectif (Scic). Dans une Scic, ce sont les sociétaires de la coopérative qui prennent les décisions stratégiques en assemblée générale, selon le principe « une personne = une voix ». Les sociétaires sont répartis à Enercoop en au moins cinq collèges : les consommateurs, les producteurs, les collectivités, les salariés et les partenaires.

Au quotidien, la prise de décisions se fait « non pas en impliquant tout le monde à chaque fois, mais avec les personnes concernées et celles qui peuvent avoir une contribution positive », explique le directeur général de la coopérative du Languedoc Roussillon. En plus de permettre des prises de décision démocratiques, la démarche vise à favoriser une transparence de décision au sein de l’entreprise et la possibilité que chacune des coopératives fasse des choix différents de ceux des autres si cela leur semble plus pertinent. 

En Languedoc-Roussillon, il a ainsi été décidé collectivement par les vingt salariés de la coopérative que la grille des salaires soit adaptée aux rémunérations pratiquées dans le secteur de l’énergie. Un choix qui diffère de celui de la coopérative Enercoop de Normandie, qui a préféré opter pour un salaire unique. « Cela répond à nos besoins de recrutement et vise à éviter une posture trop sacrificielle des salariés », argumente Simon Cossus Bay, pour qui la notion de rémunération suffisante répond également à un besoin social et économique. 

La gouvernance partagée renforce l’engagement des salariés et permet une meilleure acceptabilité des décisions, qui sont ensuite portées par l’équipe, met en avant Simon Cossus Baye. « On y gagne sur le sujet du turn-over. Nous savons que certaines personnes vont rester plus longtemps », défend-il.  

En revanche, le processus demande du temps, ce qui induit une certaine baisse de la productivité et comporte un risque de sur-implication des salariés. Ceux-ci peuvent décider de participer à toutes les décisions qu’ils souhaitent. « Chez nous, cela ne marche pas trop mal », tempère le directeur général.  

 


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Indemnité kilométrique, Linux et monnaie locale 

  

Au quotidien, Enercoop Languedoc-Roussillon essaie également de poser des choix en cohérence avec son engagement environnemental. L’entreprise a notamment adopté l’indemnité kilométrique vélo, qui permet de rembourser les salariés utilisant un vélo pour réaliser tout ou partie de leur trajet domicile-travail, à hauteur de 0,25 euro par kilomètre, avec un montant maximum de 500 € par an et par salarié en ce qui concerne le secteur privé. Pour les déplacements professionnels en zone rurale, la coopérative s’est abonnée à un système d’autopartage.  

Par ailleurs, « dans notre plan stratégique, il est inscrit noir sur blanc de privilégier systématiquement les fournisseurs responsables », complète Simon Cossus Bay. Ainsi, du côté du numérique, Enercoop Languedoc-Roussillon privilégie en grande majorité le système d’exploitation open source Linux et a opté pour des forfaits téléphoniques auprès de l’opérateur coopératif TeleCoop couplés à des téléphones loués pour une longue durée auprès de la Scic Commown. Des choix « qui nécessitent toujours de faire de la pédagogie », appuie Simon Cossus Bay tout en reconnaissant « avoir la chance d’avoir des salariés très militants ». 

 


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Ces derniers peuvent en outre demander à percevoir une partie de leur salaire en « graine », la monnaie locale de Montpellier et de l’Hérault. « Au début, il y avait un grand scepticisme du fait qu’elle ne pouvait être utiliser que dans certains commerces », confie le directeur général. « Mais cela a changé, car les salariés se sont rendu compte que la monnaie locale contribuait à la santé économique de notre territoire ».  

Pour Simon Cossus Bay, ces choix militants au sein de l’entreprise sont plus faciles à poser grâce à la gouvernance partagée. « Il y a des sujets où la décision est évidente. D’autres qui demande un schéma un plus lent », rapporte-t-il. 

 


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Une démarche RSE ?  

 

En ce qui concerne l'égalité femmes-hommes, l’égalité de salaire est assurée grâce à la grille adoptée par les salariés. L’équipe compte aujourd’hui entre 40 et 45 % de femmes, une moyenne supérieure à celle du reste du secteur de l’énergie qui s’établit entre 20 et 30 %. Plutôt que d’adopter un congé menstruel, la coopérative a opté pour l’absence de retenue sur salaire en cas d’absence ponctuelle d’un salarié. « Les salariés ont jugé cette disposition moins discriminante car elle peut bénéficier à tout le monde, qu’il s’agisse de menstruations douloureuses comme de maladies chroniques ou de difficultés personnelles », explique le directeur général. 

Enercoop Languedoc-Roussillon souhaiterait toutefois renforcer la diversité sociale de ses équipes. « Nous sommes surtout une équipe “d’écolos engagés”, nous avons du mal à attirer des profils différents », estime son directeur général. 

Malgré ses choix, Simon Cossu Bay n’associe pas vraiment la démarche de l’entreprise à une politique RSE. Enercoop Languedoc-Roussillon a un temps candidaté pour être société à mission, avant d’abandonner le projet. « Car nous nous sommes rendu compte que si une entreprise ne respectait pas les critères, elle ne recevait pas de sanction », explique-t-il.  

Le directeur général aimerait voir une forme de reconnaissance des engagements de sa coopérative « qui fasse bouger les lignes encore plus loin », comme un label qui serait plus exigeant que ceux déjà existants. 

 

Elisabeth Crépin-Leblond 

 

Cet article a été réalisé dans le cadre de la publication du Baromètre de l’engagement par l’Union des employeurs de l’ESS (Udes).  

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