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Par Carenews INFO - Publié le 22 février 2024 - 17:30 - Mise à jour le 22 février 2024 - 17:42 - Ecrit par : Camille Dorival
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Bande de cheffes : des cuisinières exilées régalent nos papilles

Créée en 2021, l’entreprise Bande de cheffes, possédant l'agrément Esus, travaille avec des cuisinières exilées et réfugiées, leur offrant une insertion professionnelle et un soutien dans leurs démarches sociales.

Georgette et Ana sont deux des cuisinières de l'équipe de Bande de cheffes. Crédit : Camille Dorival, Carenews.
Georgette et Ana sont deux des cuisinières de l'équipe de Bande de cheffes. Crédit : Camille Dorival, Carenews.

 

Un dimanche de février à 13h. C’est l’ébullition dans le foyer de la danse du Théâtre national de Chaillot, à Paris. Là, face à la tour Eiffel, des dizaines de Parisiens ou de touristes brunchent en famille ou entre amis. Ils se régalent de plats inspirés de recettes africaines ou orientales, adaptées aux palais des Français.

Ce jour-là, ce sont Georgette et Ana qui ont préparé le buffet. L’une est originaire de Côte d’Ivoire, l’autre d’Angola. Elles travaillent toutes deux pour Bandes de cheffes, une entreprise reconnue Esus (entreprise solidaire d’utilité sociale), créée fin 2021 par Charlotte Leluc. L’idée : permettre à des femmes exilées ou réfugiées de s’insérer dans le marché du travail, en leur proposant des postes de cheffes autour d'une activité de traiteur.

 

Brunch dans le Théâtre de Chaillot

 

Soutenir l’insertion professionnelle des femmes exilées

 

C’est après un parcours professionnel à la Croix-Rouge française puis au ministère des Solidarités que Charlotte Leluc a eu envie de créer une entreprise pour soutenir l’insertion professionnelle des femmes exilées. Elle démarre l’activité avec trois cheffes, et la développe rapidement. Aujourd’hui, son entreprise compte une douzaine de salariés, dont six cheffes en CDI, et quelques autres sur des contrats plus ponctuels, qui interviennent en renfort de l’équipe pour certains événements.

Arrivée dans l’équipe en février 2022, Ana fait partie des trois premières salariées de Bande de cheffes. Comme les autres cheffes, elle est arrivée là grâce au bouche-à-oreille. « J’étais bénévole à la Maison des réfugiés, dans le 14ᵉ arrondissement de Paris, et c’est là-bas qu’on m’a parlé du projet », se souvient-elle. Aujourd’hui, elle travaille à temps plein pour la structure, en CDI. Ce qui, outre lui permettre d’obtenir un revenu stable, a eu un autre effet bénéfique : elle qui a déposé une demande d’asile en France, devrait bientôt obtenir le statut de réfugié, notamment grâce à l'aide administrative de Bande de cheffes.

 

Ana est l'une des cuisinières de Bande de cheffes.

 

De même Georgette a connu Bande de cheffes grâce à un salarié du Palais de la Femme, établissement géré par l’Armée du salut dans le 11ᵉ arrondissement parisien. Elle y était à la fois usagère et bénévole : étant logée en hôtel social sans cuisine, elle allait y préparer ses repas, et elle y distribuait des denrées alimentaires pour des publics en précarité. Quand on lui demande ce que cela lui apporte de travailler chez Bande de cheffes, elle répond après un instant de réflexion : « Nous n’avons pas beaucoup de place dans notre logement, alors ça fait du bien de sortir pour aller travailler et de se sentir utile ».  

L’entreprise accompagne aussi ses salariées dans leurs démarches sociales, notamment pour l’obtention de leurs papiers. Et elle est en contact régulier avec les assistantes sociales qui les suivent par ailleurs.

 

Une cuisine métissée et éco-responsable

 

Comme les autres cuisinières, Ana et Georgette ont toutes deux contribué à élaborer les recettes proposées par Bandes de cheffes. « Nous proposons des recettes de nos pays, nous les faisons goûter aux autres. Ensuite, nous retravaillons les plats pour que cela plaise aux gens d’ici et nous les adaptons en bouchées pour notre activité de traiteur », racontent-elles. Le tout donne une cuisine métissée, avec des recettes qui proviennent d’Afrique, mais aussi du Sri-Lanka, d’Ukraine ou du Proche-Orient.

L’entreprise est essentiellement tournée vers une activité de traiteur destinée aux entreprises. Outre sa dimension sociale, elle se veut écoresponsable, et bénéficie à ce titre du label « écotable ». « Nous travaillons exclusivement avec des produits bio et en circuit court ; nous utilisons des véhicules électriques ; nous avons une politique zéro déchet, en réutilisant tout ce qui peut l’être, par exemple les épluchures, dans nos recettes », explique Samantha Moreau, directrice des opérations de l’entreprise.

 

Le buffet de dessert du brunch

 

Ayant pour le moment peu de forces pour communiquer ou faire de la prospection commerciale, Bande de cheffes développe sa clientèle surtout par bouche-à-oreille. « Nous avons acquis notre renommée au fur et à mesure de nos prestations, détaille Samantha Moreau. Aujourd’hui nous travaillons avec de grandes entreprises, qui sont bien sûr intéressées par notre projet social, mais qui, sur la qualité de nos prestations, ont les mêmes attentes que celles qu’ils auraient vis-à-vis de n’importe quel traiteur. »

Pour le Théâtre de Chaillot, Bande de cheffes a plus classiquement remporté un appel d’offres. « Le théâtre cherchait un prestataire pour assurer l’offre de restauration lors de ses spectacles et dans le cadre des événements qu’il organise, explique Samantha Moreau. Nous avons répondu et remporté le marché. » Depuis, l’entreprise bénéficie de bureaux et d’une cuisine professionnelle dans le théâtre. Elle a la possibilité d’utiliser la cuisine y compris pour ses autres prestations de traiteur.

Quand il est disponible, le théâtre met également à disposition de l’entreprise son superbe foyer de la danse. Et c’est ainsi que, deux week-ends par mois, des cheffes venues divers coins du monde régalent nos papilles dans un cadre exceptionnel.

 

Face à la tour Eiffel

 

 

Camille Dorival 

 

 

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