Budget 2025 : le désarroi des acteurs de l’économie sociale et solidaire face aux annonces de l’exécutif
L’effort demandé par le gouvernement est immense. Le Premier ministre a présenté jeudi 10 octobre un projet de loi de finances, qui doit contenir le déficit à 5% du PIB en 2025, grâce à un effort de 60 milliards d’euros. Ces premières mesures d’austérité annoncées suscitent l'ire du monde de l’économie sociale et solidaire. Réactions.

« La situation de nos finances publiques est grave ». En quelques mots, le ton est donné en conférence de presse, jeudi 10 octobre, jour de présentation du projet de loi de finances (PLF) pour l’année 2025 en Conseil des ministres. La priorité est donc donnée à l’austérité. Avec son budget 2025, Michel Barnier entend contenir le déficit à 5 % du PIB en 2025, grâce à un effort de 40 milliards d’euros d’économies budgétaires et 20 milliards de recettes fiscales supplémentaires. Soit un total de 60 milliards d’euros.
Mais ces premières coupes budgétaires sont un coup de massue pour les structures de l’économie sociale et solidaire (ESS), comme le note au pied levé un grand nombre d’acteurs du mouvement que la rédaction de Carenews a pu interroger.
« Une humiliation » et « un carnage » pour l’économie sociale et solidaire
Pour le délégué général d’ESS France, Antoine Détourné, « cette annonce est une humiliation, et le signal envoyé par gouvernement est celui du mépris envers les acteurs de l’économie sociale et solidaire ». Alors que le budget alloué au développement de l’ESS avait tendance ces dernières années à stagner autour de 19 millions, il se retrouve désormais amputé de près de 5 millions d’euros. « C'est un immense retour en arrière », regrette-t-il.
Le constat est identique du côté du Mouvement associatif, représentant national des associations françaises. Pour sa présidente Claire Thoury, « c’est un carnage ». « Alors que l’on demandait des moyens supplémentaires puisque nous avons de plus en plus d’espaces d’engagement sur le territoire, découvrir que le budget est raboté de 25 % est hallucinant, voire insultant », s’insurge-t-elle.
Concrètement, sur le terrain, l’organisation qui représente plus de la moitié des structures associatives de France s’inquiète de l’impact que ce coup de rabot pourrait avoir sur le dispositif local d’accompagnement (DLA) ou sur les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), pourtant relancés en 2021. Toutefois, la présidente du Mouvement associatif tient à souligner que le budget alloué à la vie associative reste « globalement préservé, bien que très faible ».
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« Il faut s’attendre à un plan social dans l’ESS »
Au-delà des associations, ces coupes budgétaires vont également toucher un grand nombre d’acteurs dans le domaine de la solidarité. Par communiqué, l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes) exprime son désarroi. « Pour rappel, une grande partie des structures et entreprises de l’ESS, qui épaulent les services publics dans leur mission d’intérêt général, reçoivent des dotations de l’État et des collectivités. Si les coupes budgétaires s’abattent sur elles, c’est tout un écosystème de 220 000 structures employant 2,4 millions de salariés qui sera fragilisé », alerte son président, Hugues Vidor.
En effet, les collectivités locales vont aussi être mises à contribution, avec une économie de 5 milliards d’euros. « Il faut s’attendre à un plan social dans l’ESS », nous explique sans détour Antoine Détourné. « On ne peut plus tirer sur la corde du bénévolat et de l’engagement des coopérateurs, il y a des limites », précise-t-il.
Malgré cette douche froide, le délégué général d’ESS France refuse de baisser les bras tant que le budget n’est pas officiellement voté. Jusqu’à la présentation du texte à l’Assemblée nationale, le 21 octobre prochain, Antoine Détourné entend mobiliser les députés et les appeler à plus de soutien.
Blandine Garot