« C’est une manière de mettre à distance notre copine Parki » : un atelier de percussions dédié aux personnes atteintes de Parkinson
Chaque lundi, Malika Abbes, musicienne et art-thérapeute, anime un atelier de percussions destiné aux personnes touchées par la maladie de Parkinson. Début octobre, sept participants étaient ainsi réunis à la Maison des anciens combattants de Vincennes (Val de Marne). Une manière pour ces musiciens en herbe de marquer une pause dans le quotidien imposé par la maladie.

Le groupe tape des mains sur les djembés qui vibrent avec le rythme de la chanson « We will rock you », ce lundi 6 octobre. Fatna, Jeanne, Monique, Solange, Pierre, Chrystelle et Yves, installés en cercle, suivent les indications de Malika Abbes, percussionniste et art-thérapeute.
La musicienne aux cheveux bouclés dirige depuis 2016 cet atelier de percussions destinées aux personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Cette maladie neurologique chronique, qui affecte principalement le mouvement, concerne 120 000 personnes en France et touche principalement les personnes âgées.
Un accompagnement progressif
L’activité proposée par l’association France Parkinson se déroule tous les lundis à La Maison des anciens combattants de Vincennes. Des médailles militaires ornent un mur blanc. Non loin, des vitrines exposent des images de guerres comme celle d’Indochine.
Alors que le rythme s'intensifie, Solange, dont c’est le premier cours, cherche ses marques. On entend le son du bracelet de cheville à grelots porté par Malika qui la rejoint pour l’aiguiller. « Yé yé yé yé.. fla ! », lance le collectif en cœur pour clôturer la chanson. « Là, nous sommes à un moment où c’est très cardio. Pour atteindre cette énergie, il faut y aller progressivement, d’où l’importance de l’échauffement. Les participants peuvent aussi taper des pieds ou être debout selon les possibilités de chacun », souligne l’animatrice.
« J’ai un peu de mal, je ne suis pas vraiment sûre d'y parvenir », confie Solange. « C’est normal c’est le début », rassure l’art-thérapeute. « C’est un exercice demandant une certaine coordination qui s’acquiert au fur et à mesure. Ça va le faire, j’en suis sûre », insiste la professeure, enthousiaste. Les participants, dont Pierre et Chrystelle, un couple venu de Château-Thierry (Aisne), acquiescent.
Un moyen de travailler les sensations corporelles
« Break de Mozart », rythme égyptien, chanson de Freddy Mercury : les thèmes joués sont variés. Avant de s’y atteler, les musiciens en herbe réalisent quelques exercices afin de travailler la sensibilité corporelle. Pour ce faire, Malika distribue du papier journal et invite le groupe à froisser progressivement une feuille dans chaque main.
Pierre, Chrystelle, Solange et Monique au moment de l'échauffement.
« L’objectif est de créer une connexion avec le cerveau via le mouvement. C’est de la micro-kinésithérapie finalement », souligne-t-elle. L’échauffement se poursuit avec un air joué par Malika. Munis du papier froissé, les membres de l’atelier bougent les bras de droite à gauche et inversement. L’éveil se poursuit, ils frôlent le djembé du bout des doigts avant de jouer à leur tour.
L'objectif est de créer une connexion avec le cerveau via le mouvement. C'est de la micro-kinésithérapie finalement." Malika Abbes, animatrice de l'atelier de percussions.
Malika Abbes anime l'atelier de percussions depuis 2016.
Une façon de maintenir le lien social
« Grâce à cette activité, je peux me vanter auprès de ma petite-fille », explique Fatna, petit rictus aux lèvres. La remarque fait sourire l’assemblée. Yves, qui a été journaliste au Monde pendant 15 ans, rebondit : « ça permet aussi de bouger. Quand on est touchés par cette maladie, le premier réflexe est de dire “Je ne bouge pas” alors qu'il est préférable de se mettre en mouvement. »
C’est aussi une façon de maintenir le lien social. « L’atelier de percussions permet de se rencontrer, de voir autre chose », souligne Pierre. Chacun s’accorde sur le plaisir d’ « apprendre un rythme sans pression ». « C’est également une manière de maintenir à distance notre copine Parki ; elle n’aime pas le bruit », affirme Fatna.
Sur les participants du jour, il y a les expérimentés comme Pierre et Monique qui entament leur troisième année. « C’est mon cinquième cours », indique de son côté Jeanne, au regard bleu et bienveillant.
L'atelier de percussions permet de se rencontrer, de voir autre chose." Pierre, qui entame sa troisième année.
Tous les ans, deux spectacles ont lieu, dont un le 11 avril durant la Journée mondiale de la maladie de Parkinson. Une seconde présentation se déroule en juin. « J’aimerais beaucoup créer un “Parki show”, ça allierait les ateliers chorale, danse et percussions que propose France Parkinson », explique Malika qui quitte sa chaise pour le rituel de fin. « On dit merci au cœur, on ferme les yeux et on respire ». Et c’est bel et bien cela dont il s’agit : un temps de respiration face aux contraintes de la maladie.
Léanna Voegeli