En 2023, la générosité des Français progresse légèrement, mais continue son changement structurel
Le baromètre de la générosité 2023, réalisé par Novos pour France générosités, montre une légère hausse des dons aux associations et fondations, néanmoins atténuée par l’inflation. Le secteur enregistre, depuis 2004, une hausse des dons par prélèvements automatiques mais une baisse des petits dons ponctuels et des nouveaux donateurs.
« En 2023, la générosité des Français tient bon dans un contexte encore difficile », résume le Baromètre de la générosité 2023 Novos-France Générosités, publié le 31 mai 2024.
Depuis 2004, le syndicat professionnel des associations et fondations faisant appel à la générosité du public recense chaque année des données de la collecte de dons des particuliers de 56 associations et fondations parmi ses membres. En 2023, cela représente plus d’un milliard de dons.
Une hausse des dons atténuée par l’inflation
Le baromètre, qui prend en compte l’ensemble des dons des particuliers en dehors des legs, des dons exceptionnels supérieurs à 250 000 euros et des dons sur appel d’urgence, relève une progression de 2,1 % des dons par rapport à 2022 en euros courants.
Mais après prise en compte de l’inflation, s’élevant à 4,9 % en 2023 selon l’Insee, et réévaluation des montants des dons à l’aide de l’indice des prix mensuel, il conclut à une baisse de 2,4 % de la générosité en 2023 par rapport à 2022 en euros constants.
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Un changement structurel du don
Parmi ces dons, les plus petits sont en recul, observe France générosités. En 2023, les dons ponctuels inférieurs à 150 euros ont baissé de 2,7 % par rapport à 2022, et ceux inférieurs à 50 euros de 8,1 %.
Cette baisse est compensée dans le montant total des dons grâce à une évolution structurelle de la générosité observable au fil des décennies. On observe une diminution de l’importance des petits dons ponctuels et une augmentation des dons réguliers.
La part des dons réguliers par prélèvement automatique continue à se renforcer. Ces derniers représentent 45 % de la collecte contre 16 % en 2004. Ils ont augmenté de 4,3 % par rapport à 2022.
« Cette progression des dons réguliers par prélèvement automatique est un signe positif pour les organisations collectrices et qui témoigne d’une confiance et fidélité grandissante des donateurs. En effet, un don régulier permet d’inscrire les programmes d’action des organisations d’intérêt général dans la durée et d’anticiper les imprévus », se réjouit France Générosités dans son baromètre.
La part du don en ligne en augmentation
Les dons se font également de plus en plus par internet. En 2023, les dons ponctuels en ligne ont augmenté de 12,3 % en euros courants par rapport à 2022. Ils représentent 30 % de la collecte cette année-là contre 20 % en 2019, 26 % en 2020 et 2021 et 27 % en 2022.
Cette augmentation du don en ligne concerne les donateurs de tous âges, à l’exception des plus de 75 ans.
La baisse plus inquiétante du nombre de nouveaux donateurs
Malgré ces bonnes nouvelles, le baromètre rapporte un phénomène plus inquiétant pour les associations, celui de la baisse observée depuis dix ans du nombre de nouveaux donateurs chaque année recrutés par les associations et fondations.
En 2020 et 2021, le nombre de recrutés avait augmenté, et ce même en excluant l’effet d’urgence au Covid. Mais les chiffres de 2022 ont inversé cette tendance en enregistrant une baisse de 11,9 % des nouveaux donateurs annuellement par rapport à 2021 sans que la légère hausse de 0,4 % constatée entre 2023 et 2022 ne rattrape cette chute.
« Nous avons retrouvé la tendance historique à la baisse du volume de recrutés par organisation », analyse le baromètre. Entre 2012 et 2023, le nombre de nouveaux recrutés par an par organisation a ainsi baissé de 12,4 %.
Les urgences médiatisées continuent de mobiliser
Un autre phénomène décrit par le baromètre est celui des urgences médiatisées comme moyen de mobilisation des donateurs. Les dons effectués pour répondre à une demande d’urgence sont analysés depuis cinq ans par le baromètre, en raison de leur importance constante ces dernières années. Ils ne sont pas recensés dans les chiffres globaux.
En 2023, deux urgences médiatisées ont conduit à des élans de générosité, témoigne le baromètre : les séismes en Turquie et en Syrie en février 2023 et le séisme au Maroc en septembre 2023. Les dons en réponse à ces deux urgences représentent 4,4 % de la collecte totale.
Le chiffre s’approche de celui de 2022, lorsque les dons en réponse à l’urgence en Ukraine représentaient 4,6 % de la collecte totale, et est un peu plus faible que celui de 2020 où les part des dons dédiés à l’urgence Covid représentaient 5,6 % de la collecte totale.
Pour le reste des dons hors urgences, la saisonnalité continue de s’exprimer. Selon le baromètre, le dernier trimestre 2023 concentre 41 % des dons de l’année en euros courants, un chiffre identique à celui de 2022.
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Élisabeth Crépin-Leblond
