En 2023, la générosité des Français au rendez-vous malgré l’inflation
La Fondation Apprentis d’Auteuil a publié jeudi 25 avril la cinquième édition de son Baromètre de la solidarité, réalisé par Ipsos. Malgré une inflation fortement présente en 2023, la part de donateurs est une augmentation par rapport à l’année précédente.
Bonne nouvelle, les inquiétudes sur le recul de la générosité exprimées dans le Baromètre de la solidarité de l’année dernière ne se sont pas concrétisées.
La Fondation Apprentis d’Auteuil a publié jeudi 25 avril la cinquième édition de ce baromètre réalisé avec l’entreprise de sondages Ipsos.
Depuis 2019, il mesure la générosité et l’état d’esprit des Français vis-à-vis du don aux associations et fondations. Il est réalisé à partir de deux échantillons, un de 1000 personnes représentatives de la population nationale française âgées de 18 ans et plus, et un de 500 personnes disposant de hauts revenus, c’est-à-dire dont le revenu annuel net du foyer est supérieur à 120 000 euros par an.
La part des donateurs en augmentation
Face à une inflation à plus de 4,9 % en 2023 et des intentions exprimées plutôt pessimistes dans le baromètre de l’année dernière, la Fondation Apprentis d’Auteuil craignait un recul des dons. Mais au contraire, le baromètre réalisé en 2024 pour l’année 2023 montre une légère augmentation du nombre de Français ayant effectué au moins un don à une association.
Si en 2020 et 2021, la part des donateurs dans la population française de plus de 18 ans avait légèrement baissé pour atteindre 49 % puis 48 %, leur part est ensuite remontée en 2022 et en 2023. Ainsi selon le baromètre, 51 % des Français ont réalisé au moins un don en 2023 contre 50 % en 2022.
Cette augmentation se constate également au sein des personnes disposant de hauts revenus. Selon le baromètre, 81 % d’entre eux ont réalisé au moins un don en 2023. « Un record absolu », se réjouit Etienne Mercier, directeur du pôle Opinion et santé chez Ipsos. 80 % des personnes disposant de hauts revenus ont réalisé au moins un don en 2021 contre 78 % d’entre elles en 2022.
Seulement 2 % des donateurs qui faisaient régulièrement des dons par le passé n’ont pas fait de dons en 2023.
« La société française est beaucoup moins refermée que ce que l’on pense », conclut à la lecture de ces chiffres Étienne Mercier.
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La part des donateurs de moins de 35 ans progresse
Parmi la population française, le baromètre révèle également que 57 % des seniors et 75 % des cadres supérieurs ont effectué au moins un don en 2023.
Quant aux moins de 35 ans, ils sont 56 % à avoir donné cette même année. Un chiffre au-dessus de la moyenne. « En deux, trois ans, il y a une augmentation de 33 % du nombre de jeunes ayant fait un don », explique Stéphane Dauge, directeur de la communication et de la collecte à la Fondation Apprentis d’Auteuil qui voit dans ce chiffre un révélateur de la volonté des moins de 35 ans de soutenir des causes ainsi de la conscience chez les jeunes actifs de la nécessité d’apporter un soutien financier aux associations.
Sur l’ensemble de la population, « parmi ceux qui ont donné en 2023, 1 sur 5 a donné moins qu’en 2022, mais ceux qui ont donné plus ont permis de compenser les pertes », met également en avant le rapport de la Fondation Apprentis d’Auteuil.
Le montant moyen des dons réalisés par les Français est de 371 euros en 2023, selon le baromètre. Un chiffre en augmentation de 38 euros par rapport à 2022.
Chez les personnes disposant de « hauts revenus », le montant moyen s’élève à 2 686 euros en 2023 contre 2 372 euros en 2022.
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Des perspectives plutôt rassurantes pour 2024
Le baromètre, réalisé 10 jours après l’ouverture des déclarations fiscales, fait également des prévisions pour l’année 2024. « Entre janvier et début mars 2024, un peu moins d’un Français sur 4 déclare avoir déjà donné à des associations », note le rapport. Parmi les personnes disposant de hauts revenus, ils sont un peu plus d’un sur deux à avoir déjà donné à des associations depuis le début de l’année.
Sur le reste de l’année 2024, 53 % des Français et 80 % des personnes disposant de hauts revenus déclarent avoir l’intention de faire des dons d’argent à des associations ou à des organismes caritatifs.
« In fine, la majorité des Français (55 %, stable par rapport à 2023) et 83 % des hauts revenus (tendance à la hausse : + 3 points) ont déjà donné ou projettent de le faire en 2024 », indique le baromètre.
Parmi les causes bénéficiaires des intentions de don, l’aide aux personnes démunies et l’enfance, la jeunesse et l’éducation sont celles qui progressent le plus.
38 % des Français prévoient de donner en faveur des plus démunis, 37 % pour la santé et à la recherche médicale, 28 % pour la défense des animaux, 24 % pour l’enfance, la jeunesse et l’éducation et 20 % pour le handicap.
Du côté des hauts revenus, les causes prioritaires sont la santé et la recherche médicale (45 %) et l’enfance, la jeunesse et l’éducation (42 %).
Ceux qui projettent de donner moins en 2024 l’expliquent toujours principalement par la baisse de leur pouvoir d’achat, mais cette raison est moins citée que lors du pic de l’inflation en 2023, rapporte également le baromètre.
Les besoins croissants des associations, motivation principale de l’augmentation du don
« Ce qui motive vraiment la générosité des Français c’est cette forte prise de conscience du besoin des associations et des personnes qu’elles accompagnent », affirme Stéphane Dauge, directeur de la communication et de la collecte à la Fondation Apprentis d’Auteuil.
Selon le baromètre, 48 % de l’ensemble des donateurs et 51 % des hauts revenus qui prévoient de donner davantage ont pour motivation principale les besoins croissants des associations face à la multiplication des crises et à l’inflation.
37 % de l’ensemble des donateurs et 34 % des hauts revenus prévoient de donner davantage car ils ont eu une prise de conscience, sont inquiets et ont davantage envie d’aider. 32 % de l’ensemble des donateurs et 41 % des hauts revenus sont motivés quant à eux par une amélioration de leur propre situation financière. 29 % de l’ensemble des donateurs et 38 % des hauts revenus privilégie le don financier à d’autres formes d’engagement.
Chez les donateurs, la première motivation du don est la volonté de venir en aide aux plus démunis, rapporte la Fondation Apprentis d’Auteuil. La défiscalisation quant à elle motive un don d’un montant supérieur.
Le baromètre met le doigt sur une connaissance partielle de l’augmentation du plafond des dons au niveau fiscal, prolongée jusqu’à la fin 2026. « 53 % des Français et 30 % des personnes disposant de hauts revenus disent ne pas connaître ce mécanisme. Il y a donc un levier pour pousser un peu plus le don », fait remarquer Etienne Mercier.
Enfin, les Français expriment également leur générosité par l’action. 28 % des Français et 55 % des personnes disposant de hauts revenus disent avoir participé à au moins une action de bénévolat en 2023, rapporte le baromètre.
Élisabeth Crépin-Leblond
