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Par Carenews INFO - Publié le 9 décembre 2025 - 08:00 - Mise à jour le 9 décembre 2025 - 08:00 - Ecrit par : Léanna Voegeli
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« Il faut apprendre à saisir les mains tendues » : Stand’up, une soirée qui donne la parole aux jeunes

Sept jeunes ont partagé leur parcours sur la scène du Grand Rex à Paris, ce jeudi 4 décembre. Organisé par la Fondation Apprentis d’Auteuil, l’événement entendait « donner la parole à ceux qui ne l’ont pas ».

De gauche à droite : Slavi , Syrine, Asmaï,  Evan Ouinez qui relaie le discours de Valdo , Chrystal, Elsa, Enzo et Laszlo. Crédit : Léanna Voegeli / Carenews.
De gauche à droite : Slavi , Syrine, Asmaï, Evan Ouinez qui relaie le discours de Valdo , Chrystal, Elsa, Enzo et Laszlo. Crédit : Léanna Voegeli / Carenews.

 

 

« L’important ce n’est pas d’où on vient mais où on va », lance Chrystal, 25 ans, avec assurance, au public du Grand Rex ce jeudi 4 décembre. Les études ont permis à cette jeune doctorante en chimie, de ne pas « laisser le boulet accroché à ses pieds la définir ». Née dans une famille « dysfonctionnelle », c’est à 13 ans que la jeune scientifique demande à l’aide sociale à l’enfance (ASE) d’être placée avec ses deux petits frères. 

Cette voix est l’une de celles qui ont rythmé la soirée « Stand’Up  » organisée par la Fondation Apprentis d’Auteuil. L'événement a pour objectif de « donner la parole aux jeunes qui ne l’ont pas », explique Jean-Marc Sauvé, président de la Fondation. 

Accompagnés par Evan Ouinez, chargé de plaidoyer au sein de la structure, les jeunes se sont entrainés pendant six mois. La préparation a pris la forme de réunions individuelles en visio. Un week-end « bootcamp » a eu lieu pour « permettre aux jeunes qui vivent partout en France de se rencontrer et de créer un collectif avant la soirée », explique Evan Ouinez. L’association Eloquentia , qui organise des ateliers de prise de paroles du CM1 à la terminale est aussi intervenue. 

 

Maelys chante

Plusieurs moments artistiques ont rythmé la soirée. Maelys chante « La Tendresse » sur la scène du Grand Rex. Crédit : Léanna Voegeli / Carenews. 

 

« Je savais que ma porte de sortie était l’école » 

 

« J’étais totalement angoissée par l’école même si j’étais bonne élève. Au fur et à mesure, je ne trouvais même plus la force de m’y rendre », explique Syrine, 15 ans. Victime de décrochage scolaire, l’adolescente retrouve confiance en elle grâce à un collège Nouvelle Chance. Elle y passe une année. La structure, créée par la Fondation Apprentis d’Auteuil, accompagne des jeunes en difficulté pour les aider à reprendre confiance et à réussir leur parcours scolaire. 

« Le système est bien différent des établissements classiques. Par exemple, les cours ont lieu de 9h à 15h et de nombreuses activités sont proposées. On ne reste pas assis toute la journée à écouter un prof », décrit-elle, l’air malicieux. Grâce au dispositif, elle réintègre son ancien collège. Elle est désormais élève en seconde générale. 

J’étais totalement angoissée par l’école même si j’étais bonne élève. Au fur et à mesure, je ne trouvais même plus la force de m’y rendre " - Syrine qui a vécu une période de décrochage scolaire.

 

Quant à Slavi, 20 ans, il est arrivé en France avec sa famille à l’âge de six ans. Originaire de Roumanie, il a grandi dans un bidonville et s’est battu pour intégrer le système scolaire : « Je savais que ma porte de sortie était l’école ». À côté de son activité de paysagiste, il est pompier volontaire auprès de la Croix Rouge. « À l’âge de 8-9 ans, un incendie s’est déclaré dans le bidonville où je vivais et une petite fille qui s’appelait Mélissa y a trouvé la mort. Mon engagement vient de là », confie-t-il. 

 

coucou

Une table ronde sur la participation et la confiance des jeunes dans la vie publique a été animée par Charlotte Bisserie, responsable communication et plaidoyer des Apprentis d'Auteuil (région Sud-Ouest). Crédit : Léanna Voegeli / Carenews. 

 

« Malgré les épreuves je refusais d’être une ombre » 

 

Et c’est bien l'engagement en tant que citoyen qui fait les particularités de certains de ces parcours. Durant ses études, Elsa s’investit pleinement dans le milieu associatif et crée sa propre structure de distribution d’aide alimentaire pour les étudiants. La jeune femme originaire de la Drôme se dévoue entièrement à son engagement associatif jusqu’à l’épuisement. « À l’époque je souffrais de problèmes de santé mentale sans suivi adéquat, c’était compliqué. Dans mon parcours associatif, j’ai pu voir comme il est parfois difficile de s’engager pour les jeunes à cause de certaines difficultés », explique-t-elle de sa voix grave. Désormais, elle fait du mentorat pour des jeunes de l’ASE.  

C’est d’ailleurs pour défendre les enfants qu’Asmaï, originaire de Mayotte, souhaite devenir avocate. « Certains jours j’allais à l’école le ventre vide. Malgré les épreuves, je refusais d’être une ombre », affirme l’étudiante en droit de première année. La jeune femme de 18 ans est aussi membre de la Ciivise et co-autrice du rapport «Parce que le silence n’est plus une option  : les enfants dénoncent, à nous d’agir ».

 

danse

La compagnie Ayoba s'est produite sur la scène du cinéma parisien. Ses membres pratiquent le Gumboot, une danse qui consiste à frapper ses bottes avec les mains pour faire du rythme. Crédit : Léanna Voegeli / Carenews. 

 

Des liens durables 

 

Valdo, qui n’a pas pu être présent lors de l’événement, porte la voix des mineurs non accompagnées. Arrivé en France il y a huit ans, il a connu la rue avant d’intégrer la Maison à caractère sociale (MEC) Sainte Thérèse. Une MEC est un établissement destiné à soutenir des jeunes ou des familles confrontés à des difficultés sociales. « Je suis fier d’avoir tenu bon malgré les épreuves. Il faut apprendre à saisir les mains tendues », estime Valdo dans un témoignage relayé par Evan Ouinez.  

Je suis fier d'avoir tenu bon malgré les épreuves" - Valdo, ancien mineur non accompagnée.

 

Sur scène, un autre duo représente l’espoir. Laszlo et Enzo, respectivement conseiller d’insertion et jeune accompagné par la fondation, se connaissent depuis plus de quatre ans. « Placé, déplacé et replacé » pendant dix ans, Enzo, retourne vivre chez son père à 15 ans et passe trois années cloîtré chez lui, ne sortant quasiment pas. Il se réfugie alors dans les jeux vidéo et devient même vice-champion du monde de Call of Duty en 2022. « Vous voyez, c’est ça que j’aime avec Enzo ! Il a le goût de l’aventure ! », déclare Laszlo, enthousiaste. Grâce au pôle insertion de la fondation, le jeune adulte occupe un temps un emploi au pôle informatique d'une ressourcerie. En deuxième année d’étude, son objectif est de devenir ingénieur réseau dans ce domaine. 

 

Léanna Voegeli  

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