Incubé chez SINGA, Charles Bihina met la réalité virtuelle au service de l’inclusion des personnes réfugiées
Rencontre avec Charles Bihina fondateur de DiVRsitee, une startup qui propose des expériences en réalité virtuelle pour lutter contre les préjugés sur les personnes réfugiées. L’aventure entrepreneuriale de Charles débute il y a un an. Son projet est sélectionné pour intégrer le programme d’accompagnement pour les entrepreneurs de SINGA. Portrait.
Nous rencontrons Charles Bihina dans les locaux de SINGA rue de Montreuil à Paris. Âgé de 36 ans, il est le fondateur de DiVRsitee, une startup qui propose des expériences en réalité virtuelle pour lutter contre les préjugés sur les personnes réfugiées, « des héros que les autres voient généralement comme une chose négative ». L’aventure entrepreneuriale de Charles débute il y a un an. Son projet est alors sélectionné pour intégrer le programme d’accompagnement pour les entrepreneurs de SINGA.
Passionné de nouvelles technologies
Avant de se lancer dans la réalité virtuelle, Charles Bihina était développeur web au sein d’une entreprise camerounaise, son pays d’origine. « Je voulais changer de métier ». Il décide de tout quitter pour intégrer un deuxième master en France, à Art et Métiers ParisTech.
Après plusieurs stages, il se met « à son propre compte », entre missions de consulting en réalité virtuelle, cours à l’université et conférences. « Tout ce qui est lié aux nouvelles technologies et à la réalité virtuelle. »
Une rencontre marquante
DiVRsitee naît d’une rencontre avec un réfugié soudanais. À l’époque, dans un foyer de travailleurs en Bretagne, cette rencontre lui permet de se rendre compte qu’il voulait faire quelque chose « qui puisse profiter à une cause ». « Cette personne a juste été un catalyseur. »
Au fur et à mesure des échanges, son camarade lui raconte son histoire. Charles Bihina comprend alors qu’il a fui la guerre dans son pays pour se lancer dans un dangereux périple, entre traversée du désert, puis de la mer avant d’arriver en France. « Il m’a raconté toutes les difficultés de son parcours, j’étais impressionné. » Impressionné par l’histoire de cette personne qu’il voyait « comme un héros » alors que lorsqu’il sort dans la rue, les personnes ne le voient plus que « comme un réfugié ». « Les gens sont jugés par rapport à l’endroit d’où ils viennent, leur couleur de peau, leur état à un moment “t” et non par rapport à la valeur qu’ils apportent à la société. »
C’est alors qu’il se lance avec en tête l’idée d’utiliser ses compétences en réalité virtuelle pour « pouvoir changer le regard sur les personnes migrantes grâce à l’expérimentation en réalité virtuelle » et participer à « créer une société plus inclusive ».
Sensibiliser pour changer le regard
Avec ce projet, l’entrepreneur souhaite proposer une immersion dans un monde en 3D pour que « les gens ressentent l’événement dans leur chair ». Traversée de la mer, périple dans le désert ou encore parcours du combattant à la préfecture… DiVRsitee a développé dix scénarios incarnés par dix personnages. Toutes ces histoires sont inspirées de faits réels et racontées avec l’aide d’associations. « Quand je me mets dans la peau de l’une de ces personnes, je vis les mêmes difficultés qu’elle. »
De la French Tech à SINGA
Les dix scénarios proposés par DiVRsitee sont encore en cours de développement. Lauréat de l’appel à projets French Tech Tremplin, Charles Bihina a pu intégrer le parcours « Accélération » de l’incubateur de l’association SINGA. Durant ces neuf mois, aux côtés de huit autres entrepreneurs, il construit son projet, participe à des ateliers… « Tout ce qu'il faut pour former le bon entrepreneur ». « Moi en entrant et moi en sortant, ce n’était plus la même personne. »
L’entrepreneur compte aujourd’hui sur un alternant et une stagiaire pour poursuivre le développement de DiVRsitee. L’objectif : terminer les scénarios et pouvoir proposer ces immersions à des entreprises pour leurs collaborateurs ou à des associations et ONG pour leurs ateliers de sensibilisation auprès des citoyens. Aujourd’hui, l’offre de DiVRsitee se concentre sur l’inclusion des personnes réfugiées, mais la technologie se prêterait parfaitement à d’autres causes comme celle des violences faites aux femmes.
Celui qui se qualifie comme un « serial entrepreneur » n'exclut pas non plus de développer d’autres projets. « L’entrepreneuriat a toujours fait partie de moi. »
Lisa Domergue