La lente féminisation des associations ne permet toujours pas aux femmes d’accéder aux instances dirigeantes
Un rapport de l’INJP publié ce mercredi 8 mars analyse la part des femmes dans les bureaux des associations. Le plafond de verre disparaît-il ? Décryptage.
Lentement, mais pas si sûrement. La proportion de femmes occupant des postes décisionnaires dans les associations est faible et augmente peu, alors qu'elles représentent 71 % des salarié.e.s du secteur. Ce sont les principales conclusions d’une analyse de l’Institut National de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire (INJEP), publiée ce mercredi 8 mars.
Le document s’appuie sur les données collectées par l’INSEE en 2019 dans le cadre de l’Enquête sur la situation des associations en 2018. Plus de 34 000 associations œuvrant sous le statut de la loi 1901 ont été interrogées. Quelles conclusions peut-on tirer de cette étude ?
Une proportion et progression très faibles
Les femmes ne représentent que 35 % des président.e.s d’associations. Pourtant, elles s’engagent autant que les hommes. 28 % d’entre eux sont bénévoles et 39 % participent à des activités associatives quelles qu’elles soient. Il en va de même pour 27 et 43 % des femmes.
Leur place dans les bureaux d’association progresse légèrement. L’auteur de la synthèse, Yann Lecorps, effectue ce constat en comparant les données de 2018 avec celles d’une autre enquête datant de 2013. Le nombre de bureaux majoritairement masculins « reculent de trois points », tandis que celui de bureaux plus féminisés augmente (+ 2,6 points). À noter, cette progression est encore plus lente dans les associations employeuses que dans celles qui ne font pas appel à des salarié.e.s.
L’auteur réfute toutefois l’idée d’une féminisation en cours des postes de dirigeants dans le secteur associatif. Certes, la proportion de femmes dirigeantes diminue à mesure que l’ancienneté de l’association augmente : on pourrait conclure que les associations nouvellement créées placent plus de femmes à leur tête. Or, une enquête de 2005 observait déjà cette tendance, « sans que le mouvement de féminisation ait été rapide depuis lors ». De plus, cet effet s’efface en prenant en compte les autres caractéristiques des associations.
Le pouvoir décisionnaire des femmes reste limité
Une exception marque ce constat : le poste de secrétaire. En moyenne, 60 % des secrétaires sont des femmes. Toutes choses égales par ailleurs, il est encore plus probable qu’une femme occupe cette position dans des associations créées il y a moins de dix ans que dans les associations plus anciennes.
De même, cette probabilité s’accroît avec le nombre d’adhérents de l’association, à caractéristiques égales. À partir de ce constat, l’auteur estime qu’au-dessus « d’un certain seuil de charge de travail (...), les hommes se détournent encore plus fortement de la fonction de secrétaire, qui comporte un pouvoir décisionnaire moins important que le rôle de président ». À l’inverse, la proportion d’hommes présidents et trésoriers est plus grande parmi les associations qui comptent un grand nombre de bénévoles.
Des différences marquantes par secteurs
La représentation des hommes et des femmes diffère aussi selon les secteurs. Ainsi, dans les secteurs traditionnellement féminisés comme l’hébergement social et le médico-social, les femmes président plus souvent les associations. À l’inverse, l’étude montre que « le sport est l’un des domaines d’activité les plus éloignés de la parité dans les fonctions dirigeantes », avec la gestion des services économiques et le développement local.
Dans les organisations politiques, clubs et cercles de réflexions, 23 % des président.e.s sont des femmes. Dans les organisations professionnelles, elles ne représentent que 15 % des président.e.s. En règle générale, les participantes à ces deux catégories d’associations sont aussi minoritaires par rapport à leurs homologues masculins : elles représentent 43 % des bénévoles, adhérentes ou volontaires de la première et 32 % de la seconde.
La rédaction