Le monde associatif alerte sur sa situation à l’aube des mobilisations du 11 octobre
Une conférence de presse organisée par le Mouvement associatif s’est tenue à Paris le jeudi 9 octobre. Elle a rassemblé les représentants de quelques structures venus exprimer leurs inquiétudes, deux jours avant les manifestations prévues ce samedi. Leur objectif ? Alerter les pouvoirs publics des difficultés pesant sur la sphère associative.

« Ça ne tient plus ! ». Le slogan annonçant les manifestations se tenant samedi, est lâchée d’emblée par Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif. À cette occasion, une conférence de presse est organisée dans les locaux parisiens de la fédération, ce jeudi 9 octobre. « Inédite », selon sa présidente, la mobilisation entend alerter les pouvoirs publics sur les difficultés pesant sur le monde associatif.
Austérité budgétaire, baisse des subventions, trésorerie très fragile... Les représentants de plusieurs organisations, font le point sur les obstacles rencontrés par le secteur.
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« Sans association, il n’y a pas d’action publique en protection de l’enfance ou dans le champ du handicap. Nous ne pouvons pas jeter les solidarités avec l’eau des déficits, les considérer uniquement comme un coût », assène Daniel Goldberg, président de l’Uniopss, fédération rassemblant des associations des secteurs sanitaire, social et médico-social.
Au tour de Sarah Durocher, présidente nationale du Planning familial de s'insurger : « Cette baisse des financements est une attaque contre les personnes les plus éloignées du droit. »
Des chiffres alarmants
Cette réduction des moyens des associations a d’ailleurs déjà des conséquences dans leur quotidien. Président des Maisons des jeunes et de la culture (MJC) de France, Jean-Yves Macé partage des cas concrets. Ainsi, la MJC de Metz (Lorraine), a été contrainte de licencier sa secrétaire administrative. « Or, la charge de travail se reporte sur l’équipe d’animation et de direction », détaille-t-il. De son côté, la MJC de Lodève (Hérault) a fermé ses portes faute de financement, malgré un fort soutien des collectivités locales.
Pour mieux comprendre les difficultés évoquées, Claire Thoury dévoile les premiers chiffres d'une enquête sur la santé financière du secteur. « Tout comme cela apparaissait dans la première édition de cette enquête, parue en début d’année 2025, 30 % des associations employeuses n’ont pas ou peu de trésorerie », explique-t-elle. De plus, l’étude pilotée par le Mouvement associatif souligne que 70 % des associations employeuses disposent de fonds fragiles ou nuls. Par ailleurs, les liquidations ont doublé depuis 2022 en atteignant les 500 fermetures.
300 actions de mobilisation prévues le 11 octobre
« Nous assistons à un effet ciseaux. Le modèle économique des associations repose en effet à 50 % sur des financements publics (subventions ou commande publique) En ce moment, l’État diminue ses crédits et les collectivités territoriales font de même. Ajoutez à cela, le contexte inflationniste, et bien en effet, ça ne tient plus ! », décrypte Véronique Moreira présidente de l’Union sportive de l'enseignement du premier degré (Usep).
Mettre en lumière un système associatif à bout de souffle : c’est tout l’enjeu de l’événement du 11 octobre qui sera marqué par 300 actions de mobilisations à travers la France. Dans la région des Hauts-de-France, une manifestation se tiendra dans le centre de Lille. En Bretagne un rassemblement se structure à Morlaix, mais aussi dans le Grand-Est à Saint-Avold ou en Nouvelle-Aquitaine à Bordeaux. Un rassemblement aura également lieu à Paris, place Stalingrad de 14h à 17h. D’autres actions se mettent en place comme une journée selfie « ça ne tient plus » dans l’Ardèche et la Drôme.
Claire Thoury rappelle que, face à un constat jugé pessimiste, il est essentiel de maintenir l’espoir pour les 1,4 million d’associations. 20 millions de bénévoles et 1,8 million de salariés y œuvrent chaque jour.
Léanna Voegeli