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Par Carenews INFO - Publié le 11 novembre 2022 - 12:00 - Mise à jour le 14 novembre 2022 - 17:03 - Ecrit par : Lisa Domergue
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Les associations d’anciens combattants sont-elles vouées à disparaître ?

En ce jour de commémoration de l’Armistice, Carenews a souhaité mettre en lumière le monde associatif combattant. Alors que les anciens combattants sont de moins en moins nombreux, comment ces associations peuvent-elles se réinventer ?

Crédit photo : olrat.
Crédit photo : olrat.

 

Chaque 11 novembre, la France et ses associations d’anciens combattants commémorent l’Armistice, date de l’arrêt provisoire de la Première Guerre mondiale.

Le monde associatif combattant s’est développé après la Première Guerre mondiale pour se structurer au fil des conflits : Seconde Guerre mondiale, guerre d’Indochine, guerre d’Algérie… et aujourd’hui les OPEX – les opérations extérieures. Il existe en France 16 905 associations d’anciens combattants inscrites au Répertoire national des associations (RNA), contre 22 600 en 2010, soit une baisse de 25 %. 

Une baisse du nombre d’adhérents

La baisse du nombre d’associations est inhérente à celle du nombre d’anciens soldats, comme l’a rapporté un rapport du Sénat : « Le nombre d’anciens combattants est appelé à décroître de manière massive et rapide au cours des prochaines années à mesure que s’éteindra la génération des anciens combattants d’Algérie ». Un autre rapport de la commission de la Défense nationale des forces armées datant de 2021 estime à 30 à 40 % la baisse du nombre d’anciens combattants, et ce, sans compter ceux des OPEX. Selon cette « mission flash », ces associations comptaient un million d’adhérents en 2020, contre 1,36 million en 2014, précisant tout de même que les effectifs sont difficiles à recenser à cause de la « cessation non déclarée d’activité, en particulier dans les très petites associations sans patrimoine ».

L’association locale de l’UNC (Union Nationale des Combattants) Saint-Hippolyte dans le Doubs témoigne de cette perte d’adhérents. Alors qu’ils étaient plus d’une centaine à sa création en 1971, ils sont désormais une soixantaine. 

Les associations doivent s’unir

« Les effectifs diminuent, c’est de plus en plus dur de trouver des remplaçants », explique son président Marcel Brulport. Sur les 53 associations départementales de l’UNC, elles sont de plus en plus nombreuses à ne compter qu’une dizaine de personnes dans leurs effectifs. « Le président départemental a demandé à ces adhérents de rejoindre d’autres sections plus importantes », ajoute-t-il. Il s’agit d’ailleurs d’une des recommandations de la « mission flash » du Sénat : « le rapprochement souhaitable de certains acteurs fragiles » sous une grande fondation.

Pour Patrick Remmes, président de l’Union des Blessés de la Face et de la Tête (UBFT), qui compte 5 000 adhérents : « Le tri va se faire et seules les grandes associations puissantes pourront survivre. Toutes les associations sont en train de se transformer en ordre mendiant. Elles vivent de la cotisation de leurs adhérents. » Et l’UBFT fait exception à cette problématique du financement. En effet, l’association est le deuxième actionnaire de la Française des Jeux, garantissant des ressources propres.

Le défi d’attirer de nouveaux anciens combattants

L’un des défis du monde associatif combattant est qu’il devienne attractif pour la « 4e génération du feu », « des combattants français engagés à l’extérieur du territoire national depuis la fin de la guerre d’Algérie » selon l’IRSEM. Ce sont les soldats qui sont partis en OPEX.

Intégrer ces « nouveaux » anciens combattants est une opportunité pour les associations de se renouveler. C’est le cas de l’UBFT qui enregistre cette année 350 nouvelles adhésions. « Aujourd’hui, nous recevons des jeunes de 25 ans », raconte le président de l’association. Et pour ce faire, il a mis en place une campagne de communication sur les réseaux sociaux : « Nous nous sommes appliqués à moderniser un petit peu nos standards de communication et dans les photos que nous publions, le plus vieux qui puisse apparaître, c’est moi. »

En effet, c’est l’un des constats du rapport de la « mission flash » : les associations d’anciens combattants souffrent d’une image « vieillissante ». « Selon les différentes organisations entendues, ces individus, souvent jeunes, peinent à se reconnaître dans des associations souvent composées de membres plus âgés. De même, leur jeune âge au sortir de l’armée active les oblige à privilégier la reconstruction de leur vie civile (professionnelle ou familiale) et ils n’auront tendance à se rapprocher du monde associatif qu’à l’approche de la retraite. »

Le besoin de transformation du secteur associatif combattant

Mais pour continuer à exister, ces associations devront se transformer, passant d’une mission de réparation – des anciens combattants – à celle de transmission de la mémoire vers les jeunes générations. Pour renforcer leur rôle mémoriel auprès des jeunes, certaines organisent, par exemple, des concours scolaires comme le concours national de la Résistance et de la Déportation qui touche, chaque année, entre 35 000 et 60 000 élèves ou encore concours « petits artistes de la mémoire » proposé à plusieurs milliers d’élèves de CM1-CM2. Il existe également de plus en plus de partenariats entre les associations du monde combattant et les établissements scolaires pour mettre en place des ateliers. 

Ainsi, pour Patrick Remmes, président de l’UBFT : 

Si les associations d’anciens combattants veulent survivre, il faut qu’elles se transforment et se tournent vers le mémoriel. C’est là qu’elles pourront trouver un second souffle.

 

Lisa Domergue 

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