Aller au contenu principal
Par Carenews INFO - Publié le 19 mars 2024 - 12:31 - Mise à jour le 19 mars 2024 - 17:58 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

Les Français ambigus face à l’idée de sobriété

Dans son baromètre intitulé « Sobriété et modes de vie », publié le 7 mars en partenariat avec l’Obsoco, l’Agence de la transition écologique (Ademe) met en lumière un paradoxe traversant la société française. Si la majorité des répondants interrogés se montrent critiques envers la société consumériste et se déclarent favorables à des politiques de sobriété, ils sont tout autant à estimer leurs modes de vie personnels déjà sobres. La majorité des Français interrogés attendent des actions plus fortes de la part de l’État et des entreprises.

Les Français et la sobriété. Crédits : Carenews
Les Français et la sobriété. Crédits : Carenews

 

Étonnant paradoxe. 77% des Français estiment que notre manière de consommer est nuisible à l’environnement et 83% considèrent que « nous avons tendance à accorder trop d’importance à la consommation matérielle » en France, rapporte l’Agence de la transition écologique (Ademe) dans son baromètre intitulé « Sobriété et modes de vie », publié le 7 mars en partenariat avec l’Obsoco. 81% estiment également que « les gens passent trop de temps à consommer plutôt qu’à profiter des plaisirs simples de la vie ».

Et pourtant, ils sont presque autant à juger leurs propres modes de vie suffisamment sobres. Seuls 28 % de ces mêmes Français ont le sentiment de « trop consommer » et 82 % ont le sentiment d’avoir un mode de vie déjà sobre. Une large majorité d’entre eux ne se considère pas dans l’excès, quel que soit le type de pratique.

 

Les Français et la sobriété. Crédits : Carenews
Les Français et la sobriété. Crédits : Carenews

 

La sobriété perçue plutôt positivement, surtout chez les plus aisés

D’une manière générale, la notion de sobriété reçoit un accueil plutôt favorable dans la société française. 41 % des répondants en ont une perception positive, contre 15 % qui en ont une perception négative. 

La sobriété est perçue plus positivement chez les personnes aisées financièrement et chez les urbains. 50 % des interrogés qui ont le sentiment de vivre confortablement en ont une perception positive, contre 27 % de ceux qui ont le sentiment de ne pas vraiment s’en sortir financièrement. Mais même dans cette catégorie, la perception positive l’emporte sur la perception négative (19 %). 

 

Sur la mobilité, l’usage justifié par le manque d’alternatives

Toutefois, « malgré une adhésion aux principes de sobriété, les Français semblent peu concernés par les pratiques excessives qu’ils perçoivent dans le reste de la population », estime l’Ademe. 

Dans sa première partie, l’enquête de l’Agence de la transition écologique a interrogé, durant l’été 2023, les habitudes de 4 000 Français dans les six domaines que sont le tourisme, la mobilité, l’alimentation, le logement, la consommation de biens et de services et le numérique.

Sur la mobilité, seuls 14% des Français déclarent ne pas être équipés de véhicules automobiles. Les trois quarts des Français utilisent leur véhicule chaque semaine, dont 42 % « tous les jours ou presque ». 60 % utilisent la voiture comme mode de transport principal. 

Pourtant, seuls 19 % des automobilistes qui utilisent leur voiture tous les jours ont le sentiment de l’utiliser de manière excessive. La grande majorité (83 %) considèrent que l’usage qu’ils en font est en adéquation avec leurs besoins. 

Pour partir en vacances ou en week-end, 84 % des Français utilisent la voiture. 26 % prennent le train et 25 % prennent l’avion. Seuls 3 % des usagers du transport aérien ont le sentiment d’avoir un usage excessif de l’avion. 16 % des usagers de l’avion affirment à l’inverse qu’ils aimeraient le prendre plus souvent.

 

Un sentiment faible de surconsommation

Concernant l’alimentation, un peu moins de 3 % des Français se déclarent végétariens ou végans et 16 % se définissent comme flexitariens. 24 % des Français qui mangent de la viande plus de 2 fois par semaine ont le sentiment de trop en manger

Sur la consommation des biens, un Français sur deux a recours au marché de la seconde main. Mais 76 % des interrogés qui y ont recours expliquent être motivés par des raisons économiques. 51 % se tournent même vers la seconde main pour consommer davantage. 39 % seulement indiquent être motivés par une considération environnementale. 

En tout, seuls 14 % des Français et 34 % des plus gros consommateurs estiment que leur consommation de vêtements est excessive par rapport à leurs besoins.

De même, seuls 7 % des Français considèrent qu’ils renouvellent trop fréquemment leur téléphone portable alors que 72 % des Français déclarent avoir renouvelé leur smartphone alors qu’il fonctionnait encore. Ils sont 22 % à le considérer parmi ceux qui changent de téléphone portable tous les 2 ans. 

 

L’action de l’État et des entreprises jugée insuffisante

La réponse à cette dualité réside probablement dans une demande d’engagement à l’égard des politiques publiques et entrepreneuriales.

« La majorité des Français estiment très majoritairement que leurs modes de vie personnels sont déjà sobres et attendent des actions plus fortes de la part de l’État et des entreprises », résume ainsi Sylvain Waserman, président-directeur général de l’Ademe. 

Le baromètre montre en effet une opinion mitigée sur la sobriété de ces derniers. Moins d’un Français sur deux jugent que l’État et les grandes entreprises agissent effectivement pour limiter les impacts de leurs activités sur les ressources de la planète. 44 % estiment que les grandes entreprises n’agissent pas du tout pour limiter l’impact de leurs activités. 

En ce qui concerne la politique, une large majorité plébiscite un plus fort engagement environnemental. 74 % des Français interrogés considèrent que les politiques publiques devraient privilégier en priorité la protection de l’environnement à la croissance économique. Pour 72 %, l’État devrait faire plus pour préserver l’environnement, même si cela signifie contrôler ou limiter certaines pratiques comme l’usage de l’essence ou les déplacements en avion.

90 % enfin, estiment que les normes de fabrication devraient favoriser des produits plus résistants et facilement réparables, quitte à ce que cette évolution se fasse au détriment du prix.

 

Élisabeth Crépin-Leblond

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer