Devoir de vigilance, Laboratoire mondial de la sobriété... Les brèves RSE de la semaine.

• Devoir de vigilance : accord des États membres sur une directive européenne

Lors du Coreper de ce 15 mars, une majorité d'États a donné son accord pour la directive sur le devoir de vigilance. Il s'agissait de la dernière chance pour ce texte après l'échec du 28 février, dû au refus de l'Italie et l'Allemagne et à la position ambigüe de la France. Celle-ci avait demandé d'augmenter le seuil des entreprises concernées à 5 000 salariés au lieu de celui de 500 salariés proposé dans le texte adopté en trilogue. Ce qui correspond au seuil de la loi française.

Le texte validé prévoit finalement que les entreprises concernées par le devoir de vigilance sont celles d'au moins 1 000 salariés ayant un chiffre d'affaires de plus de 450 millions d'euros. Le Parlement européen devrait se prononcer à la mi-avril sur ce texte.

• Lancement du Laboratoire mondial de la sobriété 

Experte du Giec, la chercheuse Yamina Saheb vient de créer le Laboratoire mondial de la sobriété (World Sufficiency Laboratory en anglais). L'objectif est de documenter scientifiquement la sobriété, pour qu'elle soit modélisée notamment dans les rapports du Giec. Yamina Saheb souhaite publier un premier rapport sur la sobriété en Europe d'ici à l'automne 2024. 

Dans un entretien avec Novethic, la chercheuse définit la sobriété comme reposant sur quatre piliers : « Ce sont des politiques publiques et des pratiques du quotidien (...) qui évitent en amont la demande en ressources naturelles, qui garantissent le bien-être de tous, une vie décente pour tous, et qui s’inscrivent dans le respect des limites planétaires et non pas seulement du budget carbone. Sans ces quatre piliers ensemble, on ne fait pas de la sobriété mais du greenwashing. » 

• Une étude sur la prise en compte de la durabilité en entreprise 

Une étude menée par Bartle, Birdeo et l'Esses Business School auprès de 200 professionnels de grands groupes s'intéresse à la façon dont ils intègrent les questions de durabilité, c'est-à-dire les enjeux environnementaux, dans leurs métiers. 

Parmi les répondants de l’étude et sans tenir compte des responsables RSE, neuf professionnels sur dix disent se sentir concernés par les enjeux de durabilité. Une évolution qui se traduit dans la gouvernance des entreprises, avec une présence de plus en plus fréquente de la RSE dans les instances dirigeantes : ainsi un tiers des responsables RSE interrogés sont membres du comité de direction ou du conseil d'administration de leur organisation et les trois quarts ont intégré une instance de gouvernance.

L’étude montre que les trois quarts des personnes interrogées se sont formées aux enjeux de la durabilité par elles-mêmes, via des lectures, des conférences ou des Mooc. Mais elle note aussi le développement croissant de l’apprentissage par les pairs (ou peer learning), mis en avant par 35 % des répondants : groupes de travail directement liés à la RSE (C3D, Global Compact...), groupes de travail fonctionnels sur la Green Supply Chain, l’innovation positive ou la direction financière durable, etc.

• La situation sur le handicap jugée plus préoccupante en France que dans d’autres pays d’Europe 

Une étude réalisée par Odoxa pour Ahadi Foundation au mois de février 2024 fait état des opinions et perceptions des Français et Européens concernant le handicap et la place des personnes handicapées dans la société, le monde professionnel, les médias et la vie politique. Selon l’étude, 52 % des Français jugent que les travailleurs handicapés sont difficiles à intégrer dans une entreprise et huit Français sur dix considèrent que les travailleurs handicapés rencontrent plus de difficultés que les autres travailleurs sur les postes à responsabilités. 

De plus, 76 % des Français estiment qu’une personne handicapée est une charge lourde pour sa famille et un Français sur cinq pense que les personnes handicapées ne sont pas « sexy ». De manière générale, 74 % des Français pensent que les personnes handicapées ne sont pas suffisamment prises en compte par la société, un sentiment partagé par 53 % des Britanniques, 54 % des Suédois, 55 % des Espagnols et 59 % des Italiens. 

Camille Dorival