Levées de fonds : le ralentissement touche aussi les startups à impact
Le nombre de levées de fonds a ralenti ces derniers mois pour les startups Qu’en est-il pour les structures à impact ? Décryptage.
Depuis quelques mois, un discours circule dans l’écosystème de l’impact : il serait devenu compliqué de lever des fonds. Malgré quelques cas comme Phenix, la startup qui lutte contre le gaspillage, et ses 15 millions d’euros, ces opérations se sont faites rares.
Une baisse de 40 % en 2021
Et si le secteur de l’impact suivait la tendance actuelle à laquelle sont confrontées plus généralement les startups ? En effet, les levées de fonds du troisième trimestre sont inférieures de 40 % à celles de 2021 sur la même période, selon le baromètre In Extenso Essec.
« Nous étions dans une situation instable avec des opérateurs qui devaient y voir plus clair concernant la crise géopolitique, l’inflation, ou encore la dette covid », contextualise Pierre-Edouard Berion, coresponsable de Raise Ventures. Il estime que le contexte est similaire pour les structures à impact.
Un retour des levées de fonds en 2023 ?
Pierre-Edouard Berion se montre pourtant confiant quant à la suite et prévoit un retour de l’activité pour le premier semestre de l’année 2023 : « Cela va repartir car l’attentisme va s’estomper et puis parce qu'il y a beaucoup d’argent du côté des investisseurs avec une obligation à un moment de le redéployer. »
Et pour les structures à impact, le redémarrage pourrait se faire avec davantage de vigueur : « Malgré tout, on peut dire qu’il y a plus que jamais un intérêt pour la Tech à impact, car beaucoup d'argent a été levé sur cette thématique par les investisseurs, qui doivent désormais le déployer. » Il constate que de plus en plus de fonds dédiés à cette thématique se créent. D’ailleurs Raise en a lancé un récemment, le fonds à but non lucratif Phiture.
Trop de levées de fonds tue la levée de fonds ?
L’entrepreneur Matthieu Laulan a cofondé le Club Bootstrap. Il s’agit d’un club d’entrepreneurs dont l’objectif est de « montrer un autre visage de la réussite entrepreneuriale qui ne soit pas liée à l’hypercroissance et à la succession des levées de fonds ». Il n’est pas opposé aux levées de fonds, mais considère qu’elles doivent être effectuées à bon escient, et non pour permettre l’hypercroissance.
Il porte un autre regard sur la situation actuelle. Selon lui, le cycle que l’on connaît, avec une accélération puis un ralentissement, est symptomatique de cette recherche de fonds à tout prix : « Le fait de prendre son temps permettrait de ne pas être dans le cycle que l’on connaît actuellement avec d’un coup, beaucoup d’argent injecté, une crise de valorisation et de confiance, puis des plans de licenciement. C’est problématique », estime-t-il.
Une recherche de fonds à tout prix qui peut être d’autant plus un problème pour les structures à impact : « Elles vont se retrouver avec des fonds qui vont mettre la pression pour engranger du chiffre d'affaires. A ce moment-là, c’est la mission de l’entreprise, son objectif social ou environnemental, qui va trinquer. »
Théo Nepipvoda
