Maze veut consacrer le modèle coopératif pour les chauffeurs VTC
Avec sa coopérative de chauffeurs, Brahim Ben Ali a pour ambition de concurrencer Uber. Maze, créée en Seine-Saint-Denis, cherche des contrats avec des entreprises pour se développer.
Le nom de l’application, Maze, veut dire labyrinthe en anglais. « Pour refléter notre parcours », explique son directeur général, Brahim Ben Ali. L’idée d’une coopérative de VTC a commencé à germer au moment du mouvement social mené contre Uber en 2019 notamment face à la suppression des comptes par la plateforme. Pour permettre aux chauffeurs de retrouver leur indépendance, Brahim Ben Ali décide de monter un société coopérative d’intérêt collectif (Scic).
La Scic Maze compte aujourd’hui 503 sociétaires répartis en cinq collèges de vote. Les principaux décisionnaires sont les chauffeurs qui détiennent 80 % des voix. 10 % reviennent au collège formé par les institutions publiques ayant pris part au projet, dont l’intercommunalité de la Plaine Commune et le département de Seine-Saint-Denis. Le reste, 10 %, revient aux utilisateurs bénéficiaires regroupés également en collège. Pour 50 euros, ces derniers peuvent devenir sociétaires et ainsi bénéficier d’une réduction à vie et d’une part des bénéfices partageables. Enfin, un cinquième collège, sans parts, est destiné aux associations auxquelles la coopérative prévoit de redistribuer une partie de ses bénéfices.
Pour devenir sociétaires, les chauffeurs doivent acquérir dix parts de la coopérative à 50 euros chacune. Avant de les intégrer, Maze vérifie les documents de ses chauffeurs. Carte professionnelle, attestation d’assurance, contrôle technique du véhicule … « On a pour l’instant recensé cinq cas de fraude », note Brahim Ben Ali.
« Des Algorithme vertueux »
L’application, en cours de validation par l’Apple Store, ne s’adresse pour l’instant qu’aux entreprises. « On doit d’abord tester notre technologie à petite échelle », explique le directeur général.
« Notre modèle repose sur des algorithmes vertueux », défend-t-il. C’est-à-dire que Maze propose des prix fixes à ses clients et refuse d’établir des connexions en fonction des profils. « Chez nous, tous les chauffeurs sont des élites », affirme Brahim Ben Ali. Plutôt que d’utiliser des notes, la coopérative mise sur les remontées clients et sur son processus intérieur pour améliorer les prestations. « On est dans une logique d’accompagnement. Si un chauffeur perd des points sur son permis, on ne le déconnecte pas de la plateforme mais on l’invite à faire des stages. » explique-t-il.
En cas de plainte de la part d’un client, le chauffeur peut être mis à l’écart de la plateforme sans en être déconnecté. « Si la plainte s’avère injustifée, une caisse sera créée pour rembourser au chauffeur le chiffre d'affaires perdu », promet le directeur général.
Car Maze a été créée avant tout pour améliorer le bien-être des chauffeurs au travail et en dehors. « On veut que le chauffeur s’épanouisse », revendique son fondateur. Son but est de permettre à ses sociétaires de mieux concilier le travail avec la vie sociale et familiale. Pour y parvenir, l'algorithme se base sur les données récupérées par ses sociétaires pour les inciter à sortir uniquement quand il y a suffisamment de clients disponibles.
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Conquérir le marché européen
Brahim Ben Ali veut développer sa coopérative à l’échelle européenne. La plateforme compte déjà des chauffeurs à Paris, Lyon et Bordeaux. 5 889 chauffeurs sont également en attente d’être enregistrés assure le directeur général. « Nous attendons de développer plus de marchés avant de les intégrer », explique-t-il. Dans ce but, la coopérative est en recherche active d’entreprises partenaires. « Grâce à notre modèle, nous nous inscrivons dans la politique RSE des entreprises », met en avant son directeur général.
En 2025, Maze espère s’ouvrir aux particuliers et concurrencer Uber grâce à la qualité du service. Les prix resteront plus élevés, prévient Brahim Ben Ali qui refuse l’idée d’une « plateforme low cost ». Pour rester attractive, la plateforme envisage une commission sur le montant de la course de 15 % en 2025 contre 25 % chez Uber.
Les courses continueront de se faire uniquement sur réservation, prise au minimum 15 minutes auparavant, afin d’éviter une attente trop longue des courses dans la rue appelée « maraude électronique ».
Elisabeth Crépin-Leblond