No(s) futurs : une pièce de théâtre sur l’éco-anxiété
No(s) futurs raconte le quotidien de Clara, une jeune femme en proie à l’éco-anxiété. Entre un entourage parfois démuni face à ses tourments et des séances chez le psy, elle apprend peu à peu à apprivoiser ses angoisses. La pièce est à l’affiche du théâtre de Nesle à Paris et se joue tous les lundis jusqu’au 24 novembre.
Les paroles caricaturées de journaux télévisés se font entendre dans un tumulte qui les rend à peine perceptibles. On distingue les mots « catastrophe » ou encore « bilan carbone ». C’est de cette manière que débute la pièce No(s) futurs, imaginée et mise en scène par Vincent Leconte pour la compagnie Le Navire qu’il a fondée en novembre 2020.
La pièce se joue tous les lundis au théâtre de Nesle à Paris jusqu’au 24 novembre. C'est sur la base de 72 entretiens réalisés avec des personnes âgées entre 22 et 35 ans et venant d’horizons divers que la création scénique a vu le jour. Carenews s’est rendu à la représentation du 17 novembre.
Le spectacle raconte l’histoire de Clara, jeune dessinatrice éco-anxieuse. On y suit l’évolution de la jeune femme notamment via des entretiens avec son psy. Chaque séance permet de mieux comprendre cette profonde inquiétude climatique. Clara l’extériorise grâce au dessin qui occupe une place prédominante dans la scénographie. Dans la sphère familiale et au sein du couple, les visions se confrontent et poussent l’héroïne à faire des choix.
Une héroïne qui surmonte ses peurs grâce au militantisme
Le « vacarme » sonore permet ainsi de comprendre dès le départ l’effet que peut avoir l’éco-anxiété au quotidien. « Est-ce-que je suis folle ? », demande Clara à son psy. Ce dernier lui répond « Je ne sais pas ce que veut dire fou. En revanche, je sais ce que veut dire éco-anxieux. »
Oxfam liste les troubles que cette angoisse liée au changement climatique peut entraîner : anxiété généralisée, troubles alimentaires, troubles du sommeil, impacts sur les relations interpersonnelles ou plus généralement des symptômes similaires aux dépressions.
L’angoisse de Clara est métaphorisée par des personnages loufoques vêtus de blanc qui incarnent les voix de sa conscience. Elles s’immiscent constamment dans des moments de vie et la renvoie sans cesse à sa culpabilité. Cela prend la forme d’une bataille perpétuelle qu’elle gagne progressivement grâce au militantisme.

Moment en famille. Crédit : Léanna Voegeli
Des chansons au ton engagé
La pièce cherche à « porter un message d’espoir et de réconciliation, sur cette thématique trop souvent liée à un imaginaire sombre et à des fractures sociales importantes. » Pour ce faire, Vincent Leconte a fait appel au compositeur Louis Machto en lui partageant quelques inspirations. Le musicien a participé au montage musical de l’adaptation cinématographique du roman de Nicolas Mathieu Leurs enfants après eux mais aussi du film Une zone à défendre de Romain Cogitore.
La musique joue ainsi un rôle important et accompagne les comédiens dans des instants de « mouvements », parfois dansés. Tout en « renforçant la dramaturgie » de la pièce via des ambiances « contemplatives » ou encore « festives », indique la compagnie dans un post instagram. L’art sonore s’invite aussi quand Clara rencontre un nouveau cercle amical engagé dans la lutte écologique. Ils pratiquent les « goguettes » c’est-à-dire la reprise d’airs connus pour les rendre « plus engagés ».
La pièce est jouée en alternance par Léa Archimbaud, Dorine Bocquet (à l’origine des dessins), Julien Bougot, Fabio di Domenico, Xavier Guerlin, Vincent Leconte et Laetitia Neveux.
Cette semaine, la compagnie Le Navire fête ses cinq ans d’existence. À cette occasion, plusieurs animations sont prévues.
Léanna Voegeli 