Nour, ces cours de yoga destinés aux personnes vulnérables

Coups de klaxon et coups d'œil des passants. Au rez-de-chaussée d’un immeuble dans un quartier populaire parisien, impossible d’oublier une seconde l’agitation extérieure à l’heure de la sortie du travail. Pourtant, les huit élèves yogi semblent imperturbables, comme happés par la douce voix de Clarita, la professeure, et la musique zen qui remplit la pièce. 

Dans ce cours d’une heure, un public inhabituel. On retrouve par exemple Joyce, une retraitée du quartier qui ne rate pas une séance : « Jamais je n’aurais fait du yoga sans l’association. C’est impossible, je touche les minimas sociaux », explique-t-elle. Ou encore Amina, également retraitée, qui a commencé les cours sans même pouvoir lever les bras au ciel à cause de ses kystes.

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Nour, une association fondée en 2019

À l’origine de l’activité, l’association parisienne Nour. Créée il y a quatre ans, elle vise à rendre le yoga accessible aux personnes vulnérables, en situation de précarité. Elle est convaincue des bienfaits physiques et psychologiques de cette pratique sportive.

Le cours du jour accueille notamment des élèves orientés par des acteurs sociaux. Pour Clarita, la professeur de yoga : « on attire des élèves qui ne fréquentent pas forcément des studios de yoga car ils sont chers ou parce que les cours ne sont pas adaptés à leur niveau. » Il est cependant ouvert à tout le monde, avec participation libre, pour encourager la mixité sociale. 

Réfugiés, sans-domiciles…

À côté de ces cours mixtes, Nour propose des prestations payantes à divers établissements sociaux. L’association organise des cours pour leurs bénéficiaires, qu’ils soient réfugiés, à la rue, en prison ou même addicts. Ces prestations représentent 80 % de son activité. 

Faustine Caron a fondé l’association en 2019. Elle en est convaincue, le yoga est un sport « très accessible d’un point de vue matériel et physique. On a uniquement besoin d’un tapis et on peut le pratiquer à peu près n’importe où, dans des salles qui peuvent être petites. » Selon elle, ce sport permet de « gommer les étiquettes qui peuvent exister dans la vie quotidienne. »

Des cours pas comme les autres

Les 260 professeurs de l’association sont formés pour pouvoir s’adapter aux particularités des pratiquants en situation de fragilité. Le maître mot, l’écoute.  En revanche, « on ne veut pas prendre la place d’un travailleur social », estime Faustine Caron. « On dit à nos professeurs de ne surtout pas donner des conseils aux personnes sans avoir la légitimité pour. »

Ici, c’est du sport. Mais pas que :  « Dans les faits, on observe que les groupes se lient. Les personnes se rencontrent, se connaissent. Des amitiés naissent, des liens se créent », se réjouit Faustine Caron. Aujourd’hui, plus de 500 personnes participent chaque semaine à un cours de l’association, présente dans dix villes françaises.

Théo Nepipvoda