TRIBUNE - L'orientation des jeunes : l’urgence d’une mobilisation collective

La réalité est implacable : un jeune sur deux estime ne pas avoir été bien accompagné dans son orientation (sondage BVA, 2022), et autant considère ne pas avoir fait le bon choix (Opinion Way, 2025). L’urgence budgétaire ne doit pas faire oublier l’urgence éducative : l’avenir d’un pays se construit d’abord par l’investissement dans sa jeunesse.

Alors que l’orientation devrait être la clé de voûte de notre école républicaine, elle reste son parent pauvre. Chaque année, les rapports s’accumulent, les constats se répètent, mais les difficultés persistent. L'école ne peut pas porter seule la responsabilité d’une mission aussi décisive que complexe. Nous devons être à ses côtés et passer des discours cloisonnés aux actions collectives, sans attendre.

Un monde qui change, une orientation qui doit s’adapter

Les rapports de la Cour des comptes, des Régions de France, du Défenseur des droits ou encore du Medef s’accordent sur l’importance de changer nos pratiques et de faire de l’orientation une priorité nationale.

72 % des chefs d’établissement déclarent ne pas être en mesure de – ou ne pas encore savoir s’ils pourront – mettre en œuvre le plan orientation. »

Les annonces du ministère étaient attendues à ce sujet ; force est de constater qu’elles n’apportent pas les solutions espérées par les acteurs de terrain. Selon l’enquête de rentrée 2025 du Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale (SNPDEN), 72 % des chefs d’établissement déclarent ne pas être en mesure de – ou ne pas encore savoir s’ils pourront – mettre en œuvre le plan orientation.

Dans un monde en pleine mutation, apprendre à s'orienter nécessite de vivre des expériences et de développer des compétences pour mieux comprendre le monde, gagner en autonomie et s’adapter aux changements.

Paradoxalement, nous demandons encore aux adolescents de choisir un métier très tôt, alors qu’ils devront en changer plusieurs fois et exercer parfois des emplois qui n’existent pas encore. Pour que l’orientation favorise l’émancipation et l’employabilité, il faut la penser comme un parcours comprenant des passerelles permettant à chacun d’évoluer et de se former tout au long de la vie.

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Faire ensemble pour ne laisser aucun jeune de côté

Si 83 % des jeunes se disent préoccupés par leur orientation (BVA, 2023), un manque d’accompagnement n’a pas le même impact pour les plus fragilisés. Pour les aider à se projeter avec enthousiasme, à révéler le meilleur d’eux-mêmes, à faire des choix qui leur correspondent, nous avons besoin de l’engagement de tous.

Les institutions et professionnels éducatifs, les collectivités territoriales, les entreprises, les associations, les familles : nous avons tous un rôle à jouer, mais aucun ne peut véritablement accompagner les jeunes sans les autres.

L’orientation ne doit pas être réduite à un tri des élèves, un sujet d’affectation ou d’adéquation à un marché : c’est un enjeu de société, une responsabilité collective et un investissement pour l’avenir. »

Toutes les expériences, toutes les rencontres, tous les échanges, à l’école ou en dehors, leur servent à construire leurs projets d’avenir. C’est pour cela que nous devons casser les silos et apprendre à mieux travailler tous ensemble. Appuyons-nous sur les forces et expertises de chacun pour ouvrir les perspectives des jeunes et leur permettre de s’engager avec envie et confiance. Construire une orientation plus juste, plus inclusive et plus vivante passera obligatoirement par une meilleure coopération entre toutes les parties prenantes et un meilleur dialogue avec le jeune. Les alliances éducatives sont un levier décisif pour y parvenir : il est nécessaire de les faire grandir.

L’orientation ne doit pas être réduite à un tri des élèves, un sujet d’affectation ou d’adéquation à un marché : c’est un enjeu de société, une responsabilité collective et un investissement pour l’avenir. Nous ne pouvons plus attendre, il est temps de s’engager collectivement car aider un jeune à trouver sa voie, c’est aussi aider notre pays à trouver la sienne.

Signataires : 

• Sébastien Gurung, délégué général du Collectif orientation
• Isabelle Andrieu, déléguée générale de Crée ton avenir
• Vincent Olivier, fondateur de Métiers 360
• Hélène Chahine, déléguée générale de la Fondation CGénial
• Yann Tanguy, délégué général des Entreprises pour la Cité
• Julien Fernandez, délégué général de Rencontres entreprises-enseignants
• Marie-Caroline Missir, déléguée générale de Vers le Haut
• Athina Marmorat, fondatrice de Rêv’elles
• Patrick Carret, délégué général de la Fédération des écoles de production
• Béatrice Viannay-Galvani, déléguée générale d’Entreprendre pour apprendre
• Sebastien Levy Prudent, co-directeur d’Olecio
• François-Xavier Huard, délégué général d’Evocae
• Marie-Pierre Dequier, présidente de France apprenante
• Claire Bleton-Martin, déléguée générale d’Année lumière
• Adélaïde Villemain et Vincent Bruggeman, co-directeurs d'À deux mains
• Virginie Salmen, déléguée générale de Viens voir mon taf
• Serge Blain, fondateur de VivaPro
• Céline Nicoli, responsable pédagogique de L’École à l'hôpital
• Emilie Pesce, déléguée générale de l’Afinef
• Clémentine Claudon et Laetitia de Borde, co-directrices de Lit up
• Laurence Constant, membre du CollectivZ
• Armand Cosseron, président d’Orientation for good
• Fatma Chouaieb, co-fondatrice d’Hello Charly
• Emmanuel Peter, président de Talents du numérique
• Jocelyn Rigault, délégué général du Choix de l’école
• Gabrielle Légeret, fondatrice de De l’or dans les mains
• Cécile Thiry, co-présidente de Génération 15-25
• Jérémy Cazalas, fondateur de Deviens génial !