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Par Carenews INFO - Publié le 31 mars 2023 - 10:43 - Mise à jour le 13 novembre 2023 - 15:15 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Plan eau : les mesures seront-elles suffisantes pour répondre à la crise de l’eau ?

Emmanuel Macron annonçait hier les mesures principales du plan « d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau ». Elles portent sur sa sobriété, l’amélioration de sa disponibilité ou encore sa qualité. Détails.

Plusieurs mesures ciblent la consommation des citoyenne·s. Crédits : iStock.
Plusieurs mesures ciblent la consommation des citoyenne·s. Crédits : iStock.

 

Le président de la République présentait ce jeudi 30 mars le « Plan eau » du gouvernement à Savines-le-Lac (Hautes-Alpes). Comme le rappelle Météo France  « Depuis l’été 2021, la France subit une sécheresse météorologique préoccupante », qui « se traduit par un assèchement des sols » et une recharge insuffisante des nappes phréatiques. Les modèles scientifiques ne prévoient pas d’amélioration de la situation dans le futur. 

Le gouvernement prévoit des mesures de court terme, destinées à préparer l’été prochain, ou des investissements sur le long terme. Il a élaboré un « plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau », qui décrit 53 mesures. 

 

Mesures de sobriété

 

Actions de sensibilisation auprès des élèves, travaux dans le bâtiment, démarche dite « d’État exemplaire »… L’ensemble des entreprises, les administrations, les collectivités et les particuliers devront en tous cas se mobiliser pour une utilisation plus sobre de l'eau. Le président a aussi annoncé un « Écowatt de l'eau », afin de renseigner l'ensemble des catégories d'usagers au sujet des restrictions d'eau et des éco-gestes recommandés.  

 

Deux secteurs font l’objet d’une attention particulière. Le président prévoit d’abord un vaste programme d’investissement dans les centrales nucléaires, pour favoriser les économies d’eau : elles représentent 12 % de la consommation totale en France. Le gouvernement accompagnera aussi« au moins » cinquante sites industriels « avec le plus fort potentiel de réduction » dans des plans d’économie.

 

L’ensemble des mesures doit permettre de diminuer de 10 % l’eau prélevée d’ici 2030. À ce sujet, si elle salue globalement « l’effort écologique affiché par le gouvernement », l’association France Nature Environnement regrette que « les ambitions fixées lors des Assises de 2019 » soient «étonnamment revues à la baisse ». 

 

Projets d’investissements 

 

Un cinquième de l’eau est perdu en France à cause des fuites sur les réseaux. Une situation « inacceptable », selon Emmanuel Macron qui attribuera 180 millions d’euros à leur modernisation chaque année. Le gouvernement versera aussi 35 millions d’euros par an aux territoires d’Outre-mer, dont la situation s’avère « tout particulièrement difficile ».

 

La valorisation des eaux usées devrait aussi faire l’objet d’un investissement important. 1 % sont retraitées en France. C’est trop peu par rapport à d’autres pays, selon Emmanuel Macron qui ambitionne de réutiliser 30 % de ces eaux d’ici 2030.

 

Dans ce but, l’État soutiendra 1 000 projets en cinq ans. Le plan annonce aussi une réduction des « freins réglementaires » au traitement et à la réutilisation des eaux. France Nature Environnement rappelle que la réutilisation d’eaux usées traitées « a aussi un coût et peut générer des problèmes sanitaires et écologiques, notamment sur la vie et la biodiversité des sols ». « Les solutions techniques » comme celles-ci « ont leur place dans le panel de réponses à apporter, mais ne suffiront pas », estime l’association. 

 

Transformer notre modèle agricole

 

Pour moderniser notre modèle agricole, Emmanuel Macron a appelé de ses vœux l’adaptation des modes de culture aux évolutions climatiques. Il a aussi estimé que la transformation du modèle agricole nécessite de « faire évoluer le stockage de l’eau ». « Le choix le plus cohérent, partout où on le peut » sera de maximiser la capacité de stockage des sols. Dans ce but, 100 millions d’euros seront mobilisés cette année pour « financer des projets de renaturation et de désimperméabilisation des collectivités », selon le plan. 

 

Mais en plein débat sur les « mégabassines », le chef de l’État ajoute qu’il y a « des endroits où il faut des nouveaux ouvrages » de retenues d’eau, « selon les particularités de territoires ». Leur usage sera conditionnées à des pratiques agricoles à bas niveaux d’intrant, soutenues par 100 millions d’euros supplémentaires.  

 

Sur son compte Twitter, l’association Greenpeace déplore que le président n’ait pas évoqué l’élevage industriel, responsable du développement d’algues vertes et de la contamination de l’eau potable. 

 

Une tarification adaptée

 

Enfin, la tarification de l’eau évoluera pour devenir « progressive et responsabilisante », selon les termes d’Emmanuel Macron. Les premiers mètres cubes seront facturés à prix modestes, pour les usages quotidiens. Au-delà d’un certain niveau, leur tarif augmentera : il s’agit « d’inciter à la sobriété » sur les « consommations de confort ». 

 

France Nature Environnement salue une « excellente nouvelle », ainsi qu’une « mesure réclamée par les associations depuis des décennies ». 

 

Le Conseil économique, social et environnemental « sera saisi d’une mission sur les évolutions nécessaires » et effectuera des recommandations sur le sujet en 2023. 

 

Des engagements à concrétiser

 

L’avocat spécialiste du droit de l’environnement Arnaud Gossement juge sur Twitter que « Certaines mesures sont très imprécises, voire presque vides de sens » et ajoute qu’ « une fois de plus, l’État présente un Plan qui est un catalogue d’annonces générales à réaliser demain ». Il conclut qu’un « recensement des règles de droit existantes, des manquements et des moyens précis à mettre en œuvre pour respecter le droit aurait été préférable ». 

 

L’association France Nature Environnement considère quant à elle que « Plus que de nouveaux engagements, le « plan eau » rappelle pour l’essentiel des mesures déjà annoncées en 2019 à la suite des Assises de l’eau. Il s’agit donc en réalité plutôt d’une feuille de route du gouvernement et, sur le contenu, la promesse d’enfin mettre en œuvre des engagements pour la plupart déjà affirmés ». 

 

Célia Szymczak 

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