Profil des bénéficiaires des Banques alimentaires : « la précarisation se diffuse dans la société »
La Fédération française des Banques alimentaires a publié le 24 février une étude réalisée tous les deux ans portant sur le profil des bénéficiaires de l’aide alimentaire. Les profils concernés sont de plus en plus hétérogènes, en raison d’une augmentation de la précarité liée à l’inflation.

La Fédération française des Banques alimentaires a publié le 24 février une enquête portant sur les bénéficiaires de l’aide alimentaire. Réalisée tous les deux ans et intitulée « Profils », celle-ci fournit des informations sur les caractéristiques sociodémographiques des personnes accueillies dans les associations et centres communaux d’action sociale (CCAS) partenaires du réseau des Banques alimentaires.
L’étude confirme une tendance déjà identifiée en 2022 : le profil des personnes accompagnées se diversifie. Des « travailleurs pauvres », des retraités et des personnes vivant dans les territoires ruraux sont de plus en plus nombreux à avoir recours à l’aide alimentaire. « La précarisation se diffuse dans la société », constatent les auteurs.
Augmentation des personnes retraitées
En effet, environ un quart des personnes interrogées sont en emploi : cette proportion augmente de cinq points par rapport à 2022. Près de la moitié d’entre elles (43 %) travaille à temps plein. La Fédération des Banques alimentaires note aussi que 15 % des répondants sont propriétaires.
D’autre part, une personne accompagnée sur quatre vit en milieu rural (+ 6 points depuis 2022). Ces personnes « cumulent les difficultés », peut-on lire dans le rapport, puisqu'elles vivent « éloignées des centres d’activité mais également des centres de soin ». Elles sont d’ailleurs plus nombreuses que les autres à renoncer aux frais de santé.
Une personne sur cinq est retraitée : leur part parmi les bénéficiaires augmente de trois points par rapport à 2022.
L’alimentation passe après d’autres postes de dépense
La Fédération française des Banques alimentaires explique notamment cette hétérogénéisation des profils par l’impact persistant de l’inflation. « Les personnes souffrent de la hausse des prix qui est la première cause du recours à l’aide alimentaire pour un tiers des répondants », peut-on lire dans le rapport. Elle affecte davantage les habitants des territoires ultramarins, où elle est plus importante qu’ailleurs, indiquent les auteurs.
Face à des dépenses auxquelles il n’est pas possible de renoncer, à commencer par le logement et les factures d’eau ou d’énergie, l'alimentation devient une « variable d’ajustement budgétaire », déplorent-ils.
prévalence des personnes seules
La fédération pointe aussi une aggravation de l’état de santé des personnes accueillies : les trois quart d’entre elles déclarent avoir un problème de santé physique ou mentale. Les problèmes de vue et les problèmes dentaires sont prévalents mais font l’objet « d’une renonciation aux soins importante », précisent les auteurs, puisqu’ils impliquent une prise en charge onéreuse.
Le rapport insiste sur l’utilité de l’accompagnement proposé par les associations et les CCAS pour les personnes interrogées, au-delà de l’aide alimentaire. Démarches administratives, problèmes financiers, de santé ou de logement… 63 % des répondants déclarent avoir besoin d’un appui sur ces sujets divers.
Les ateliers de promotion de la santé proposés par les associations rencontrent d’ailleurs « un vif succès », indiquent les auteurs. Avec les ateliers de cuisine, ceux-ci permettent aux personnes d’effectuer des rencontres et de sortir de l’isolement. 46 % des personnes accueillies sont seules. Cette part augmente également de 5 points par rapport à 2022
Célia Szymczak