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Par Carenews INFO - Publié le 8 décembre 2025 - 11:00 - Mise à jour le 8 décembre 2025 - 11:00
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TRIBUNE - Quand la philanthropie d’entreprise devient un levier de durabilité et d’impact systémique

La philanthropie doit désormais être considérée comme un instrument d'impact pour l'entreprise, aligné avec sa stratégie RSE et ses critères ESG, estime Pierre-Samuel Guedj dans cette tribune. En Afrique, en particulier, la fondation d'entreprise contribue au développement des territoires et favorise les alliances multi-acteurs.

La philanthropie d’entreprise s’impose désormais comme un levier stratégique de transformation durable
La philanthropie d’entreprise s’impose désormais comme un levier stratégique de transformation durable

 

 

 

Longtemps considérée comme une expression désintéressée de la générosité, la philanthropie d’entreprise, dont le mécénat, s’impose désormais comme un levier stratégique de transformation durable. Elle ne relève plus d’un supplément d’âme, mais d’un supplément de sens, contribuant directement à la cohérence, à la performance et à la légitimité de l’entreprise dans son écosystème sociétal.

 

De la donation à la transformation

 

Le monde de l’entreprise a changé de paradigme. L’heure n’est plus aux actions symboliques ou compensatoires, mais à l’ancrage structurel de la durabilité dans les modèles économiques. Les fondations d’entreprise, françaises notamment, incarnent ce basculement : elles traduisent, sur le terrain, la volonté d’une organisation d’assumer sa part de responsabilité dans les transitions sociales et environnementales.

Une politique philanthropique intégrée n’est donc pas un appendice de communication, mais un instrument d’impact, aligné sur la stratégie RSE et les critères ESG du groupe, notamment à l’international. En investissant dans l’éducation, la santé, l’entrepreneuriat local ou la transition énergétique sur les différents territoires où l’entreprise opère, la fondation devient un laboratoire d’innovation sociétale, un espace d’expérimentation qui nourrit y compris la réflexion stratégique du groupe sur ses propres chaînes de valeur, jusqu’en Asie, en Afrique ou Amérique Latine.

 

Un vecteur de cohérence et de crédibilité ESG

 

L’intégration de la philanthropie à la gouvernance ESG permet de renforcer la cohérence entre le « purpose » de l’entreprise et ses engagements concrets.

  • Sur le plan environnemental (E), les fondations peuvent accélérer l’adaptation climatique, soutenir la biodiversité, ou faciliter l’accès aux énergies renouvelables.
  • Sur le plan social (S), elles participent à la montée en compétences, à l’inclusion et à la réduction des inégalités territoriales jusque dans l’accès à certains services essentiels, notamment dans les pays « à gouvernance perfectible » (c'est-à-dire atteint de corruption ou d’incurie jusque dans les services publics ou essentiels), comme en Afrique.
  • Sur le plan gouvernance (G), elles incarnent la transparence, le dialogue et la participation des parties prenantes.

 

Autrement dit, une philanthropie stratégique crédibilise les engagements sociétaux de l’entreprise et en matérialise l’impact humain, mesurable, concret et durable.

 

Une philanthropie stratégique crédibilise les engagements sociétaux de l’entreprise et en matérialise l’impact humain, mesurable, concret et durable. »

 

En Afrique, une philanthropie d’ancrage et de co-création

 

Sur le continent africain, la fondation d’entreprise, française ou africaine, joue un rôle singulier : celui d’un acteur de développement local, partenaire des territoires et catalyseur d’alliances multi-acteurs. Ce sont ainsi près de 5 000 entreprises françaises présentes sur le continent, employant plus de 700 000 collaborateurs, majoritairement locaux. Sans compter celles qui opèrent ou s’approvisionnent dans les 54 pays africains depuis la France, ou encore s’impliquent au titre de leur RSE et de leurs fondations. Dans cet environnement spécifique où les États et les infrastructures sociales et publiques restent parfois fragiles, la philanthropie des entreprises devient un vecteur d’équité et de résilience, au croisement de l’innovation, du développement et de la solidarité.

Elle ne repose plus sur un modèle descendant, mais sur la co-création de valeur : en associant communautés locales, collectivités, entrepreneurs et société civile, la fondation participe à l’émergence d’un capital social partagé, fondement d’une croissance plus inclusive.

C’est en Afrique, sans doute plus qu’ailleurs, que la philanthropie des entreprises, notamment françaises et européennes, peut révéler sa pleine dimension transformatrice : celle d’un acteur du bien commun, enraciné dans les réalités locales, mais ouvert aux dynamiques globales de durabilité et de résilience.

 

Vers une philanthropie systémique

 

Les fondations d’entreprise les plus avant-gardistes ne se contentent plus d’intervenir : elles mesurent, évaluent et capitalisent. Elles inscrivent leurs actions dans une logique d’impact mesurable, à l’aune des enjeux et des besoins des territoires, contribuent à l’élaboration de politiques publiques territoriales innovantes et irriguent, par l’expérience, les stratégies RSE du groupe.

Cette philanthropie de nouvelle génération est systémique : elle pense en termes d’écosystèmes, d’interdépendances, de chaînes de valeur durables. Elle considère l’humain comme la première ressource et la planète comme un bien commun.

En somme, la philanthropie d’entreprise n’est pas un acte périphérique : elle est un pilier de l’engagement sociétal vers la durabilité. Elle donne à voir — et à vivre — la promesse d’une entreprise responsable, consciente que son empreinte ne se mesure pas seulement en résultats économiques, mais également en impacts sociétaux positifs.

 

La philanthropie d’entreprise n’est pas un acte périphérique : elle est un pilier de l’engagement sociétal vers la durabilité. »

 

En Afrique, cette dynamique prend une résonance particulière : elle incarne la conviction qu’il n’y a pas de développement durable sans inclusion, pas de croissance sans équité, et pas de performance sans sens. Elle peut en cela inspirer les pays du Nord, au titre de la « reverse innovation » - ou comment l’innovation sociétale des pays du Sud peut contribuer à la gestion des enjeux sociaux des pays du Nord.

 

Pierre-Samuel Guedj, président d’Affectio Mutandi & de la commission RSE & ODD du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN)

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