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Par Carenews INFO - Publié le 6 mars 2025 - 11:08 - Mise à jour le 6 mars 2025 - 11:46 - Ecrit par : Camille Dorival
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Quand quatre tiers-lieux coopèrent pour soutenir les artistes et la culture en Seine-Saint-Denis

Le pôle territorial de coopération économique (PTCE) Pot Kommon, en Seine-Saint-Denis, rassemble quatre tiers-lieux culturels et artistiques, qui créent des projets communs en direction des artistes et du grand public. Reportage à Mains d’œuvres, l’un des quatre lieux associés à ce projet, situé à Saint-Ouen.

L'ancien centre social des usines Valeo accueille désormais le tiers-lieu culturel Mains d'oeuvres, à Saint-Ouen. Crédit : Carenews.
L'ancien centre social des usines Valeo accueille désormais le tiers-lieu culturel Mains d'oeuvres, à Saint-Ouen. Crédit : Carenews.

 

 

« Bienvenue à Mains d’œuvres ! », s’exclame Marion Mollard-Fuentes, salariée de l’association du même nom. Ce tiers-lieu culturel situé au cœur de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, a plusieurs vocations. Comme l’explique notre guide, « nous accueillons des artistes en résidence annuelle ou de manière plus ponctuelle, en leur proposant notamment vingt studios de musique, un studio d’enregistrement, une salle de concert, un studio de danse et plusieurs ateliers. Mais nous travaillons aussi en direction du grand public, en recevant les habitants de la ville dans le cadre de notre programmation artistique, mais aussi dans notre espace de restauration ou dans notre École des possibles, qui propose des cours de danse, théâtre et musique en pratique amateure tous les soirs de la semaine ». L’été, le lieu dispose aussi d’une scène et d’un bar en plein air.

 


À lire aussi : L'ANTISÈCHE - Au fait, c'est quoi un tiers-lieu ? 


 

Un fort ancrage territorial

 

Cet espace unique est installé dans un bâtiment de 4 000 mètres carrés appartenant à la ville de Saint-Ouen, ancien centre social des usines de l’équipementier automobile Valeo. Au début des années 2000, alors que le bâtiment est abandonné, il est investi par des artistes, avant d’être confié à l’association Mains d’œuvres, avec la mission d’en faire un lieu culturel fortement ancré dans le territoire audonien.

Depuis, l’association s’est développée et compte désormais treize salariés permanents et six jeunes en service civique chargés de gérer le lieu. Outre les activités organisées en son sein, elle a développé tout un programme d’actions culturelles « hors les murs », en lien avec les associations de la ville. C’est ainsi qu’elle a animé le projet Starting Block, série d’ateliers alliant art et sports, à destination des 7-13 ans, en collaboration avec l'association Un espoir pour tous, ou encore le dispositif Verdir Cordon ensemble, initiative d’agriculture urbaine visant à créer un jardin participatif au sein de la cité Émile Cordon à Saint-Ouen.

 

cantine Mains d'oeuvres
L'espace de restauration de Mains d'oeuvres est ouvert aux habitants de la ville. Crédit : Carenews. 

 

Le seul PTCE culturel en France

 

Mains d’œuvres s’est également rapprochée de trois autres tiers-lieux culturels de Seine-Saint-Denis : le 6B, à Saint-Denis, ainsi que Les Poussières et La Villa mais d’ici, tous deux situés à Aubervilliers. Ensemble, ils forment un pôle territorial de coopération économique (PTCE), Pot Kommon, le seul PTCE consacré exclusivement à la culture en France. Comme l’explique Bernard Latarjet, référent culture au Labo de l’ESS, « un PTCE, c’est un regroupement d’acteurs sur un territoire donné – des organisations de l’économie sociale et solidaire, mais aussi des entreprises classiques, des collectivités locales ou des centres de recherche -, qui souhaitent coopérer autour de projets économiques innovants de développement local durable ». Il en existe environ 200 en France.

Pot Kommon s’est ainsi construit autour de plusieurs projets communs aux quatre tiers-lieux : des résidences d’artistes croisées et itinérantes entre les différents lieux, des formations professionnelles à destination du secteur culturel et artistique, des visites et conférences thématiques, ainsi que des rencontres et échanges entre artistes et avec les habitants.

 

Le lien entre culture et ESS, exploré depuis plusieurs années par Le Labo de l’ESS

Ce reportage a été réalisé dans le cadre d’une visite organisée par le think tank Le Labo de l’ESS dans le cadre de la programmation célébrant ses 15 ans d’existence.

Le Labo de l’ESS s’intéresse au lien entre culture et économie sociale et solidaire depuis plusieurs années. Il a notamment publié l’étude « Rapprocher la culture et l’économie sociale et solidaire », menée par Bernard Latarjet, en 2017. Cette étude souligne le lien très étroit entre les deux « familles » : ainsi, 15 à 17 % des structures de l’ESS sont des entreprises du secteur culturel ; et 70 % des entreprises culturelles ont un statut d’ESS, le plus souvent associatif, mais aussi coopératif.

Cette première étude s’est poursuivie avec la publication « Voies d’action pour développer l’économie culturelle sociale et solidaire », en 2020, qui formule des propositions sur 4 thèmes : 1. Consolider et créer des lieux pour les entreprises culturelles sociales et solidaires 2. Accompagner et former les porteurs de projets 3. Développer la coopération, sous toutes ses formes, entre opérateurs culturels 4. Adapter les modèles économiques et les outils de financement des entreprises culturelles

 

Des résidences croisées d’artistes

 

Les résidences d’artistes ne consistent pas seulement à mettre des espaces à disposition de ces artistes pendant un an. « Nous accompagnons les artistes à la fois de manière individuelle et collective », souligne Marion Mollard-Fuentes. L’accompagnement peut par exemple consister à les aider à monter des projets d’action culturelle ou des dossiers de subventions, à les former sur la recherche de financement ou le statut d’intermittent du spectacle.

« Tous les jeudis à 11h, nous organisons aussi un café des résidents, pour leur permettre d’échanger et de créer des liens. Nous leur donnons aussi des cartes blanches sur la programmation culturelle de nos lieux, sur des projets qu’ils peuvent monter en commun : expositions, conférences, spectacles, ateliers, etc. », raconte Marion Mollard-Fuentes.

 

ateliers d'artistes, Mains d'oeuvres
L'un des ateliers d'artistes du tiers-lieu Mains d'œuvres. Crédit : Carenews. 

 

Une logique de coopération artistique

 

« Nous sommes dans une logique de coopération artistique, souligne Joséphine Dresler, coordinatrice territoriale pour la société coopérative d’intérêt collectif (Scic) La Main, qui coordonne le PTCE. Nos quatre lieux sont nés il y a plus de vingt ans et sont tous pluridisciplinaires, mais chacun a un accent plus marqué sur certaines pratiques artistiques. Le PTCE nous permet de valoriser la complémentarité entre les différents lieux et les échanges de pratiques entre différents types d’artistes ». Ainsi, si Mains d’œuvres accueille beaucoup de musiciens, le 6B est plus orienté vers les artistes plasticiens, et la Villa mais d’ici vers les arts de la rue.

Le PTCE travaille également sur les sujets de transition écologique. « Notamment parce que nos bâtiments sont tous des passoires thermiques et qu’il y a un enjeu à améliorer nos performances énergétiques, mais aussi parce que nous estimons que la culture a un rôle essentiel à jouer dans la sensibilisation et l’engagement citoyen face aux défis sociaux et environnementaux », explique Joséphine Dresler.

C’est ainsi qu’est né le dispositif « Green Kommon », qui travaille notamment sur la notion d’« autoconsommation collective ». Le collectif projette notamment d’installer des panneaux photovoltaïques mutualisés afin de produire l’électricité consommée par les quatre lieux, mais aussi de revendre le surplus au profit de la production artistique.

 

Camille Dorival 

 

salle de conférences Mains d'oeuvres
La salle de conférences de Mains d'œuvres, d'une centaine de places, a notamment accueilli le tournage du film Podium. Crédit : Carenews. 

 

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