Sailcoop met le cap sur des voyages décarbonés et durables !

Le secteur du voyage doit se réinventer. Critiqué pour ses émissions de gaz à effet de serre, l’avion ne fait plus rêver en 2023. Avec 31% des émissions françaises de gaz à effet de serre, le transport est la première source d’émissions (source : Ademe), et les émissions d’un avion sont 45 fois supérieures à celles du TGV. 

Un impact sur les émissions carbone des voyages

L’une des destinations phares de la saison estivale en France est sans conteste la Corse, avec ses neuf millions de voyageurs chaque année. C’est précisément la destination sur laquelle s’est positionnée la coopérative Sailcoop depuis 2022. 

« Notre objectif est de lutter contre les émissions carbone du voyage en avion ou en ferries. Nous voulons proposer une alternative décarbonée au transport maritime de passagers et on arrive à le faire ! », nous confie Maxime de Rostolan, fondateur de Sailcoop. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : « Nous sommes à 85 % d’émissions en moins par rapport à l’avion, 95 % par rapport aux ferries de jour et 90 % en comparaison à ceux des trajets de nuit », indique-t-il. 

Sailcoop veut transformer le voyage en mer

Même si pour le moment, cela ne concerne que peu de personnes, il s’agit d’une décarbonation très qualitative. En 2022, Sailcoop a enregistré 27 traversées pour 150 personnes qui ont voyagé vers l’île de Beauté, mais avec un dépaysement qui commence dès l'embarquement avec vue sur la mer et les dauphins, baleines, etc. 

Pour la saison 2023, le voilier ralliera Saint Raphaël à Calvi en 14 ou 20 heures selon la météo et le vent. À 240 euros le billet simple, en cabine couchette tout confort, avec trois repas veggie concoctés par une chef cuisinier marseillais, l’entrepreneur prévoit d’embarquer 2 000 personnes cette année. 

Nous avons un deuxième voilier cette année et doublé les équipages pour assurer un aller / retour avec deux équipages différents à la suite. En basse saison, nous proposons deux départs tous les cinq jours et dès le mois de juillet, nous passerons à un départ par jour », précise Maxime de Rostolan. 

Un entrepreneur militant qui veut changer les mentalités

« Je suis un entrepreneur engagé et militant, même si ce terme fait peur à certains », souligne le dirigeant. Il prône le rôle majeur des entrepreneurs d’aujourd’hui confrontés à un monde qui n’est plus conforme à ce qu’il faut faire. « Tout entrepreneur qui souhaite agir pour le bien commun doit être militant, ou au moins lobbyiste. Le cadre légal nous emmène droit dans le mur. Nous devons changer les choses pour aller dans le bon sens et il est de la responsabilité des entrepreneurs de faire du lobbying pour lever les freins. » 

Le chemin a en effet été semé d’embûches. « Nous avons eu pas mal de démêlés judiciaires qui perdurent encore aujourd’hui. Nous n’avions pas le droit de proposer des lignes régulières, car nous ne sommes pas un navire de plaisance ne transportant pas plus de dix passagers. Notre projet est donc considéré comme une expérimentation nationale pour le moment, tout à fait réglementaire, mais nous espérons que la loi évoluera pour proposer ce genre de voyages de façon plus durable. » 

Cap sur le grand large décarboné

Les projets ? Maxime de Rostolan avoue avoir plein d’idées en tête. L’équipe Recherche & Développement travaille sur un projet de bateau catamaran innovant de 80 pieds qui proposera d’embarquer 80 personnes, même à mobilité réduite, pour de courtes distances. « Il va falloir remplacer le parc des vedettes et des ferries dans le monde entier pour être aligné sur les objectifs de durabilité dans le secteur du voyage, et pourquoi pas s’exporter aux Antilles, en Nouvelle-Zélande… Je ne m’interdis rien. »

Une première reconnaissance du monde professionnel lui a été décernée fin mars. Sailcoop vient d’être récompensée lors des Césars du Voyage Responsable au Flow à Marseille. Maxime de Rostolan a été un des 18 professionnels du tourisme lauréats à recevoir une distinction pour son investissement dans la transition écologique.

Christina Diego