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Par Carenews INFO - Publié le 29 juin 2022 - 12:00 - Mise à jour le 29 juin 2022 - 14:28
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Sarah (#NousToutes) : « Les jeunes ont le devoir de s’engager pour éviter les retours en arrière et permettre toujours plus de progrès »

À vingt ans, Sarah est déjà une féministe engagée qui milite depuis près de deux ans au sein du collectif #NousToutes. Organisation et participation à des manifestations, des happenings, mais aussi des actions de sensibilisation, elle nous a parlé de sa vie de jeune activiste où l’engagement prend une place importante.

Crédit photo : Pixabay
Crédit photo : Pixabay

 

Ces dernières années, les jeunes activistes ont largement occupé la scène médiatique à l’image de Greta Thunberg ou de Camille Étienne pour ce qui est des mouvements pour le climat. Nombre de jeunes se mobilisent aussi dans le cadre des luttes féministes. C’est le cas de Sarah, vingt ans, militante au sein du collectif #NousToutes, qui témoigne anonymement. Pourquoi a-t-elle décidé de s’engager ? Quelle place l’activisme prend-il dans sa vie ? Nous l’avons rencontrée.

 

  • Pourquoi t’es-tu engagée au sein du collectif #NousToutes ?

 

Je m’intéresse au féminisme depuis la fin du collège. Au départ, je me renseignais et me mobilisais via les réseaux sociaux. Arrivée à la fin de ma première année de prépa, j’ai voulu m’engager de façon plus concrète. Le militantisme en ligne est quelque chose de génial et de très important, mais je voulais aussi rencontrer et échanger en face à face avec des personnes qui partagent mes convictions.

J’ai découvert le collectif national #NousToutes pendant le premier confinement. En septembre 2020, lorsqu'il a lancé un appel à créer des collectifs locaux, avec sept autres militantes nous avons créé #NousToutesRhône pour mener la lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans la région lyonnaise.

 

  • Comment fonctionne le collectif et quelles sont les actions qu’il organise ?

 

Le collectif national lance des évènements ou des actions à l’échelle du pays et propose aux collectifs locaux de participer. #NousToutesRhône peut aussi s’engager de façon plus autonome à l’échelle de la région lyonnaise. Nous organisons des manifestations, des happenings ainsi que des opérations de sensibilisation ou de collage. 

 

  • En quoi consistent vos actions de collage ?

 

Nous travaillons essentiellement de nuit en petits groupes pour faire passer nos messages dans l’espace public. Le collage peut être réalisé dans le cadre d’une mobilisation du collectif national #NousToutes. Par exemple, nous participons à des opérations de renommage de rues auxquelles nous attribuons des noms de femmes célèbres ou de victimes de féminicides.

 

Les collages peuvent aussi porter sur des sujets très spécifiques pour annoncer nos manifestations à venir ou bien en lien avec une actualité. Pendant l’entre-deux-tours de la présidentielle, nos affiches portaient sur le « #pasuneseulevoix » pour appeler les féministes à ne pas soutenir Marine Le Pen.

 

  • Quel est le dernier happening auquel tu as participé ?

 

Le week-end dernier, nous nous sommes aussi rassemblé⋅e⋅s devant l’ambassade étasunienne pour protester contre la décision de la Cour Suprême des États-Unis qui met en danger le droit à l’avortement. À travers des pancartes et des prises de paroles, nous voulions dénoncer ce retour en arrière et rappeler que la France n’est pas à l’abri de ce genre de drames.

 

  • Comment concilies-tu ton engagement avec ta vie familiale et étudiante ?

 

Au sein de #NousToutesRhône, je suis membre du groupe « orga » qui coordonne les actions localement et assure le lien avec le collectif national. C’est très intéressant, mais cela représente au moins deux demi-journées par semaine et surtout pas mal de week-ends !

 

Comme j’avais mon propre studio pendant la prépa, je n’avais pas de contraintes familiales. C’était autre chose au niveau scolaire ! Mais même s’il m’est arrivé de rater des cours pour me rendre à des réunions ou participer à des actions, je pense que le militantisme m’a aidée à tenir le coup en prépa dans un environnement sexiste et malsain par beaucoup d’aspects. M’engager m’a permis de m’investir dans d’autres projets tout aussi importants pour moi et de retrouver les militantes du groupe « orga » qui sont comme mes sœurs. Leur soutien a été précieux pendant ces deux ans !

 

  • Que pensent ta famille ou tes amis de ton engagement ?

 

En général, toutes les personnes, que je croise de près ou de loin, découvrent à un moment que je suis engagée, mais elles ne savent pas toutes à quel point. Ma famille sait que je suis très féministe, mais n’est pas au courant de mon militantisme à #NousToutesRhône. Je ne veux pas les inquiéter.

 

En revanche, tou⋅t⋅e⋅s mes ami⋅e⋅s et la plupart de mes connaissances le savent. Dans la majorité des cas, c’est bien accueilli et dans le cas contraire, je coupe les ponts assez rapidement (rires). Il est fréquent qu’on vienne me poser des questions ou me demander des conseils. Par exemple, un ami m’a demandé de l’aide pour sa mère qui était victime de violences conjugales. J’ai pu lui donner le contact de structures d’accueil pour lui permettre de déménager dans un lieu sûr.

 

  • Que penses-tu de l’engagement sur les réseaux sociaux ?

 

Les réseaux sociaux sont une arme indispensable pour le militantisme. Pour informer et sensibiliser les jeunes, c’est le support le plus efficace. De plus, l’extrême-droite et les réactionnaires se mobilisent énormément en ligne. En tant que féministes, nous ne pouvons pas l’ignorer et nous devons leur répondre en utilisant les mêmes supports.

 

  • Que dirais-tu à une personne de ton âge pour la convaincre de s’engager dans le féminisme ?

 

Nous avons la chance de vivre dans un pays qui nous garantit un certain nombre de droits. Malheureusement, ils ne sont jamais acquis et peuvent toujours être remis en question comme le prouvent les récents événements aux États-Unis. Les jeunes ont le devoir de s’engager, même à leur petite échelle, pour éviter ces retours en arrière et pour permettre toujours plus de progrès. Nous sommes responsables du monde dans lequel nous allons vivre.

 

Maxime Dhuin 

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