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Par Carenews INFO - Publié le 21 juin 2022 - 10:45 - Mise à jour le 22 juillet 2022 - 15:41 - Ecrit par : Christina Diego
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Camille Étienne : « Le climat se dérègle et impacte nos vies, ne pas le voir ne sert à rien car on va se le prendre comme une claque après »

Du haut de ses 24 ans, Camille Étienne est déjà le symbole de toute une génération. Activiste pour la justice sociale et climatique, elle se bat pour alerter sur l'urgence écologique. La rédaction a rencontré cette porte-parole de la « génération Greta », lors du Festival des Deauville Green Awards.

Entretien avec Camille Etienne, jeune activiste. Crédit : Carenews
Entretien avec Camille Etienne, jeune activiste. Crédit : Carenews

 

  • Quel regard portez-vous sur l’engagement de la jeunesse entre les récentes élections et les marches pour le climat ? 

 

Je pense qu’on a beaucoup essentialisé la jeunesse pendant cette période. Tout au long des marches, il y a eu cette découverte de jeunes qui sont dans la rue et ont une parole politique. Nous pourrions avoir tendance à simplifier avec d’un côté une jeunesse engagée pour le climat et des boomers qui nous ont laissé un monde qui s’effondre. La réalité est beaucoup plus complexe. En regardant dans les territoires, les retraités sont actifs, créent des groupes locaux, organisent des réunions publiques. La jeunesse est plurielle, il y a celle de la surconsommation, du fast fashion, des défis Tik Tok, celle fascinée par les influenceurs à Dubaï.  

Cette division entre générations crée un évènement politique qui peut être soit une fascination d’une jeunesse qui pourrait faire mieux ou d’une sorte de mépris généralisé d'un “qui êtes-vous pour me dire à 23 ans, comment je dois me comporter”. Il faut sortir de cette dissension. 

 

  • Comment cet engagement s'est-il cristallisé ? 

 

Je le constate partout. Les jeunes, après avoir fait de grandes écoles, ne veulent plus travailler pour des entreprises polluantes. Leurs discours sont mieux reçus, ils s'emparent d'associations, créent des médias et essaient de combler les manques qu’ils observent dans la société. Les marches pour le climat ont été un moment fort. L'engagement s’est transformé. Il s’est solidifié et politisé. Il y a beaucoup d'activistes qui sont entré.e.s en politique, des personnalités comme Alma Dufour ou Lumir Lapray. 

 

  • Quel a été le déclic qui vous a conduit à vous engager ? 

 

La fonte des glaciers. Ce symbole peut paraître loin et caduc, mais j’ai grandi dans un village proche des Alpes auprès de parents alpinistes. Ce qui m’a le plus bouleversé, c’est de voir que les neiges dites « éternelles » disparaissaient. C’est comme sentir un caillou coincé dans sa chaussure, cela crée un inconfort qui se transforme en action. Je ne prends plus l’avion par exemple. Je suis allée en Islande en voilier pour un documentaire.

 

  • Qu’est-ce que cela vous fait d’être surnommée la « Greta » française ? 

 

(Rires) C’est un compliment évidemment, car c’est une personnalité que j’aime beaucoup. L’activisme aujourd’hui c’est une manière d’être dans ce monde et décider à un moment qu’une ligne rouge a été franchie. C’est prendre un sujet et regarder comment le faire changer. C’est de la non-résignation. Cela peut prendre des formes très variées, comme le lobbying, une présence médiatique, vulgariser la parole des experts scientifiques, mener des actions directes ou des campagnes. C’est très hétéroclite. 

 

  • Vous terminez votre master à Sciences Po, quel métier voulez-vous faire ? 

 

Je me projette assez peu. Je vais continuer à faire ce que je fais. Je travaille sur plusieurs projets, comme sur l'affaire du pipeline en Ouganda, sur les exploitations minières des fonds marins, etc. Je travaille avec Greenpeace sur certains dossiers ou d’autres ONG qui font du lobbying. L'objectif est d’écouter la voix de ceux qui sont sur place pour comprendre comment des entreprises françaises agissent concrètement. 

 

  • Quel message souhaitez-vous faire passer aux jeunesses concernant l'urgence climatique ? Avez-vous l’impression qu’on en parle assez ? 

 

Je n’ai jamais regretté d’avoir le courage de la lucidité et d’essayer de savoir. Je pense que c'est le bon choix de savoir, même dans ses réactions personnelles, pour perdre le moins de temps. Le climat se dérègle et impacte la vie sur terre, cela ne sert à rien de ne pas le voir, car on va se le prendre comme une claque après. 

Les médias ont un rôle à jouer. Ils doivent en parler mieux et non en mettant des activistes face à des climatosceptiques ou en faisant passer le sujet pour une opinion. Le discours actuel dans les médias ne me satisfait pas. Rappelons qu’à la présidentielle, il n’y a eu que 2,7 % de temps consacré aux questions climatiques. On a une responsabilité quand on voit le niveau d'inconscience en dehors de nos cercles de personnes engagées. D’où l’intérêt de continuer inlassablement à en parler. 

 

 

Christina Diego 

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