« Tous exposés » : une plateforme interactive pour comprendre l'exposition aux pesticides chimiques
Alors que se tient le Salon de l'agriculture et que le Sénat vient de réautoriser l'utilisation d'un néonicotinoïde auparavant interdit en France, un collectif d'organisations engagées lance la plateforme « Tous exposés » consacrée aux pesticides chimiques. Elle permet d'accéder à des informations scientifiques sur les pesticides et leurs impacts sur l'environnement et la santé, mais aussi d'interpeller le gouvernement sur ces enjeux.

Alerter sur les pesticides chimiques et leurs conséquences sur la biodiversité et la santé : tel est l'objectif de la plateforme « Tous exposés », qui vient d'être lancée par un collectif d'associations environnementales (Générations futures, Secrets toxiques, Noé, On est prêt), d'acteurs économiques (Ecotone, La Maison de la Bio) et de mutuelles engagées.
Des pesticides dans notre alimentation et l'eau du robinet
Le collectif lance cette plateforme dans un contexte où le Sénat a voté, fin janvier, la réintroduction dérogatoire de l’acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, jusqu'alors interdit en France mais autorisé ailleurs en Europe. La mesure a été prise à titre exceptionnel, pour soulager certaines filières, notamment la culture de la betterave et celle de la noisette. Elle est néanmoins très contestée.
Comme le souligne le collectif à l'origine de « Tous exposés », « ces pesticides chimiques se retrouvent dans notre alimentation, notre eau potable et l’air que nous respirons. Aujourd’hui, 97 % des stations de contrôle de l’eau contiennent au moins un résidu de pesticide chimique, et près de 17 millions de Français ont consommé au moins une fois en 2023 de l’eau du robinet non conforme aux limites de qualité pour les pesticides chimiques. Près des deux tiers des fruits, légumes et céréales non biologiques présentent par ailleurs des traces de ces substances, parfois au-delà des seuils légaux. »
une dégradation de la biodiversité et des conséquences sur la santé humaine
Pour favoriser l'information du public sur ces sujets, la plateforme reprend donc les données scientifiques disponibles sur l'utilisation des pesticides et sur leurs conséquences à la fois sur la biodiversité et sur la santé humaine. On apprend ainsi que 76 % des insectes volants ont disparu en Europe entre 1989 et 2016, principalement en raison des pesticides chimiques, de même que près de 60 % des oiseaux des plaines agricoles ont disparu en 37 ans, en lien avec l'intensification agricole. Cette dégradation de la biodiversité a un impact majeur sur l'équilibre des milieux naturels.
En matière de santé, les agriculteurs sont les premières victimes des pesticides, de même que les riverains des exploitations agricoles qui les utilisent, car ils y sont les plus exposés. Mais le problème concerne l'ensemble des citoyens, des résidus de pesticides chimiques se retrouvant régulièrement dans les fruits, légumes et céréales que nous consommons, ainsi que dans l'eau du robinet. Or les scientifiques ont mis en évidence une présomption de lien entre l’usage de certains pesticides chimiques et plusieurs maladies, comme la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate ou les troubles respiratoires chroniques, indique la plateforme.
des cartes interactives sur l'utilisation des pesticides
« Tous exposés » propose aussi deux cartes interactives, l'une qui permet de visualiser l'utilisation de pesticides par commune, l'autre qui indique quels pesticides chimiques sont les plus achetés dans chaque département français et quelles sont leurs propriétés (perturbateurs endocriniens, cancérogènes, polluants des eaux, etc.)
Elle donne également accès à un outil permettant à chacun d'interpeller par mail ou par les réseaux sociaux le ministre de la Santé, Yannick Neuder, ainsi que son cabinet, pour les inciter à agir contre l'usage des pesticides chimiques
« Nous demandons au ministre de la Santé de défendre la santé publique en s’opposant fermement à cette régression environnementale et sanitaire. Plus largement, nous demandons au ministre d’inscrire durablement la non exposition aux pesticides chimiques dans les futures stratégies nationales sur l’alimentation et d’inscrire dans la loi un objectif de 12 % de consommation de produits issus de l’agriculture biologique », argumente le collectif.
Camille Dorival