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Par Carenews INFO - Publié le 9 mars 2022 - 16:44 - Mise à jour le 12 mars 2022 - 11:14 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Ukraine : les villes et villages se mobilisent pour loger les réfugiés

Par le recensement d'initiatives ou la mise à disposition de logements, les villes se mobilisent massivement pour loger les réfugiés ukrainiens arrivant sur le territoire français.

Lille s'est très tôt mobilisée pour l'Ukraine. Source : iStock.
Lille s'est très tôt mobilisée pour l'Ukraine. Source : iStock.

 

À situation exceptionnelle, dispositif exceptionnel. Villeneuve-Tolosane, commune de plus de 10 000 habitants en Haute-Garonne, s’active pour préparer la potentielle arrivée de réfugiés ukrainiens. La mairie a créé une adresse mail solidarite-ukraine@villeneuve-tolosane.fr permettant aux habitants de la commune de proposer un logement entier ou même une chambre pour les réfugiés. 

« Je ne m’attendais pas à ce qu'il y ait autant de familles qui proposent d’accueillir des réfugiés chez elles », se félicite la directrice de cabinet du maire, Salomé Lecoq, chargée de recenser les propositions d'hébergement des habitants. Depuis une semaine, elle a reçu une vingtaine de mails à ce sujet. « Nous avons reçu beaucoup de propositions de la part de familles avec des enfants jeunes, de moins de dix ans », explique Salomé Lecoq. « Cela nous a surpris. »

Comment recenser les opportunités d’hébergement ?

Comme Villeneuve-Tolosane, de nombreuses communes, de toutes tailles, ont entamé un recensement des possibilités d’hébergement grâce à une adresse mail spéciale, un téléphone dédié ou même à un questionnaire en ligne. Ces opérations sont impulsées par les préfectures dans chaque département, chargées du pilotage de l’accueil de ces réfugiés. Elles ont contacté les communes pour leur demander de mettre en place des dispositifs. D’ailleurs, les recensements effectués seront ensuite remontés aux préfectures pour qu’elles puissent rediriger les réfugiés vers les meilleures solutions.

Pourquoi les préfectures seront-elles chargées de rediriger les réfugiés ? « Ce sont elles qui assurent l’enregistrement des personnes ukrainiennes qui arrivent sur le territoire français et qui délivrent une protection temporaire », explique Céline Barré, coordinatrice de l’Anvita, l’association nationale des villes et territoires accueillants qui œuvre pour des politiques d’accueil inconditionnelles incluant des exilés. À partir de là, il y a cette coopération entre les préfectures et les villes qui souhaitent mettre des logements à disposition ».

Lille, précurseur dans le recensement d’hébergements 

D’autres communes n’ont pas attendu les consignes des préfectures pour agir. Tours à mis en place un questionnaire en ligne dès le 2 mars. En 24 heures, la ville a recueilli 88 propositions d'hébergements de la part de particuliers. Toutes n'ont pas été retenues. La ville a dû faire un tri entre celles qu'elle estimait recevables et les autres pour être sûre de la qualité d'hébergement. Pour l'instant, cinq particuliers accueillent des Ukrainiens dans la ville.

La ville de Lille a été l'une des premières à mettre en place un dispositif de recensement, quelques jours après le début de l'invasion. Dès le 28 février, la maire de Lille, Martine Aubry, a annoncé la mise en place d’une adresse mail spéciale pour permettre aux Lillois de proposer un hébergement. La ville assure qu’en cinq jours, elle aurait reçu près de 2 000 mails de la part d’habitants solidaires. Lille est d’ailleurs jumelée à celle de Kharkiv, détruite par les bombardements russe, depuis 1974.

Pour le moment, dans toute la France, le nombre d'hébergements proposés est bien supérieur aux besoins réels. Près de 5 000 réfugiés ukrainiens seraient arrivés sur le sol français alors que plus de 10 000 options d'hébergement seraient proposées au total selon le Premier ministre, Jean Castex. Mais dans les semaines à venir, un nombre bien plus important de réfugiés pourrait arriver en France.

Mettre à disposition des logements publics

Outre l’appel aux habitants, les communes peuvent également agir en mettant à disposition des logements publics. Selon le Premier ministre, près de 3 700 solutions de logement de ce type seraient proposées par les collectivités. Des solutions d’urgence, dans des gymnases par exemple, mais aussi plus pérennes, dans des logements propriétés des communes, sont mises sur la table au compte-goutte.

À Villeneuve-Tolosane, deux maisons inoccupées, propriétés de la mairie, pourraient être utilisées pour l’accueil de plusieurs familles ukrainiennes. Encore faut-il vérifier l'habitabilité des lieux, le bon raccordement aux réseaux d’eau et d’électricité. 

Ce n’est pas la première fois que la ville mettrait un logement à disposition d’exilés : « Lors du démantèlement de la jungle de Calais, nous avions accueilli des réfugiés soudanais dans une maison que nous avions mis à disposition », raconte Salomé Lecoq. 

La commune dispose également d’hébergements d’urgence sur son sol mais qui sont pour l’instant tous déjà occupés pour d’autres situations. D’ailleurs, Céline Barré, coordinatrice de l’Anvita, estime que les communes doivent faire attention à cette mise en concurrence avec d’autres profils : « Quid des personnes qui étaient à la rue et qui le sont toujours ? Quid des réfugiés d’autres nationalités qui ne sont pas hébergés alors qu’ils pourraient rentrer dans un dispositif d’état ? », lance-t-elle.

À Tours, pour permettre la générosité pour tous, la commune demande à chaque personne ayant répondu au formulaire de proposition d'hébergement si elle es prête à rentrer plus largement dans un réseau d'hébergements solidaires, pour accueillir d'autres populations de réfugiés. « Notre volonté est que Tours soit une ville accueillante qui réponde à toutes les demandes de personnes qui fuient la guerre », indique Marie Quinton, adjointe au logement à la ville de Tours.

Hôtels, centres de vacances pour accueillir

Les grandes métropoles se mobilisent, elles aussi, pour trouver des logements leur appartenant, publics, et même des solutions dans des centres de vacances, des campings. À Tours, « la ville mène un travail d'identification de logements auprès de bailleurs sociaux qui se sont portés volontaires », explique Marie Quinton. Le département de Tours, l'Indre-et-Loire, a également mené ce travail d'identification et a repéré près de 70 logements potentiels. 

Mais Marie Quinton soulève une problématique qui se posera lors de l'accueil dans ces logements sociaux : « Pour avoir un logement, il faut pouvoir signer un bail dans le parc social. Or, pour cela, il est nécessaire d'avoir un titre de séjour ou une pièce d'identité française. Pour déroger à cela, une association doit prendre le bail à son nom et sous-louer : cela peut prendre du temps. Il faut aussi meubler ces logements du parc social qui sont loués à vide ».

D'autres communes ont déjà fait des annonces de propositions de solutions. Le maire de Nice, Christian Estrosi, a annoncé sur Twitter mettre 25 logements à disposition des arrivants. Habitat Marseille Provence, rattaché à la métropole Aix Marseille Provence, a communiqué la mise à disposition de 75 logements pour des réfugiés ukrainiens. Le bailleur a également prévu l’installation de bungalows sur un terrain du 15e arrondissement marseillais.

L’hébergement est la première étape d’un long processus d'accueil qu’il va falloir penser et adapter : « Il faudra organiser nos services publics en fonction des personnes qui arrivent sur notre territoire, en matière d’accueil dans les écoles, d’accompagnement pour les déplacements, pour les démarches », prévient Salomé Lecoq. Mais aussi rassurer, accompagner psychologiquement ces personnes qui pourraient, pour certaines, être traumatisées par ce qu’elles ont vu.

 

Théo Nepipvoda

 

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