Un Français sur quatre affirme se sentir seul, selon la Fondation de France
Le rapport annuel sur les solitudes de la Fondation de France, publié en janvier 2025, pointe un sentiment de solitude présent chez près d’un quart de la population française. Particulièrement prégnante chez les chômeurs, les personnes à bas revenus mais aussi les jeunes actifs de 25 à 39 ans, la solitude est ressentie plus durement en hiver, note l’étude qui s’intéresse cette année aux temps des solitudes.

12 % des Français de plus de 15 ans se trouvent en situation d’isolement relationnel, c’est-à-dire qu’ils n’ont aucun ou très peu de contacts physiques avec d’autres personnes, alerte la Fondation de France dans son rapport annuel sur les solitudes, publié en janvier 2025.
Réalisée en collaboration avec une équipe de recherche composée de membres du Centre de recherche sur les liens sociaux (Cerlis) et l’école de commerce Audencia, ainsi que de membres du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), l’étude aborde depuis 2010 le phénomène de la solitude au sein de la société française.

Un sentiment de solitude bien présent et cause de souffrances
Ce dernier opère une croissance depuis l'année dernière. En 2024, 24 % des Français de plus de 15 ans, soit près d’un Français sur quatre affirme se sentir seul, contre 21 % en 2023, rapporte la Fondation de France.
Le sentiment de solitude affecte davantage certaines catégories de la population, notamment les personnes au chômage dont 44 % disent se sentir seules, contre 23 % des actifs occupés. 32 % des travailleurs indépendants déclarent également se sentir régulièrement très seuls.
Il est aussi une cause de souffrance chez la plupart de ceux qui le ressentent. Huit personnes esseulées sur dix souffrent ainsi de ce ressenti, rapporte l’étude. Plus précisément, en juillet 2024, 24 % des personnes déclarant se sentir seules affirment parallèlement souffrir beaucoup de ce sentiment. 57 % disent de leur côté en souffrir un peu, soit une hausse de six points en un an.
En outre, 33 % des répondants de l’enquête confient ressentir souvent ou de temps en temps un sentiment d’abandon, d’exclusion ou d’inutilité. « Ils appartiennent tendanciellement aux catégories les plus précaires de l’échantillon, tout comme les personnes isolées », analyse la Fondation de France.
35 % des jeunes de 25 à 39 ans se sentent seuls
D’une manière générale, la solitude affecte davantage les personnes touchées par la précarité économique. 17 % des personnes avec des bas revenus sont ainsi considérées comme isolées, contre 7 % de celles disposant de hauts revenus. Un écart qui a progressé de quatre points en un an, note la Fondation de France. Au début de l’année 2023, 14 % des personnes affichant de faibles ressources se trouvaient isolées, soit trois points de plus que la population générale à l’époque.
En 2024, le taux d’isolement dépasse également le taux moyen chez les personnes au foyer et les ouvriers, de respectivement 8 et 4 points.
De plus, le sentiment de solitude varie en fonction des âges. Il connaît notamment un pic marqué entre 25 et 39 ans. 35 % des répondants de cet âge déclarent ainsi se sentir fréquemment seuls, contre 16 % des 60-69 ans.
L’isolement relationnel est quant à lui particulièrement présent chez les personnes âgées de 40 à 59 ans, puisque 15 % d’entre elles sont isolées contre 7 % des moins de 25 ans. « Cette période de la vie correspond souvent à des changements majeurs (départ des enfants du foyer, changement d’emploi), voire à des ruptures (chômage, divorce) qui peuvent pousser vers l’isolement. Cette période peut aussi se caractériser par l’accumulation de contraintes, entre travail, enfants à charge et parents vieillissants, ce qui réduit mécaniquement le temps disponible pour la sociabilité extérieure », analyse la Fondation de France.
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Près de 40 % des Français se sentent seuls en hiver
L’édition de 2024 de l’étude se penche spécifiquement sur les périodes de solitude. Le sentiment lié à la solitude varie ainsi en fonction des saisons, rapporte l’étude. Il est plus élevé en hiver qu’en été, avec 38 % des personnes interrogées qui se sentent souvent ou de temps en temps seules en hiver contre 29 % en été.
Ce sentiment est particulièrement accru chez les chômeurs et chez les personnes au foyer qui sont 57 % et 55 % à se sentir seuls en hiver. Les jeunes ressentent aussi plus fortement cette solitude hivernale, puisqu’ils sont 18 % des moins de 25 ans à être touchés, contre seulement 9 % des 60-69 ans.
52 % des chômeurs se sentent également souvent ou de temps en temps seuls pendant les fêtes de fin d’année, tandis que 45 % des personnes à bas revenus ressentent le même sentiment durant les vacances et les fêtes.
Les demandeurs d’emploi et notamment les personnes exposées au chômage de longue durée ressentent particulièrement la solitude la semaine (59 % contre 37 % de la population générale), alors que les personnes disposant de bas revenus sont plus affectées le week-end. « Contraintes de limiter activités et sorties, elles ressentent plus fortement, durant ces fins de semaine, une mise à l’écart du monde social », appuie la Fondation de France. Les personnes à la tête de foyers monoparentaux sont également 53 % à ressentir cette solitude.
Élisabeth Crépin-Leblond