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Par Carenews INFO - Publié le 11 juillet 2024 - 15:58 - Mise à jour le 11 juillet 2024 - 16:01 - Ecrit par : Camille Dorival
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« Territoires zéro chômeur a tout changé pour moi ! »

Lancée fin 2016, l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée concerne désormais 75 territoires en France. Au nord-est de Paris, La Compagnie du 20e est l’une des entreprises à but d’emploi créées dans le cadre de cette expérimentation. Ses salariés et partenaires témoignent de ce que cela a changé pour eux et pour leur territoire.

Salariés et partenaires de La Compagnie du 20e témoignaient sur ce que les Territoires zéro chômeur de longue durée apportent aux habitants et aux territoires, lors de l'évènement La Fabrique du consensus, le 9 juillet, à la Bourse du travail, à Paris. Crédit : Carenews.
Salariés et partenaires de La Compagnie du 20e témoignaient sur ce que les Territoires zéro chômeur de longue durée apportent aux habitants et aux territoires, lors de l'évènement La Fabrique du consensus, le 9 juillet, à la Bourse du travail, à Paris. Crédit : Carenews.

 

 

« Territoires zéro chômeur a tout changé pour moi ! », lance d’emblée Karine Hayaert. « J’ai eu un parcours de vie compliqué, j’ai travaillé à droite à gauche. J’ai eu des problèmes avec ma hiérarchie, alors je n'étais plus très motivée pour signer un contrat de travail. »

Mais depuis quelques mois, Karine est salariée de La Compagnie du 20e, entreprise à but d’emploi du 20earrondissement parisien. « Et là, j’ai trouvé une famille », sourit-elle. « J’ai retrouvé l’envie de nouer des liens avec d’autres, de reprendre ma vie en mains, avec ses difficultés mais aussi ses joies », abonde son collègue Roland Lanternier, également salarié de l’EBE. Ils témoignaient tous deux dans le cadre de l’événement La Fabrique du consensus, organisé le 9 juillet par l’Association nationale Territoires zéro chômeur de longue durée.

 

Personne n’est inemployable

 

La Compagnie du 20e a été créé il y a presque un an par des habitants et divers acteurs du quartier populaire de Fougères-Le Vau, dans le cadre de l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD). Celle-ci a été lancée fin 2016 à l’initiative notamment d’ATD Quart Monde, avec le soutien appuyé de Laurent Grandguillaume, alors député de la Côte d’Or et aujourd’hui président de l’Association nationale TZCLD. Elle a pour objectif d’éradiquer le chômage de longue durée, selon l’idée que personne n’est inemployable, mais aussi que ce n’est pas le « travail » (l’activité) qui manque, mais « l’emploi » (le travail rémunéré). 

Concrètement, sur les territoires impliqués dans l’expérimentation, les différents acteurs locaux (habitants, collectivités, service public de l’emploi, associations, entreprises…) créent ensemble une « entreprise à but d’emploi » (EBE). Cette entreprise a pour mission de développer des activités qui correspondent à des besoins du territoire non satisfaits par les entreprises ou les associations locales. Une fois les activités identifiées, l’EBE recrute progressivement tous les demandeurs d’emplois de longue durée qui le souhaitent (le volontariat est une dimension importante du projet), sans sélection, et en tenant compte de leurs envies d’occuper tel ou tel poste. Les salariés, recrutés en CDI et au Smic, doivent aussi pouvoir choisir le temps de travail qu’ils souhaitent, en fonction de leurs contraintes personnelles : état de santé, enfants à garder, etc.

L’EBE est financée par deux biais : le chiffre d’affaires qu’elle génère par ses activités, mais aussi la réaffectation par la puissance publique des coûts et des manques à gagner liés au chômage de longue durée : coût des minima sociaux, de la complémentaire santé solidaire, etc.

 

75 Territoires zéro chômeur à travers la France

 

En 2024, 75 territoires expérimentent la démarche à travers la France, dont quatre à Paris, dans les 13e, 18e, 19e et 20e arrondissements. « Il existe une très forte volonté politique de la Mairie de Paris de soutenir ces expérimentations », note Elsa Morinet, cheffe de cabinet du maire du 20e arrondissement, Eric Pliez, chargée de suivre le projet pour l’arrondissement.

Au nord-est de la capitale, La Compagnie du 20e a ainsi développé plusieurs activités : deux ressourceries, chargées de récupérer et remettre en état des objets usagers pour les revendre à bas prix aux habitants du quartier, mais aussi un « Café des liens », permettant d’accompagner les personnes âgées sur les outils numériques. Elle prévoit également de créer un lieu pour accueillir de manière ponctuelle les enfants de familles monoparentales et permettre à ces mères de famille de souffler un peu, d’aller chez le coiffeur, à un rendez-vous administratif ou un entretien d’embauche… Autant d’activités utiles au développement du quartier et qui, au-delà de créer de l’emploi, contribuent aussi à recréer du lien social.

 

Des projets de territoire

 

L’EBE compte aujourd’hui 39 salariés, mais devrait multiplier progressivement ses effectifs. Comme le précise Elsa Morinet, « le quartier Fougères-Le Vau compte 7000 habitants, et 750 personnes au chômage de longue durée, qui pourraient donc potentiellement être recrutées par La Compagnie du 20e ». « Toutefois, la solution de l’EBE ne convient pas forcément à tout le monde, note Jeanne Vermeersch, cheffe de projet TZCLD Paris 20e. À La Compagnie du 20e, tous les salariés sont polyvalents et travaillent sur différents postes. Mais certains habitants du quartier ont plutôt envie d’apprendre un métier précis ou d’obtenir un diplôme, et dans ce cas on peut les orienter plutôt vers une structure d’insertion par l’activité économique (SIAE), par exemple. »

La Mairie du 20e aimerait en tout cas que le projet puisse accompagner 450 personnes, dont 180 pourraient être embauchées par l’EBE et les autres par d’autres structures – SIAE ou entreprises du quartier qui acceptent les règles du temps horaire choisi et du management inclusif.

« Cette expérimentation permet de construire un vrai projet de société pour notre quartier », se réjouit Elsa Morinet. Emilie Barreau, directrice de l’EBE, poursuit : « La Compagnie du 20e a pu embaucher des personnes qui étaient cassées par la vie et avaient beaucoup de ressentiment vis-à-vis de la société. Avec l’EBE, elles ont retrouvé un emploi, mais aussi bien plus que ça, notamment du lien social et de la reconnaissance. Ces gens qui se sentaient des objets sont devenus des sujets, des acteurs de la transformation de leur quartier. »

 

Camille Dorival 

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