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Par Carenews INFO - Publié le 24 septembre 2024 - 15:40 - Mise à jour le 24 septembre 2024 - 18:25 - Ecrit par : Léanna Voegeli
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Un programme d’aide aux journalistes en exil face à la recrudescence des conflits dans le monde

Ce vendredi 20 septembre a eu lieu l’inauguration du programme « Voix en exil », pensé par un consortium de quatre organismes, à la Gaité lyrique. Carenews revient en détails sur l’essence du projet.

L'inauguration de la première promotion du programme "Voix en exil" à la Gaité lyrique. Crédit: Léanna Voegeli
L'inauguration de la première promotion du programme "Voix en exil" à la Gaité lyrique. Crédit: Léanna Voegeli

 

« Mon idée est de réaliser un reportage d’investigation visant à raconter le quotidien des femmes afghanes. Le programme m’aide à faire le lien avec d’autres médias afin de diffuser mon travail » , confie Halima Karima, journaliste afghane en France depuis deux ans. En raison de nombreuses pressions exercées par le régime taliban, Halima, connue pour ses reportages d’investigation en lien avec la corruption, se voit contrainte en 2022 de prendre le dernier vol de Kaboul à destination de la France.   

Halima Karima bénéficie du programme « Voix en exil », imaginé par l’association Singa, Canal France International (CFI), Reporters sans frontière (RSF) et la Maison des journalistes (MDJ). D’une durée initiale de trois ans, il vise à apporter une aide aux journalistes qui ont fui leur pays d’origine du fait de menaces mettant en cause leur sécurité. Halima a intégré la première promotion, qui compte 18 journalistes. La sélection se compose de plusieurs étapes : l’envoi d’un dossier, suivi d’un oral. Myriam Nouicer, responsable de la communication de Singa Global, souligne l’importance de la maturité du projet journalistique des candidats au programme et le besoin de diversité des pays représentés en son sein. 

 


 À lire aussi: Comment lutter contre le déclassement professionnel des personnes réfugiées ? 


 

Financé par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, le projet « Voix en exil » a vu le jour en réponse au contexte international dont les conséquences sont nombreuses sur l’exercice du métier de journaliste. Les divers conflits en cours, comme la reprise du conflit au Soudan ou la guerre entre Israël et le Hamas, mettent au pied du mur des centaines de journalistes forcés de quitter leur pays d’origine.  

En l’espace de dix ans, le nombre de personnes réfugiées dans le monde a été multiplié par deux, passant de 15,4 millions en 2012 à 35 millions en 2023. 50 % d’entre elles déplacées en 2022 viennent de Syrie, d’Ukraine et d’Afghanistan. 

 

Un soutien en nature axé sur l’hébergement, l’accueil, la sécurité et le soutien administratif 

 

Lors de l’inauguration du dispositif, sur l’une des scènes de la Gaité lyrique, Darline Cothière, directrice générale de la Maison des journalistes, Thierry Vala, directeur général de Canal France international, Benoît Hamon, directeur général de Singa Global, et Antoine Bernard, directeur général de RSF, rappellent les différentes actions mises en marche dans ce projet. 

Darline Cothière rappelle que les journalistes contraints de quitter leur pays sont confrontés à des difficultés administratives et sociales s’inscrivant avant et après leur arrivée dans le pays d’accueil. Difficultés administratives, liées à la nécessité d’un visa, d’un logement et d’un permis de travail. Mais aussi difficulté de la situation d’exil, particulièrement éprouvante. Par ailleurs, la pression à l’encontre de ces journalistes en exil continue souvent d’être exercée en ligne, notamment quand ce sont des femmes.  

Afin de soulager les personnes concernées, le consortium entend agir en offrant un hébergement et un soutien administratif complet, une assistance psychosociale et socioculturelle. Thierry Vala évoque également la nécessité pour ces journalistes de s’adapter à « l’écosystème médiatique français en passant par du mentorat, la mise en relation avec des médias français pour une meilleure insertion, le financement de certains projets avec des subventions »

 

Un appui logistique pour mettre en lumière le travail des journalistes sélectionnés 

 

En arrivant dans un nouveau pays, les journalistes en exil rencontrent un certain nombre de difficultés pour diffuser leur travail.  Ils sont notamment confrontés à la difficulté de devoir s’adresser à des audiences multiples : le public du pays d’accueil, le public continuant de résider dans le pays d’origine, mais aussi la diaspora. Tous ces obstacles ont pour conséquence un déclassement professionnel.  

Pour y pallier, les acteurs du projet souhaitent apporter un soutien à la production par le biais d’un programme de formation, la création d’un incubateur soutenant la création de nouveaux médias et un accompagnement professionnel passant par des réseaux de mentorat et de partenariat.  

Pour favoriser l’intégration dans le nouveau pays, « Voix en exil » propose aussi un bilan de compétence et une meilleure connaissance des nouvelles pratiques journalistiques, pour renforcer la confiance en soi des journalistes exilés. Benoît Hamont évoque des « master classes et des rencontres en rédaction afin de sensibiliser aux nouveaux formats des médias »

 

Combler la précarité des titres de séjour 

 

Enfin, les journalistes en exil sont confrontés à de fortes instabilités avant et après leur arrivée dans leur pays d’accueil. La longueur des procédures visant à obtenir des visas humanitaires complique leur évacuation. Une fois qu’ils sont arrivés en France, le casse-tête administratif continue en raison de la précarité des titres de séjour. Cela ne permet pas aux journalistes réfugiés de se projeter et rend difficile leur intégration au sein du pays d’accueil. 

Pour répondre ces problématiques, le consortium entend accompagner les 18 journalistes vers des titres de séjour durables et mettre en lumière les initiatives européennes en la matière. La finalité est la création d’un plaidoyer national et international en faveur des journalistes en exil. En ce sens, Myriam Nouicer souligne le rôle de Reporter sans frontières pour porter ce plaidoyer auprès des pouvoirs publics et des instances internationales et pour défendre la liberté de la presse. 

 

Léanna Voegeli  

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