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Par Carenews PRO - Publié le 19 octobre 2021 - 12:00 - Mise à jour le 19 octobre 2021 - 16:57
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En République Tchèque, une philanthropie familiale et entrepreneuriale

Alors que les élections viennent de porter une coalition progressiste au pouvoir, comment se porte le secteur de la philanthropie tchèque ? Comment la générosité se développe-t-elle, plus de 30 ans après la chute de l'URSS ? Éléments de réponse avec ce Hors Frontières dédié à la Tchéquie.

La république Tchèque, une philanthropie familiale ? Crédit : iStock
La république Tchèque, une philanthropie familiale ? Crédit : iStock

 

Chute de l’URSS : explosion du nombre de fondations

 

Bien avant le XXe siècle et la naissance d’un État tchèque moderne, le Moyen Âge avait vu le développement de divers organismes de charité. Ce dynamisme ne s’est jamais démenti, même avec l’émergence des premières ambitions d’indépendance à la charnière des 18e et 19e siècles. Les tchèques sont alors tellement enclins à l’association et à la générosité qu’à la fin du 19e siècle, la Tchéquie est la région qui compte le plus d’organisations de charité dans tout l’empire austro-hongrois. La première république tchéque (1919/1939) permit  également l’éclosion de nombreuses institutions de ce type. Près de 50 ans de guerres et d’occupation soviétiques plus tard, le secteur a dû se reconstruire dans un cadre légal bancal. En effet, alors que quelques dispositions sont introduites en 1989 pour « combler le vide législatif », le cadre légal tchèque va rester le même pendant plusieurs années. Plusieurs abus sont alors commis, ce qui va durablement endommager l’image du secteur associatif tchèque.

Ainsi, le terme tchèque pour fondation « nadace » est rapidement porté par de nombreuses organisations (quand bien même elles soient des associations de membres). Et, lorsqu’il est décidé d’affecter 1 % du fruit des privatisations à des « nadace », leur nombre grimpe en flèche pour atteindre 5 000 structures. Une loi de 1997 vient mettre de l’ordre dans la nomenclature des organismes sans but lucratif (il n’existe plus que 55 fondations en 1998) et en 2020, l’INSEE tchèque dénombre 527 fondations et 2 190 « charitable funds » pour reprendre la terminologie utilisée par l’étude EUFORI sur le sujet.

 

Quelques entreprises grandes donatrices

 

Si le nombre d’organisations sans but lucratif a augmenté, qu’en est-il de la générosité des Tchèques ? Tout comme en 2019 (avec 8,4 milliards), l'année 2020 a vu 8 milliards de couronnes (environ 350 millions euros) être distribuées dont presque la moitié par des entreprises. La générosité de ces dernières ne s’opère pas nécessairement par le biais de fondations, néanmoins, les fondations d’entreprises représentent 21 % des structures du pays. Notons par exemple la Fondation de CEZ (énergie, 6,5 millions euros de dons) et le “charitable fund” d’Avast (informatique, 4,5 millions euros) . 

 

Une philanthropie familiale forte

 

Concernant  les particuliers, une étude du centre des donateurs tchèques indique que 50 % de la population donne au moins une fois par an à un OSBL, ce qui représente 2,4 milliards de couronnes de dons au total. Mais les mauvaises réputations ont la vie dure et la principale raison pour laquelle les répondants ne contribuent pas aux activités d'intérêt public est la méfiance que l'argent sera utilisé à des fins détournées. De fait, 10 % des répondants ont été contactés durant la pandémie pour donner à un projet frauduleux / peu fiable. Néanmoins (et de façon un peu contradictoire), 80 % des répondants pensent que les associations jouent un rôle important. 

Au-delà d’être un facteur limitant pour la générosité, le manque de confiance dans les OSBL du pays amène également les fondations à être principalement opératrices. L’étude Eufori dénombre ainsi 67 % de fondations opératrices, 24 % de distributrices (9 % utilisant les deux moyens d’actions).

 

Quid des fondations ? 

Cette répartition est d’autant plus surprenante que la philanthropie familiale est la première créatrice de structure dans le pays : 58 % des fondations ont été créés par une personne privée. Ces chiffres ne doivent pas masquer un secteur des fondations tchèques hétérogène où seuls 17 % des acteurs déclarent des actifs supérieurs à 1 million  d’euros et des dépenses de subventions comprises entre 2 800 et 7 millions d’euros. Les deux tiers des fondations consacrent à leurs actions sociales moins de 100 000 euros  par an. 

Alors que la République Tchèque se choisit un nouveau parlement, et si la question de la générosité est globalement absente des débats, le pays est face à un tournant. Avec un produit intérieur brut par habitant qui dépasse celui de la Grèce ou du Portugal, le tiers-secteur, les entreprises et la société doivent tous se transformer.

 

William Renaut

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