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Par Carenews PRO - Publié le 3 juin 2021 - 12:00 - Mise à jour le 8 juin 2021 - 12:03 - Ecrit par : Christina Diego
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Inclusiv’Day : la place du handicap dans les entreprises en question

Comment faciliter l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap et quels rôles jouent-elles dans les entreprises ? La Fondation Handicap Malakoff Humanis publie une étude détaillée sur le sujet. Explications.

La Fondation Handicap Malakoff Humanis vient de publier une étude, Emploi & Handicap. Crédit : iStock
La Fondation Handicap Malakoff Humanis vient de publier une étude, Emploi & Handicap. Crédit : iStock

 

Ce jeudi 3 juin a lieu la première édition de Inclusiv’Day, dédiée à l’engagement des entreprises pour une société plus inclusive. En amont, jeudi 27 mai se tenait le lancement d’une journée nationale dédiée à l’alternance inclusive dans les TPE-PME. Selon les derniers chiffres gouvernementaux, les personnes en situation de handicap ne représentent que 1,3 % du volume total des contrats d’apprentissage. 

Ces deux temps forts rappellent à quel point il est important de parler d’inclusion et handicap dans les entreprises. Pour illustrer cette question, la Fondation Handicap Malakoff Humanis vient de publier une étude, Emploi & Handicap, réalisée auprès d’entreprises du secteur privé employant ou ayant employé des personnes handicapées. 

 

L’emploi des personnes handicapées, très hétérogène

 

Les principaux résultats de l'étude mettent en évidence une situation qui diffère selon la nature du handicap, la taille de l’entreprise et son secteur d’activité. Le handicap moteur est très représenté dans les entreprises en comparaison aux handicaps sensoriel, cognitif, psychique et mental. En effet, 84 % des entreprises emploient, ou ont employé, un salarié souffrant d’un handicap moteur, contre 6 % pour le handicap mental.

Plus l’entreprise est grande, plus le recrutement des personnes en situation de handicap est important, tous handicaps confondus. La totalité des entreprises de plus de 250 salariés déclare employer des salariés handicapés (contre 72 % des entreprises de 10 à 49 salariés), et plus d’un quart d’entre elles (28 %) comptent au moins 30 personnes handicapées dans leurs effectifs. 

Ce sont les entreprises de l’industrie et de la construction qui emploient le plus de personnes handicapées : 82 %, contre 80 % dans les services, 76 % dans le commerce ou 68 % dans le secteur sanitaire et social.

 

Quelle place pour les personnes handicapées ?

 

La politique d’inclusion reste cependant encore trop timide au sein des entreprises. Un décalage existe entre la vision des chefs d'entreprise et la réalité du terrain. Pour la moitié des dirigeants (46 %), toutes les fonctions au sein de leur entreprise pourraient être occupées par une personne handicapée. Or, ces dernières occupent principalement des postes de production (40 %), d’administration (35 %) ou de manutention (23 %). Et la moitié des entreprises déclare faire appel au secteur protégé (ESAT ou entreprises adaptées) pour la sous-traitance ou l’achat de prestations.

La loi prévoit que tout employeur d’au moins 20 salariés ou agents doit employer des personnes en situation de handicap dans une proportion de 6 % de l’effectif total.

« Il est temps de passer à une politique d’inclusion plus volontariste », a déclaré Pascal Andrieux, directeur des engagements sociaux et sociétaux chez Malakoff Humanis.

 

Quels sont les freins ? 

 

Se posent des questions sur l’intégration des travailleurs handicapés et quels en sont les obstacles dans les entreprises ? Premier constat, il est plus simple aujourd’hui d’employer une personne en situation de handicap qu’il y a dix ans, et seules 17 % des entreprises se considèrent en avance sur ce sujet. C’est le cas dans les entreprises de 50 à 250 salariés et dans le secteur du commerce.  

Ensuite, 66 % des entreprises interrogées déclarent que l’emploi des personnes handicapées est une préoccupation avant tout d’ordre réglementaire (pour 35 %). En effet, la plupart des personnes interrogées considèrent l’obligation d’emploi de travailleurs handicapés comme une bonne mesure, cependant, seul un tiers des entreprises agit en ce sens. La mise en place d’un accompagnement spécifique d’un collaborateur handicapé n’est prévue que dans 21 % des entreprises interrogées. Ce qui semble peu. Parmi les actions mises en œuvre, on retrouve l’aménagement du poste et du temps de travail (56 %), l’aménagement des locaux (32 %), ou des dispositifs de sensibilisation de l’ensemble des salariés sur le handicap (21%). 

Enfin, la grande majorité des entreprises qui emploient, ou ont employé, des personnes en situation de handicap déclarent que leur intégration a été globalement positive, et seuls 12 % des personnes interrogées estiment que l’intégration d’une personne handicapée a modifié positivement la perception du handicap au sein de leur équipe (sensibilisation accrue, adaptation des méthodes de travail, solidarité au sein de l’équipe …).

 

Un recrutement à la traîne

 

L’enquête démontre que seules 17 % des entreprises employant ou ayant employé des salariés handicapés ont recruté de nouveaux salariés handicapés au cours des 12 derniers mois (un chiffre en baisse de six points par rapport à 2017).

L’accès à des profils adaptés est la première demande des entreprises (80 %), suivie par l’appui d’organismes spécialisés (43 %), des démarches administratives plus simples et plus claires (37 %), et davantage d’aides financières (34 %). Ce sont les principaux arguments qui plaident pour un recrutement plus performant des travailleurs handicapés.

Le principal frein au recrutement aujourd’hui est l’inadéquation avec les métiers exercés dans l’entreprise (68 %), les investissements nécessaires à l’aménagement des locaux et des postes de travail (35 %) et le manque de connaissance et de formation sur le handicap (21 %). Les entreprises voient d’ailleurs dans la communication (23 %), l’accompagnement des structures accueillantes (21 %) et l’évolution des mentalités (14% ) des solutions à ces freins.

 

Une envie de recruter bien réelle 

 

Malgré tous ces freins, l’envie de recruter est bien là si on en croit les résultats de l’étude. 38 % des entreprises employant ou ayant employé des salariés handicapés disent avoir l’intention de recruter une ou plusieurs personnes handicapées dans les douze prochains mois. Une intention plus marquée dans les grandes entreprises (67 % vs 26 % dans les structures de moins de 50 salariés) et le secteur sanitaire et social (51 % vs 18 % dans l’industrie).

Pour Pascal Andrieux, directeur des engagements sociaux et sociétaux chez Malakoff Humanis, ce constat invite à accompagner de manière plus active les entreprises dans leur chemin vers l’inclusion de tous les handicaps, qu’ils soient visibles ou invisibles.

Tout d’abord, alors qu’il y a eu beaucoup de mesures mises en place pour inciter à l’embauche des personnes en situation de handicap, on constate une faible évolution des chiffres depuis 2017. Pour le directeur, seules 32 % des entreprises estiment que c’est grâce à la loi qu’elles ont intégré davantage de personnes handicapées. Comment rendre la politique d’inclusion des entreprises plus volontariste ? Pour Pascal Andrieux, cela s'expliquerait notamment par le fait que le type des fonctions occupées par les salariés handicapés n’a pas évolué depuis 2017. Les collaborateurs handicapés sont surtout représentés dans les secteurs de la production, l’administration ou la manutention. Alors que les qualifications des personnes handicapées ont progressé, le nombre de salariés handicapés, cadres ou dirigeants ne s’élève pourtant qu’à 1 %.

 

« On est souvent dans une logique de maintien dans l’emploi que dans une logique d’évolution dans l’entreprise. La notion d’évolution dans l’entreprise n’est pas suffisamment envisagée », souligne-t-il.

 

 

Christina Diego 

 

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