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Par Carenews PRO - Publié le 11 avril 2023 - 12:00 - Mise à jour le 11 avril 2023 - 12:00
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La tradition philanthropique tanzanienne : entre famille et communauté

La philanthropie en Tanzanie décryptée. Crédit : iStock
La philanthropie en Tanzanie décryptée. Crédit : iStock

 

La philanthropie tanzanienne ne date pas d’hier : en effet, la solidarité et l’entraide sont des pratiques ancrées dans la culture locale. Au cœur de la philanthropie tanzanienne traditionnelle se trouvent les notions d’Ujamaa et d’Ubuntu qui considèrent que l’identité et l’autonomie de la personne se développent au travers de sa communauté. Ainsi, si la philanthropie tanzanienne commence à se structurer autour de civil society organisations (CSO), elle reste encore majoritairement informelle. Le nombre exact de fondations actives en Tanzanie est d’ailleurs inconnu, mais une chose est certaine : les acteurs sont de plus en plus nombreux.

 

Cette augmentation s’explique notamment par un paysage économique en amélioration rapide. La Tanzanie est aujourd’hui une des plus grandes économies de l’Afrique de l’Est et sa classe moyenne et son nombre de High Net Worth Individuals (HNWI) grandissent en conséquence. La structuration d’une philanthropie locale est aujourd’hui en passe de devenir une alternative au financement des ONG internationales quoique ces dernières  soient encore majoritaires dans le pays

 

Evolution d’une philanthropie informelle avec le développement d’une classe moyenne

Une étude de la Charities Aid Foundation, menée en 2019, révèle que les Tanzaniens de la classe moyenne (5,5 millions d’habitants sur 62 millions en 2015) donnent environ 24 % de leurs revenus mensuels à des membres de leur familles (ou à des amis, des voisins,  des organisations caritatives). Ces dons peuvent prendre plusieurs formes : numéraire, achats pour le compte d’autrui… Cette philanthropie informelle, largement majoritaire dans les habitudes des Tanzaniens, se structure aussi autour d’organisations au sein des communautés (les fameuses CSO), notamment près de celles qui œuvrent auprès des enfants et des personnes défavorisées. Au cœur des motivations, palier aux manques de l’État. Un participant à un groupe d’étude sur le sujet explique ainsi que “les organisations communautaires mènent des activités qui ont été laissées de côté par le gouvernement”.

 

Vers une structuration légale et fiscale des organisations philanthropiques

Au-delà des pratiques intra-communautaires, les CSO et les fondations sont de plus en plus présentes dans le paysage philanthropique tanzanien. La Foundation For Civil Society (FCS) est un des acteurs de cette formalisation en accordant des subventions et rendant des services de renforcement de compétences aux CSO tanzaniennes. Depuis le début de ses opérations en 2003, la FCS a mobilisé plus de 200 milliards de shillings tanzaniens (78 millions d’euros) et a accompagné plus de 5 000 CSO. Mais cette formalisation des acteurs n’est pas chose aisée.   

En effet, le cadre légal et fiscal de la philanthropie en Tanzanie est très détaillé, peut-être même trop. Fragmenté entre plusieurs lois, mesures et institutions qui régulent les opérations de philanthropie, le cadre réglementaire est particulièrement contraignant. Par exemple, deux régimes différents cadrent la philanthropie : un pour la Tanzanie continentale et un second pour Zanzibar. Toute organisation non-lucrative doit nécessairement être enregistrée en tant qu’ONG (le statut d’intérêt général n’existe pas). Certaines organisations peuvent, sous des conditions bien particulières, bénéficier d’exonération d’impôts, mais cela les engage à se confronter à un processus fastidieux et au pouvoir discrétionnaire de la bureaucratie. 

 

Une philanthropie de grands donateurs qui monte en puissance 

Malgré ce cadre fiscal et légal complexe, la Tanzanie compte également de plus en plus de HNWI qui dynamisent les rapports philanthropiques du pays. En effet, le pays compte près de 3 000 HWNI, y compris, le seul et plus jeune milliardaire de la région. Mohammed Dewji a créé sa propre structure, la Mo Dewji Foundation qui oeuvre à l’amélioration des conditions de vie des Tanzaniens à plusieurs échelles : 

  • Promouvoir l’éducation, en particulier des personnes les plus vulnérables et défavorisées, afin de conduire à une société plus productive, juste et équitable
  • Renforcer les services de santé et créer de l’eau potable purifiée afin de prévenir les maladies 
  • Soutenir les efforts de développement des communautés pour construire des communautés auto-suffisantes et prospères à travers la Tanzanie. 

 

Depuis 2015, plus de 3 millions de dollars ont été versés par la fondation pour financer des projets de community service, pour soutenir des écoles, des hôpitaux et des puits. Cependant, ce type de dons de fondations du secteur privé n’est  pas toujours inclus dans la plupart des études sur la philanthropie en Tanzanie et restent donc peu visibles sur l’échelle de la philanthropie locale. 

 

Une philanthropie des entreprises encore à développer

La philanthropie des entreprises se développe, mais reste encore à ses balbutiements. Souvent sous la forme de corporate social investments (CSI), elle est très peu structurée, irrégulière et non-documentée. Peu d’entreprises ont connaissance du cadre légal et fiscal qui entoure ces pratiques. Comme la plupart des acteurs philanthropiques dans le pays, les entreprises favorisent les actions d'urgence  (dans le domaine de l’éducation ou de la santé). Néanmoins, les formes professionnelles et institutionnalisées de philanthropie se développent. La création de réseaux d’entreprises autour de causes spécifiques permettent ainsi une augmentation de l’échelle des dons et une meilleure efficacité des actions. 

 

William Renaut 

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