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Par Chroniques philanthropiques par Francis Charhon - Publié le 22 mai 2024 - 18:01 - Mise à jour le 22 mai 2024 - 18:01
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[INTERVIEW] Iris Bazin (Paris 2024) : le sport, un puissant outil de valorisation et d’intégration

Lorsque arriveront les Jeux Olympiques, tous les regards seront tournés vers les grand champions. Mais loin des stades et même des polémiques sur les Jeux à Paris, le Comité d’Organisation des Jeux de Paris 2024 (COJO) a voulu soutenir à travers un fonds de dotation des actions qui s’appuient sur les valeurs du sport : engagement individuel, solidarité, force du collectif, respect de l’autre… Ce fonds a pour vocation d’aider les nombreuses associations qui travaillent sur le sport comme vecteur d'accès à la santé, l’insertion, l’environnement. Il met en place des actions multi-partenariales pour avoir un impact significatif, notamment envers les jeunes et les femmes. Nous rêverons en juillet devant les compétitions, mais auparavant, le sport aura permis à des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont bénéficié du soutien de ce Fonds de rêver à un avenir meilleur.

Iris Bazin. Crédit photo : DR.
Iris Bazin. Crédit photo : DR.

Un fonds de dotation pour l’insertion sociale par le sport

  • Iris Bazin, vous êtes responsable du Pôle inclusion, égalité, solidarité du Fonds de dotation Paris 2024 et en charge du mécénat. Pouvez-vous nous dire ce qu’est ce fonds de dotation ? 

 

Le Fonds de dotation Paris 2024 a été créé en 2019 par le Comité d’Organisation, (le COJO). Parmi les éléments du dossier de la candidature de la Ville de Paris pour les Jeux de 2024, il était prévu de créer une structure pour porter l’héritage social et environnemental des Jeux. Ce Fonds a donc pour vocation de soutenir des projets d’intérêt général portés par des associations, des fédérations sportives, des établissements publics, éligibles au mécénat qui utilisent le sport pour avoir un impact social et environnemental. 

 

  • Est-ce le Comité d’Organisation qui a affecté des fonds au Fonds de dotation ?

 

Sur le budget de Paris 2024, un montant a été a alloué pour faire fonctionner ce fonds et financer les projets. Ce Fonds avait aussi la vocation trouver des financements supplémentaires auprès de mécènes avant les Jeux et peut-être après les Jeux.

 

  • Cela fonctionne t-il comme prévu ?

 

Oui, cela marche très bien. Depuis notre lancement en 2020, nous allouons environ 7 millions d’euros par an à des projets. Le budget initial a permis d’initier le lancement de certains projets et d’avoir une série  disponible sur des thématiques diverses. Des acteurs privés ont ajouté au financement initial : la Française des Jeux pour des projets autour de l’émancipation et du développement de la pratique sportive des filles et des femmes, EDF a choisi des projets autour de l’apprentissage de la natation pour des jeunes issus de quartiers prioritaires, Danone s’est concentré sur des projets éducatifs.

 

  • Ce fonds de dotation fonctionne pour les Jeux Olympiques et Paralympiques ?

 

Exactement. Et nous espérons qu’il perdurera au-delà des Jeux. 

Renforcer les organisations existantes sur du long terme

  • Quels sont vos axes de travail ?

 

Nous avons choisi quatre domaines d’intervention prioritaires : le sport comme vecteur de santé et de bien-être ; le sport pour l’éducation et la citoyenneté ; le sport pour l’inclusion, l’égalité et la solidarité enfin le sport pour l’environnement et le climat. La répartition est de 54 % pour l’inclusion, 24 % pour la santé, 17 % pour l’éducation et 5 % pour le développement durable.

L’idée du Fonds de dotation ce n’est pas d’être un guichet supplémentaire pour les associations, mais d’être un acteur d’accompagnement dans la durée

 

  • Quand vous parlez d’accompagnement des associations dans la durée, vous financez leurs projets, leur fonctionnement et leur structuration ? 

 

Le financement de projets peut aller jusqu’à trois, voire quatre ans en fonction de son développement. Nous apportons un soutien financier, un label qui s’appelle Impact 2024 et apporte une caution supplémentaire sur la qualité des projets. Nous proposons également la construction d’un parcours de mécénat de compétences adapté aux besoins de chaque projet.

Des financements multi acteurs

  • Comment travaillez-vous ? Lancez-vous des appels à projets ? 

 

La mécanique est assez traditionnelle avec un appel à projets annuel « Impact 2024 », accessible aux associations. L’originalité est qu’il s’agit d’un appel à projets multipartite. Avec la Ville de Paris, le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, l’Agence nationale du sport et le Fonds de dotation Paris 2024, ainsi que des acteurs privés comme ceux que j’ai cités précédemment. Nous associons nos budgets pour proposer un appel à projets commun porté par le fonds de dotation. Pour chaque appel à projets, nous recevons plus de 1 000 candidatures, c’est vraiment énorme avec des demandes qui s’échelonnent de 5 000 euros à 500 000 euros. La taille des projets est donc très différente. Ce que nous regardons avant tout c’est la priorité pour nous. 

 

  • Les financeurs versent-ils directement les fonds aux associations ou passent-ils par vous ?

 

Les acteurs publics versent directement les fonds car ils ne peuvent pas financer un fonds de dotation et les acteurs privés passent par nous. 

S’appuyer sur les valeurs fortes du sport au service du lien social

  • Vous avez une bonne connaissance du sport pour avoir travaillé chez Sport dans la Ville. 

 

Je suis personnellement et professionnellement convaincue que la pratique sportive constitue une vraie opportunité pour de nombreux publics. Mais à condition que ces activités soient bien encadrées, avec des moyens mis sur le financement de coachs, de responsables d’insertion et avec un véritable accompagnement des publics bénéficiaires. Cela peut vraiment être un vecteur de re-sociabilisation très fort car le sport est porteur de valeurs fortes : engagement individuel, solidarité, force du collectif, respect de l’autre… J ’ai pu le voir lorsque j’étais chez Sport dans la Ville et dans tous les projets que j’accompagne depuis cinq ans. 

Sport et santé

  • Nous pouvons peut-être regarder les quatre thèmes en commençant par sport et santé.

 

Je voudrais commencer par la question du handicap. Nous avions mené une étude en 2019 sur les freins et les leviers de la pratique sportive des personnes en situation de handicap. Le premier frein était la formation des encadrants et des dirigeants et non pas ce que beaucoup ont tendance à penser, l’accessibilité des terrains de sport. Bien sûr qu’il y a des problématiques sur l’accessibilité et il faut que des financements soient imposés. Mais la plupart du temps, quand on accueille un jeune en situation de handicap, invisible, léger ou cognitif mental, ce n’est pas du matériel dont on a le plus besoin. Ce qui manque c’est la formation d’éducateurs, nous nous sommes concentrés sur cette question.

Avec le fonds de dotation nous avons donc financé sur trois à quatre ans le déploiement de sections parasportives dans les clubs de la Ville de Paris. Il s’agissait de former des éducateurs sportifs, des dirigeants de clubs et des dirigeants d’associations et pour, dans certains cas financer du matériel adapté. Nous avons favorisé la création d’un module de formation de clubs omnisports classiques, à l’accueil du public en situation de handicap. Nous avons aussi financé de grandes les associations comme l’APF France Handicap, ou la Fédération française de sports adaptés et handisport. 

 

  • La santé, ce n’est pas seulement le handicap. 

 

Bien sûr que non. Par exemple, un projet « purement santé » : la Maison RoseUp, une association qui accueille des femmes en rémission de cancer à Paris. Elle a été soutenue par « Impact 2024 » pour le déploiement d’activités physiques adaptées. On connait l’impact que ce type d’action peut avoir sur la guérison. Notre intervention peut aussi couvrir le financement de cours de sport pour des personnes atteintes d’affections longue durée. Mais la santé n’est souvent qu’un élément des difficultés que rencontre notre public. Aussi y a-t-il beaucoup de projets autour des personnes en situation de grande précarité, des personnes de la rue, des problématiques d’insertion professionnelle. 

Sport et insertion

  • L’insertion représente 54 % des financements accordés, c’est important… 

 

C’est important parce que les thématiques qui se retrouvent dans cette catégorie sont très diversifiées. En effet, on demande aux porteurs de projets, lorsque cela touche plusieurs sujets, d‘en mettre un en majeur. Cela conduit à une situation où nous recevons plus de 50 % des candidatures sur cette thématique-là. Cela va de projets autour de l’insertion professionnelle de jeunes issus de quartiers prioritaires, avec des associations sportives comme Sport dans la Ville qui proposent des activités à des jeunes des quartiers. Cela touche en particulier les jeunes plutôt déscolarisés, à qui l’on on propose un parcours d’insertion professionnelle jusqu’à l’emploi ou la formation. Il y a aussi des projets de solidarité. Nous travaillons avec le Secours Populaire et une association qui s’appelle Kabubu (« l'amitié par le sport » en swahili) qui accompagne par de l’activité sportive des personnes réfugiées ou déplacées. Nous sommes là pour identifier les projets de territoire qui fonctionnent le mieux et les accompagner pour montrer que le sport a un rôle à jouer. Les 3 000 candidatures reçues depuis quatre ans montrent qu’il y a un besoin très fort de projets basés sur l’activités physiques avec un fort accompagnement. C’est intéressant car peu de mécènes financent cela.

 

  • Faites-vous de la mise en réseau ?

 

La mise en réseau pour nous est indispensable, d’une part avec les différentes et très nombreuses associations qui agissent sur le sport et aussi avec des acteurs et financeurs locaux. Nous constatons que les projets sont chers, mais pas toujours prioritaires pour les fonds de dotation et les fondations. Ils ont des axes de financements assez classiques comme la collecte alimentaire, l’insertion professionnelle pure, des parcours de soin..., mais ne sont pas sur le sport comme fort élément de réussite. C’était aussi rarement prioritaire pour les entreprises mécènes, mais cela change.

 

  • Avez-vous convaincu de l’utilité de la composante du sport ?

 

Ce qui est intéressant, c’est l’évolution. Quand le Fonds de dotation a été créé, les sponsors de « Paris 2024 » étaient à l’aise avec l’outil du fonds, mais ils n’étaient pas tous convaincus du rôle du sport dans l’insertion, l’éducation, etc. Maintenant qu’ils voient la quantité, la qualité, les résultats des projets, ils s’y investissent activement. Nous avons réussi à convaincre de l’utilité. 

Sport et Éducation 

  • Pouvez nous parler du volet éducation ?

 

Pour l’éducation, je peux vous donner l'exemple d’une association en Guadeloupe, Inser'sport, qui intervient dans les écoles, notamment dans les quartiers prioritaires de Basse-Terre et à Pointe-à-Pitre pour faire découvrir de nouvelles disciplines olympiques aux jeunes. Des éducateurs proposent dans les écoles, un après-midi par semaine, des activités sportives et des sorties pendant les vacances scolaires. Cela touche des jeunes qui sont proches de la mer, mais qui pour la plupart ne savent pas nager et ne partent jamais en vacances parce que quitter la Guadeloupe coûte très cher. Ce sont des territoires extrêmement enclavés avec des niveaux de pauvreté qui sont très importants. 

 

  • C’est cela que vous appelez l’éducation ? 

 

La thématique de l’éducation est complexe car évidemment nous ne remplaçons pas l’Éducation nationale. Notre approche est sur l’éducation et la citoyenneté, pour des publics jeunes entre 6 et 12 ou 13 ans, qui complète l’action d’un nombre important d’associations sportives. Nous travaillons aussi sur un grand programme construit avec le ministère de l’Éducation nationale et l’Enseignement supérieur « Génération 2024 ». Il apporte du financement et des outils pédagogiques supplémentaires pour la pratique sportive à l’école. À Marseille, nous soutenons par exemple l’association Le Grand Bleu dont l’objet est l’insertion par les métiers de l’eau. Elle propose des cours de natation, la découverte des sports de nature, des sports d’eau, canoë-kayak, voile et des sports d’eau pour des jeunes des quartiers Nord de Marseille. D’ailleurs, nous avons eu la chance de leur faire rencontrer Tony Estanguet, particulièrement sensible à ces projets. Nous sommes donc sur la thématique sport, éducation et insertion sans être dans l’école.

Sport et développement durable

  • Le développement durable est un axe moins développé chez vous ?

 

C’est moins développé non pas parce que cela nous intéresse moins, mais simplement parce que nous recevons beaucoup moins de projets sur ces thématiques-là. Ce sont des projets de sensibilisation autour de l’économie circulaire, du recyclage des déchets, de la préservation de la biodiversité, de la préservation de la nature et autour de l’éducation au développement durable. 

 

  • Cela n’a rien à voir avec le sport.

 

Si, toujours. Ce sont des projets qui sont portés par des acteurs sportifs de métier. Par exemple, la Fédération française de canoë-kayak a pour projet phare un projet l’éco-labélisation de la filière kayak. Elle veut être un exemple de transition écologique dans le milieu sportif. Les problèmes principaux cette Fédération sont la pollution des cours d’eau, le manque de respect des pratiquants et des supporters qui sont au bord des plans d’eau. Elle a choisi de porter un projet d’éducation au développement durable de grande ampleur. Elle se donne, sur trois ou quatre ans, des objectifs très élevés sur le nettoyage des cours d’eau, l’utilisation de produits ressourcés pour la création des matériaux utilisés pour les bateaux. C’est un programme très important de sensibilisation des pratiquants, des éducateurs, dans les programmes des stages, etc. Pour porter ce projet, elle s’est associée à différents acteurs, de grandes associations et des organismes de certification reconnus. 

Autre exemple, à Marseille encore, dans les calanques. Une association qui s’appelle Clean my Calanque organise plusieurs fois par an des marathons de nettoyage des calanques, puis on calcule les tonnes de CO2 empêchées grâce à leur action. Cela permet de travailler, avec les plus jeunes, sur la thématique de de la préservation de la calanque, sur la découverte de l’écosystème marseillais. 

Les femmes et les filles au cœur des projets contre la discrimination

  • Peut-on dire quelques mots de vos actions en direction des filles et des femmes, car je sais que c’est un axe de travail important pour vous ?

 

Tout à fait, cette question s’inscrit dans la thématique de l’égalité et la solidarité. C’est très en lien avec le projet des Jeux de Paris qui vont être les premiers jeux paritaires en termes de nombre d’athlètes femmes participant aux Jeux. 

 

  • Comment cela se passe-t-il avec les performances sportives ? Ne prend-on pas les meilleurs ? 

 

Évidemment, nous n’avons pas exclu les meilleurs, mais c’est une question du nombre des disciplines féminines et masculines. Il faut au total qu’il y ait un nombre d’athlètes équivalent. C’est le nombre de places ouvertes pour des femmes qui a été augmenté. Quand on parle d’égalité filles-garçons dans le sport, il faut comprendre qu’il existe un fossé selon l’âge. Entre la petite enfance et l'âge d'environ huit ou neuf ans, sur les terrains de sport, il y a quasiment 50 % de filles et 50 % de garçons. Ceci n’est pas forcément vrai pour tous les sports avec une participation aux sports collectifs plus marquée des garçons, mais à l’école les chiffres restent relativement équilibrés. À partir de l’adolescence, il y a une vraie cassure : on passe de 50 % à moins de 30 % de licenciées femmes sur toutes les fédérations sportives et sur toutes les pratiques sportives confondues avec aussi des pratiques dites « plus genrées » comme la gymnastique, l’équitation. Pour les sports collectifs, c’est carrément l’hécatombe. Pourtant, la pratique sportive a un impact extrêmement bon prouvé scientifiquement. Chez les jeunes filles et chez les femmes, elle a des vertus qui sont peut-être encore supérieures à celles des garçons sur certaines thématiques, notamment sur l’acceptation de son corps, sur la remise en santé après une grossesse, pendant la maternité par exemple.

 

  • Je pense aussi que c’est le côté positif d’affirmation de son existence. 

 

Exactement, il y a aussi évidemment un enjeu sur l’émancipation et la place des femmes dans la société qui passe aussi par le sport. Plus les femmes sont visibles sur un terrain de sport, plus d’athlètes féminines sont sur les podiums, plus cela devient des exemples et favorise les vocations.

Pour accroître la visibilité, on a fait un gros travail sur la représentation de femmes et la valorisation de leurs résultats. Le fait d’avoir la parité aux Jeux s’inscrit dans cette démarche. Le Fonds de dotation a été la traduction aussi de cet engagement sur le développement de la pratique sportive des femmes. Les femmes représentent plus de 51 % de la population et les problématiques qui sont visées sont celles d’une potentielle discrimination.

 

  • C’est plutôt un thème transversal qu’une thématique spécifique que l’on retrouve dans tous vos axes de travail. 

 

Tout à fait, avec la toute petite spécificité que nous avons quand même laissé cette thématique ouverte en elle-même, parce que certains projets ne sont focalisés que sur ces questions. Nous ne voulions pas que les porteurs de projets se sentent exclus lorsque cela concernait des activités uniquement pour des femmes. C’est mon expérience à Sport dans la Ville, où je me trouvais du côté association, qui m’a aussi donné cette approche vis-à-vis des porteurs de projets. 

Des financements significatifs et des bénéficiaires nombreux partout en France hexagonale et en outre-mer

  • Pouvez-vous nous donner quelques chiffres ? Vous avez soutenu une quantité de projets extrêmement importante ?

 

Il y a 1 100 projets à date, en sachant qu’il y en aura sans doute 200 à 300 de plus d’ici aux Jeux.

 

  • Vous indiquez sur votre site 4,5 millions de bénéficiaires. 

 

Oui. Nous demandons aux porteurs de projets de renseigner le nombre de bénéficiaires de leur action et également le nombre de bénéficiaires indirects. Quand on considère par exemple 100 jeunes des quartiers prioritaires, l’impact va sur la communauté, les familles, etc. Cela peut toucher davantage de personnes. Mais les 4,5 millions de bénéficiaires sont des bénéficiaires directs. 

 

  • Vous travaillez donc dans toute la France, métropole et outre-mer. Vous avez dit que vous avez des demandes de montants très variés. Quel est votre écart type de financement ?

 

Nous essayons de ne pas descendre en-dessous de 10 000 euros. Le financement le plus important est de 250 000 euros par an.

 

  • Cela doit être un beau projet.

 

En effet, il s’intitule « Du stade vers l’emploi » porté par Pôle Emploi, la Fédération française d’athlétisme et des fédérations sportives qui se sont jointes. C’est l’organisation d’une forme de forme de job dating ou de journées de recrutement pour des personnes accompagnées par Pôle Emploi. Ces journées s’organisent entre un temps de pratique sportive partagée entre personnes en recherche d’emploi de longue durée et recrutées ensemble, chacun en tenue de sport, ce qui ne permet pas de savoir qui est qui et lève les barrières et les freins potentiels et un forum de recrutement plus classique. Il y a donc un temps de partage le matin. Les résultats en termes de recrutement sont de plus de 30 % de taux de sortie en emploi durable sur ces actions. C’est un projet qui a été développé au départ comme un projet pilote avec la Ligue d’athlétisme des Hauts-de-France et qui s’est déployé partout en France et sur énormément de disciplines sportives et dans les outre-mer. Aujourd’hui, nous sommes à plus de 200 job datings par an.

 

  • Quid du Fonds de dotation lorsque les Jeux seront terminés ?

 

C’est toute la question du moment, à savoir quel est l’après. Ce fonds de dotation peut continuer à vivre après les Jeux, c’est une structure juridique indépendante. Cela demandera de faire monter à bord quelques sponsors, quelques mécènes pour continuer à financer des projets. L’appel à projets Impact 2024 va continuer dans tous les cas parce que si ce n’est pas le Fonds de dotation, l’État va continuer à le porter. Que les associations soient rassurées, le financement va continuer. En revanche, pour le Fonds de dotation tout est à restructurer.

Nous avons une réflexion en cours sur le futur du Fonds de dotation, le futur de sa gouvernance. Que va faire Tony Estanguet ?  Continuer ou quitter la présidence ? Ce sont des questions qui ne sont pas fixées et sur lesquelles nous souhaitons aussi prendre le temps de voir comment se profilent les mois à venir et comment aussi les mécènes souhaitent s’en emparer. 

 

  • C’est-à-dire qu’il faut que vous trouviez 7 millions d'euros par an.

 

Nous n’avons pas besoin de 7 millions d'euros pour fonctionner. Quand nous parlons de 7 millions, il s’agit de 7 millions versés aux projets. Nos salaires ne sont pas pris dessus, c’est Paris 2024 qui porte la charge du fonctionnement du Fonds. Nous pourrions très bien démarrer avec 500 000 euros ou 1 million d’euros.

 

  • Souhaitez-vous ajouter quelque chose qui vous tient à cœur ?

 

J’espère que cette action va perdurer et le Fonds continuer d’exister. Toute l’équipe est très fière de ce qui a été fait et très convaincue de l’utilité de cet outil. Je pense que nous avons réussi à ce qu’il trouve sa place dans le paysage de la philanthropie française. Il a une utilité réelle, notre évaluation d’impact en est la preuve. Le sport est un formidable outil pour améliorer la vie dans notre société, pour donner de l’enthousiasme et du bonheur.

 

Propos recueillis par Francis Charhon.

Quelques références d’associations soutenues ou non par le Fonds de dotation Paris 2024 :
  • - 82-4000 solidaires : accès à la haute montagne pour des personnes en très grande précarité. Association incroyable, un des meilleurs projets tant en terme de changement de regard que de dépassement de soi et d’insertion… 
  • - Terre d’Hippocrate : association sur le territoire de Gap visant à accompagner des patients souffrant de pathologies cardiaques par des activités de jardinage/diététique et sport adapté (marche, yoga notamment).
  • - Aquarius : projet de l'association Solidarité Inclusion Sport créée par de jeunes étudiants en STAPS à Rennes 2 qui vise à accompagner de jeunes migrants ayant subi des traumatismes liés à leur traversée de la Méditerranée pour qu'ils se reconstruisent par l’apprentissage de la natation en piscine. Cette activité est encadrée par les étudiants et des psychologues afin de les aider à dépasser leur PPST.
  • - Graine de footballeuses : association portée par une jeune fille exceptionnelle, dont l’objet est de faire découvrir le football à des petites filles et adolescentes et de (re)conquérir l’espace public (changement de regard sur les pratiques /inclusion).
  • - Hope Team East : association aquitaine visant à aider des malades, enfants et adultes, victimes de cancer, à surmonter leur maladie à travers des défis sportifs (résilience).
  • - Kabubu : l’association propose des activités physiques à des personnes exilées dans une logique de rencontre et de changement de regard ainsi qu'une insertion professionnelle dans le sport par des formations diplômantes. Un projet porté par des jeunes pour des jeunes et en voie d’essaimage partout en France.
  • - Solidarités femmes 13 : association qui accompagne des femmes victimes de violences à se reconstruire notamment par l’activité physique et en leur proposant des formations professionnelles et des engagements bénévoles. Historiquement à Marseille, le projet que le programme accompagne est désormais dans son changement d’échelle.
  • Entourage sport : projet visant à s’appuyer sur le sport comme levier d’inclusion pour des personnes vivant à la rue. Il s’appuie sur un réseau de bénévoles pour proposer des activités sportives et travaille avec les structures sportives et les institutions pour permettre aux plus précaires d’adhérer à un club et d’assister à de grands événements sportifs.
  • Sport dans la ville : L’association accompagne les jeunes issus de quartiers prioritaires sur le chemin de la réussite. Par le sport, elle leur transmet des valeurs importantes pour leur développement personnel et leur insertion professionnelle.

 

 

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