Baromètre 2023 : de plus en plus de Français touchés par la précarité hygiénique
Hausse des prix de l’alimentation, de l’essence et du chauffage… Le contexte inflationniste oblige les Français à repenser leur consommation, jusqu’à supprimer l’achat de certains produits et notamment les produits d’hygiène de base tels que les déodorants, les couches et les serviettes hygiéniques. Une précarité hygiénique grandissante qui ne touche plus seulement les plus précaires. Découvrez les résultats de notre 3ème baromètre “Hygiène & Précarité en France”, réalisée par l’IFOP pour Dons Solidaires.
Savon, déodorant, dentifrice, serviettes hygiéniques : l’inflation pousse un tiers des Français à renoncer à l’achat de produits d’hygiène
En 2023, dans un contexte d’inflation grandissante, la précarité hygiénique frappe de plus en plus de personnes en France : 34 % des Français déclarent devoir renoncer à l’achat de certains produits d’hygiène de base, faute de moyens. Concrètement, 6 millions de Français renoncent l’achat de déodorant, 4 millions de Français se privent de shampoing et 3,5 millions manquent de dentifrice.
Une situation encore plus alarmante pour les personnes les plus défavorisées, bénéficiaires d’associations. Elles sont deux fois plus à souffrir de l’inflation et à se priver de ces produits essentiels.
Alors, pour celles et ceux confrontés à cette problématique, une stratégie de renoncement s’opère : contrôler la consommation des produits d’hygiène ou les diluer pour les faire durer plus longtemps, utiliser un seul produit pour des usages différents ou devoir s’en priver complètement… C’est ainsi que l’étude révèle que 13 % des Français contrôlent leur consommation de papier toilette par exemple. Les parents, plus touchés par cette précarité silencieuse, sont 28 % à contrôler la consommation de gel douche et de shampoing de leurs enfants. Et lorsque l’on pose la même question à des parents bénéficiaires d’associations, cette proportion augmente drastiquement et passe à 56 %.
Je fais des économies sur les produits d’hygiène corporelle. Le shampoing sert à laver les cheveux et le corps. Mais il m’arrive de laver les enfants à l’eau seule, ou de leur dire de ne faire qu’une toilette rapide. »
Maman de 2 enfants, bénéficiaire de l’épicerie sociale Le quotidien à Canteleu
Le constat en 2023 ? Bien qu'elle continue de toucher plus durement les personnes défavorisées, la précarité hygiénique s’immisce toujours plus dans les foyers français. Le renoncement aux produits d’hygiène ne concerne plus seulement les bénéficiaires d’associations mais près d’1/3 de la population.
La précarité hygiénique : un facteur qui dégrade l’estime de soi et conduit à l’isolement
Comment ne pas se sentir exclu lorsque l’on manque de produits aussi essentiels que du savon, du dentifrice ou encore des protections menstruelles ? L’augmentation de la précarité hygiénique est corrélée à un sentiment de malaise de plus en plus fort : 1 Français sur 10 se sent mal à l’aise en raison de son hygiène personnelle, et près d’un quart d’entre eux a peur d’être jugé du fait d’une mauvaise présentation de soi.
Face à ce mal-être, les personnes touchées par la précarité hygiénique s’isolent : 23 % d’entre elles limitent les sorties, 18 % évitent ou ignorent une connaissance. Un malaise qui va même jusqu’à impacter l’insertion professionnelle : 6 % ont déjà annulé un entretien d’embauche et cette proportion triple lorsque l’on pose la question à des bénéficiaires d’associations.
Un manque d’accès aux produits d’hygiène de base qui participe donc massivement à l’exclusion sociale, en particulier pour les bénéficiaires d’associations.
Et force est de constater que les femmes, les parents et les jeunes sont plus durement touchés par cette précarité souterraine.
-
Pour les jeunes, de plus en plus nombreux à faire face à la précarité hygiénique, le sentiment de malaise et d’exclusion qu’elle génère est exacerbé.
-
Pour les parents, l’accès à des couches pour leurs enfants se révèle une problématique grandissante, les obligeant à limiter le nombre de couches utilisées, voire à utiliser des protections “bricolées”.
-
Pour les femmes et les jeunes filles, la précarité menstruelle progresse fortement, en dépit de l’action des pouvoirs publics. 4 millions d’entre elles y sont confrontées, dont 2,8 millions de façon régulière. Et face à ce manque d’accès, elles opèrent des stratégies de contournement qui impactent durement leur estime de soi et leur bien-être.
On met du papier toilette, surtout moi, je me prive pour laisser plus de protections à mes filles. »
Maman solo de 6 enfants, bénéficiaire de l’association Together We Can à Asnières
Retrouvez le baromètre « Hygiène et précarité en France »