Tiers dignes de confiance : un colloque réussi
Droit d’Enfance se réjouit de la réussite de son dernier colloque sur le thème : « Tiers digne de confiance : Quels bénéfices durables pour l’enfant ? » Au total, 300 participants sont venus assister aux échanges autour de 3 tables rondes. Un colloque passionnant, riche d’échanges et d’informations pertinentes grâce à l’expertise des différents intervenants.

« La protection des enfants est à un momentum »
L’ouverture du colloque a été marquée par les interventions du président de Droit d’Enfance, Jean-Pierre DEBUISSON, et de la Haute-Commissaire à l’Enfance, Sarah EL HAÏRY.
M. DEBUISSON a déclaré qu’il était opportun d’allier la parole à l’action. Aussi a-t-il annoncé l’ouverture au mois de juin d’un nouveau service de Droit d’Enfance, dédié à l’accompagnement des tiers dignes de confiance et des accueillants durables et bénévoles en Seine-Saint-Denis.
La Fondation se félicite également que Madame la Haute-Commissaire ait choisi ce colloque comme lieu pour l’une de ses premières interventions publiques depuis sa prise de fonction au début du mois de mars. Selon elle, « la protection des enfants est plurielle et est à un momentum (…), d’où la question des tiers dignes de confiance ».
Aujourd’hui, près de 15 000 enfants sont accueillis chez un tiers digne de confiance (TDC), soit 8% des mineurs protégés par l’Aide sociale à l’Enfance. Pour en savoir plus sur les tiers dignes de confiance, n’hésitez pas à consulter l’article publié par la Fondation à ce sujet.
« Penser pour les enfants des liens affectifs durables »
La première table ronde a abordé la désinstitutionalisation de la protection de l’enfance au travers de l’intervention des tiers dignes de confiance (TDC).
Pour Anne DEVREESE, Présidente du CNPE, il s’agit de « penser pour les enfants des liens affectifs durables ». Pour autant, l’intervention d’un TDC est censée être provisoire, si bien qu’il faut continuer de développer ces accueils sur le long terme. L’accueil durable et bénévole ainsi que l’adoption simple ont notamment été évoqués.
Présidente de l’AFMJF et Première Vice-présidente chargée des fonctions de juge des enfants, Alice GRUNENWALD a axé son intervention sur la notion de solidarité – notamment familiale. Cependant, contrairement à ce que dit la loi depuis des décennies, le confiage à un proche et la réelle « désinstitutionalisation de la vie de l’enfant » ne sont que très récents. Aujourd’hui, les TDC sont accompagnés sur le plan éducatif, affectif ou administratif, mais il faut encore qu’ils obtiennent un réel statut.
Émilie BOITTE, représentante du Département des Yvelines en sa qualité de Directrice de projet DGA Enfance Famille Santé, a clôturé cette première table ronde. Selon elle, l’offre relative aux TDC mérite d’être davantage développée pour « mieux répondre aux besoins de l’enfant ». Comme mentionné dans la Loi Taquet du 7 février 2022, le placement d’un enfant auprès d’un TDC doit être pensé comme première solution avant tout placement en institution.
Découvrez le travail de la facilitatrice graphique pour la première table ronde.
« L’exploration des placements familiaux, ici et ailleurs »
La deuxième table ronde a exploré les modèles étrangers et les pratiques traditionnelles de placement chez un proche.
Lucile BASSE, doctorante Cifre en démographie et Chargée d’études à l’ONPE, a mis en lumière différents travaux de recherche regroupés dans la revue de l’ONPE « L’accueil des enfants par un proche » (2024). Elle a comparé les systèmes internationaux aux spécificités du système français. Elle conclut ainsi son intervention : « l’accueil par un proche, est-ce un dispositif de protection de l’enfance ou une configuration familiale à part entière ? »
Virginie AVEZOU-BOUTRY, Maîtresse de conférences à l’Université Paris Nanterre, a quant à elle présenté la pratique du confiage sur l’Île de La Réunion – une pratique informelle. La tradition est alors vue comme un « facteur d’optimisation de la prise en charge », qui permet à l’enfant de donner du sens à son vécu.
Enfin, la Directrice du Service social international (SSI France), Sandrine PÉPIT, a présenté le placement familial international (international kinship care). Ce dernier mérite d’être pensé de manière systématique : « la priorité est à l’exploration des placements familiaux, même au-delà de son pays ». Cela permet à l’enfant de rester dans un environnement relationnel et culturel qu’il connaît.
Découvrez le travail de la facilitatrice graphique pour la deuxième table ronde.
« La normalité dans l’anormalité »
La troisième et dernière table ronde de ce colloque interrogeait les intervenants sur l’équilibre à trouver entre enfant, parents, TDC et professionnels.
La Conseillère technique et Juriste du service de suivi et de soutien des TDC de l’association Retis, Valérie URBANI, est venue présenter le rôle et les missions d’un service d’accompagnement des TDC. Retis est en effet le premier service de ce genre à avoir ouvert en France, dans le but d’assurer une complémentarité entre professionnels et TDC, dans une logique d’entraide. Le TDC représente « la normalité dans l’anormalité » en ce qu’il est « le premier secours mais le dernier recours ».
Martine DYRSZKA est ensuite intervenue en sa qualité de Tiers digne de confiance afin de partager sa propre expérience. Il s’agit de « passer de grand-parent refuge à TDC », « de grand-parent à éducateur ». Elle évoque l’importance de l’accompagnement par les services d’aide aux TDC, notamment psychoaffectif, mais aussi des échanges entre pairs.
Enfin, Conseiller technique du département de Seine-Saint-Denis, Jean-Michel BOCQUET a présenté l’appel à projet pour l’ouverture d’un service TDC qu’a obtenu Droit d’Enfance. Dans le département, on dénombrait 245 TDC fin 2022, avec un âge moyen de l’enfant accueilli de 10 ans et une durée en moyenne de 10 mois pour un premier accueil.
Découvrez le travail de la facilitatrice graphique pour la troisième table ronde.
La journée s’est clôturée avec le discours de Michel HOCHART, Directeur général de Droit d’Enfance. Ce colloque conclut le triptyque initié en 2022 par la Fondation autour du thème du travail avec les familles.
Pour en savoir plus…
Vous souhaitez (re)visionner le colloque ? La captation de l’évènement sera prochainement diffusée sur le site internet de Droit d’Enfance ainsi que la chaîne Youtube de la Fondation.
Vous souhaitez en savoir plus sur les tiers dignes de confiance ? Droit d’Enfance a publié un article à ce sujet.
Vous êtes vous-mêmes tiers digne de confiance et vous interrogez sur vos missions et vos droits ? Droit d’Enfance ouvre un service d’accompagnement des TDC et accueillants durables et bénévoles en Seine-Saint-Denis.
Si les travaux de facilitation graphique du colloque vous intéressent, rendez-vous sur le site internet ou la page Linkedin de Become Studio.
DROIT D’ENFANCE
Droit d’Enfance est une fondation de protection de l’enfance reconnue d’utilité publique depuis 1866, elle accueille et accompagne en Île-de-France plusieurs centaines de garçons et de filles placé(e)s sous sa protection par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Elle accorde une grande importance à éviter les ruptures de placement et à soutenir les familles dans le but d’éviter le placement ou de permettre aux liens de se (re)créer.
La Fondation coordonne et gère le numéro d’urgence européen 116000 Enfants Disparus qui apporte un soutien juridique, psychologique et social aux familles d’enfants disparus. Elle a également la charge de la veille et du repérage des structures mobilisées et ressources produites en faveur de la lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs, au travers du programme PARÉ. Enfin, Droit d’Enfance est le membre français du Service Social International (SSI), acteur international de la protection de l’enfance.