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Par Entreprendre&+ - Publié le 21 mars 2023 - 14:43 - Mise à jour le 21 mars 2023 - 15:44
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Hybrider son modèle pour plus d’impact : quel rôle pour les mécènes ? Le cas de Vendredi

Vendredi est une entreprise sociale née de l’ambition de proposer des formats d’engagement à tous les salariés, au sein même de leur entreprise. Accompagnée par Entreprendre&+ depuis 2016 dans le cadre de son changement d’échelle, Vendredi a connu une croissance forte, employant aujourd’hui 60 salariés, pour répondre aux enjeux de 300 clients et 50 000 utilisateurs. Comment le projet a-t-il fait évoluer son modèle pour répondre à ces enjeux de croissance ? Quels ont été les obstacles ? Quel rôle a joué Entreprendre&+ dans cette transition ? Interview croisée de Félix de Monts, co-fondateur de Vendredi et Jean-Baptiste Renard, philanthrope membre d’Entreprendre&+, mentor de Vendredi.

Jean-Baptiste Renard, Entreprendre&+ et Félix de Monts, Vendredi
Jean-Baptiste Renard, Entreprendre&+ et Félix de Monts, Vendredi
  • Quelles ont été les différentes phases de développement de Vendredi, de la genèse du projet à aujourd’hui ?

 

Félix de Monts : Le projet a été lancé lorsque j’étais encore étudiant et que je ne connaissais rien au monde de l’entreprise. Cela prenait la forme d’une association nommée « Stagiaires sans frontières », dont la vocation était de permettre à des étudiants de travailler un jour dans une association, dans le cadre d’un stage de fin d’étude en entreprise. Le modèle associatif convenait très bien car l’activité était non marchande. Les entreprises financent le projet sous la forme de don et il n’existait pas de marché de l’engagement à l’époque. Avec l’apparition de quelques entreprises dans le secteur, nous avons pris la décision d’assumer une vision commerciale dans un marché naissant, et de valoriser la prestation que nous proposions aux entreprises. Ce moment charnière est difficile à passer pour une organisation, notamment en matière de recherche de financements. Pour certains acteurs, le modèle était trop corporate car financé par de la prestation de services aux entreprises, et pour d’autres, le modèle ne l’était pas assez, car pas assez rentable. C’est à ce moment que nous avons été accompagnés par Entreprendre&+, pour consolider le modèle à destination des étudiants et réfléchir à un modèle pérenne pour les salariés. 

En 2018, nous avons créé la SAS Vendredi, tout en gardant l’association, gardienne de la philosophie du projet afin de rendre le service accessible à tous et de permettre à des publics éloignés d’accéder à des formats d’engagement. Notre objectif ? Changer le monde sans changer de travail. C’est pourquoi, en complément des missions d’engagement proposées aux collaborateurs, nous avons créé des parcours de sensibilisation autour du changement des comportements et de la question des enjeux sociaux et environnementaux au sein des entreprises. 

En 2021, l’association est devenue une fondation sous égide de la Fondation Entreprendre, la Fondation de l’Engagement pour tous. Elle travaille sur un projet d’étude d’impact systémique, avec tous les autres acteurs de l’engagement, afin de mener des grands programmes et de changer les mentalités sur l’engagement et le rôle des entreprises dans la transition écologique et sociale. 

 

  • Comment Entreprendre&+ a accompagné ces différentes phases de développement ?

 

Jean-Baptiste Renard : Au démarrage, le projet était petit, très engagé, avec une offre simple, pour laquelle l’association convenait parfaitement. Assez rapidement, il a été question de travailler sur une stratégie de croissance en BtoB, en développant une offre plus large, s’adressant à des grands comptes, dans un univers désormais concurrentiel, avec un des besoins forts de professionnalisation des équipes pour développer une offre commerciale solide. 

Notre rôle a été d’accompagner le développement de cette stratégie et de trouver le meilleur modèle hybride pour continuer à développer la partie non profit de l’activité de Vendredi, qui a mené à la création de la fondation abritée. L’évolution du modèle s’est faite en deux étapes, il a donc fallu du temps pour le mettre en place mais le montage fonctionne très bien désormais. Comme tout changement d’organisation, ce type de transition est chronophage mais si la stratégie est claire, cela ne pose pas de difficultés particulières. 

En tant que mentor, il s’agissait pour moi de questionner inlassablement la stratégie de développement et d’aider les fondateurs à prioriser les chantiers. Dans le cas de Vendredi, il fallait constamment s’assurer que le cap était suffisamment clair et que les conditions étaient toutes réunies pour changer le modèle d’organisation au bon moment. 

Félix de Monts : L’aide d’Entreprendre&+ a été déterminante pour nous permettre de faire les bons choix au bon moment. En tant que jeune chef d’entreprise, l’apport d’entrepreneurs chevronnés a été précieux sur les sujets de propriété intellectuelle, de marque, de business model, de gouvernance, de transfert des salariés … toutes ces questions auxquelles nous n’étions pas préparés !

 

  • Quels ont été les freins et les obstacles dans la mise en place de ce modèle hybride ? Quels sont les points de vigilance à garder en tête pour penser la question du modèle économique d’un projet à impact ?

 

Félix de Monts : Le choix du modèle dépend de plusieurs facteurs clés : l’histoire du projet, les opportunités, les sources de financement potentielles, l’ambition, la disponibilité … et ces différents facteurs évoluent dans le temps, c’est un processus dynamique ! 

Un des principaux enjeux est de bien faire comprendre la démarche en interne, auprès des collaborateurs. Dans notre cas, la bascule n’a pas posé de problème aux salariés car la philosophie et les valeurs n’ont pas changé, l’ambition sociétale reste identique mais cela nécessite un effort de pédagogie. 

En externe, nous avons également été confrontés à de la méfiance vis-à-vis de la double démarche, à la fois commerciale et à impact. Notre réponse, ce sont nos chiffres d’impact ! Nous sommes sur une ligne de crête entre le marché capitaliste classique et le secteur associatif et il y a encore du chemin à parcourir pour faire changer les mentalités et déconstruire l’opposition systémique entre le monde de l’entreprise et celui de l’intérêt général. 

Jean-Baptiste Renard : Il y a effectivement un risque, notamment juridique et fiscal, autour des modèles hybrides. C’est pourquoi nous avons beaucoup travaillé sur l’articulation entre les deux structures, le rôle de chaque organisation et la gouvernance associée, pour ne pas risquer de requalification et s’assurer que la fondation abritée ne puisse pas constituer un avantage concurrentiel pour l’entreprise et ainsi servir indirectement des intérêts business. 

 

  • Pour terminer, en quoi cette alliance entre un entrepreneur social et un mentor est-elle vertueuse selon vous ?

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Félix de Monts : Pour nous, Entreprendre&+ a joué un rôle essentiel ! A mon sens, le métier d’Entreprendre&+ n’est pas assez connu et devrait être plus répandu dans le paysage de la philanthropie. Être accompagné par des entrepreneurs chevronnés, qui nous ont apporté méthode et structuration à un moment capital de notre développement nous a vraiment permis de pérenniser nos activités et d’augmenter rapidement notre impact. Rares sont les acteurs qui portent cette vision singulière qu’a Entreprendre&+ sur la complémentarité entre philanthropie et ESS. 

Jean-Baptiste Renard : La vertu de notre méthode réside dans la qualité des rencontres et la complémentarité des talents, en l’espèce, un entrepreneur social qui connaît son écosystème et des mentors qui en savent beaucoup sur le développement d’entreprises. A titre personnel, c’est aussi une grande fierté et un immense plaisir que de voir les progrès et le chemin parcouru !

Propos recueillis par Camille Marc 

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