EUDR : l’Europe déclare la guerre à la déforestation
Malgré des vents contraires, le Pacte vert n’est pas encore complètement enterré. Avec l’entrée en vigueur du règlement européen contre la déforestation (EUDR) prévue d’ici la fin de l’année 2025, l’Union européenne poursuit son engagement vers la neutralité carbone en se mettant au chevet d’un des principaux alliés de la lutte contre le réchauffement climatique : la forêt.

Le 30 décembre 2025*, l’Europe devrait franchir une étape décisive dans la lutte contre la déforestation. A partir de cette date, les entreprises qui importent, transforment, distribuent ou commercialisent certaines matières premières devront prouver que leurs chaînes d’approvisionnement ne participent pas à la destruction des forêts. Le Règlement européen contre la déforestation (EUDR), adopté en 2023, marque un tournant : la transparence devient une obligation, la responsabilité, un devoir.
Sept familles de produits sont ciblées par l’EUDR : le bois, le café, le cacao, le soja, l’huile de palme, le caoutchouc et le bœuf. Mais derrière ces produits bruts se cache une myriade de produits dérivés de notre quotidien : le chocolat, les sacs en cuir, le journal que l’on lit chaque matin, les meubles, les emballages, l’alimentation animale… Chaque entreprise qui les manipule est désormais dans le viseur.
* Le 23 septembre 2025, la Commissaire en charge de l’environnement, Jessika Roswall, a adressé un courrier au président de la commission de l’Environnement (ENVI) du Parlement européen, Antonio Decaro, et à la présidence danoise du Conseil de l’UE, dans lequel elle annonce son intention de reporter d’un an l’entrée en vigueur de l’EUDR.
Tous concernés
Chocolatiers, fabricants de pneus, distributeurs de supermarchés, exportateurs…. Chaque acteur de ces chaînes de valeur doit pouvoir prouver l’origine responsable de ses produits. Finie l’époque où l’on pouvait fermer les yeux sur l’origine des matières premières. L’Europe exige la transparence totale : les entreprises doivent désormais cartographier, documenter et justifier chaque étape de leur approvisionnement.
La traçabilité comme nouvelle règle du jeu
Ce règlement prévoit des obligations très concrètes. Les entreprises doivent démontrer que leurs produits sont zéro déforestation, qu’ils respectent la législation locale et qu’ils sont couverts par une déclaration de diligence raisonnée.
Concrètement, cela implique de connaître l’emplacement exact des parcelles, de suivre les flux de production et de documenter toute la chaîne d’approvisionnement. Pour de nombreuses entreprises aux réseaux complexes, c’est un séisme organisationnel, une révolution dans la manière de penser la production et la distribution.
Des échéances serrées, des sanctions sévères
Les échéances approchent : 30 décembre 2025 pour les grandes entreprises et les PME, 30 juin 2026 pour les micro et petites structures. Les sanctions sont lourdes : amendes d’au moins 4 % du chiffre d’affaires, saisie des lots, confiscation des revenus, voire interdiction de mise sur le marché. L’EUDR est clair : la traçabilité et l’atténuation des impacts causés par les acteurs de sa chaine de valeur sont désormais des obligations juridiques.
Cette obligation vient compléter un écosystème réglementaire dans la lignée de la CSRD, la CSDDD ou du MACF, exigeant une vision intégrée et stratégique de la durabilité. Pour les entreprises, il ne s’agit plus seulement de répondre à une réglementation ponctuelle, mais de mettre en place une gouvernance globale, robuste et traçable de leurs impacts environnementaux.
Un outil salutaire qu’il faut voir comme un levier
L’EUDR est un outil salutaire qui résiste (pour le moment) aux tentatives de dérégulation environnementale. Pour les entreprises prêtes à s’engager, c’est une opportunité de valoriser des produits responsables, de répondre à l’attente croissante des consommateurs et de se différencier sur un marché où la durabilité devient un critère décisif.
Rappelons-le : 15 à 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent de la déforestation. L’Europe envoie un signal fort : la protection des forêts n’est plus un choix individuel, c’est une responsabilité collective.
L’urgence d’agir
Pour les entreprises, le message est limpide : anticiper ou subir. L’EUDR transforme la transparence et la responsabilité en leviers d’innovation et de compétitivité. Dans un monde où les consommateurs exigent des preuves tangibles et où les régulateurs frappent fort, il n’y a plus de temps à perdre.
L’EUDR impose aux entreprises de repenser la manière dont elles structurent et sécurisent leurs chaînes d’approvisionnement. Elles vont être contraintes de maitriser et de cartographier les détails de l’ensemble de leur fournisseurs.
Les conduisant à :
- Auditer le respect des obligations légales et évaluer les risques
- Produire les déclarations de diligence raisonnée, sécuriser la réception et la transmission des données et produire des outils de suivi
- Intégrer des processus de conformité dans la chaîne logistique et se préparer aux contrôles administratifs
- Former leurs équipes.
Ces enjeux nécessitent la mobilisation de compétences variées à l’intersection de la réglementation européenne, des problématiques douanières et de la transformation des modèles d’affaires. C’est précisément pour répondre à ces défis que nous avons créé Fidal Impact, un hub pluridisciplinaire dédié à la transition, pour faire de la contrainte juridique un moteur de croissance durable.
Fidal Impact réunit des expertises autour du droit, de la stratégie et du financement pour développer des solutions et de nouveaux formats permettant la mutation des entreprises vers la décarbonation, l’adaptation au changement climatique, la protection de la biodiversité et à la crise énergétique.
L’expertise combinée du pôle douane et du pôle Europe permet d’aider les entreprises à dépasser la seule logique de conformité pour intégrer l’EUDR dans une démarche globale. Cela signifie : sensibiliser les équipes aux enjeux de traçabilité, créer des passerelles entre directions juridiques, supply chain, IT et opérations douanières, instaurer une culture de la preuve au sein de l’organisation, et transformer la contrainte réglementaire en véritable outil de pilotage des risques et de sécurisation des échanges pour qu’elles exercent sereinement leur activité.