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Par Fondation Afnic pour la solidarité numérique - Publié le 8 février 2023 - 10:59 - Mise à jour le 8 février 2023 - 11:33
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Fondation Afnic : former en milieu carcéral

Le 24 mai 2022, l'Afnic invitait quelques projets lauréats de sa Fondation, dans ses locaux. Devant la richesse de ces exposés, l'auditoire a été intéressé, participatif et concerné ! Suite à l'intervention de Brieuc Le Bars co-fondateur de CodePhenix, un ingénieur de l'Afnic a animé 3 heures de formation sur le DNS au sein du centre de détention de Melun. Retours sur cette expérience vécue en binôme !

Enceinte du centre de détention de Melun - Crédit photo : DR
Enceinte du centre de détention de Melun - Crédit photo : DR

Interview de Brieuc le Bars ( CodePhenix) et de Stéphane Bortzmeyer (Ingénieur à l'Afnic)

  • Pouvez-vous vous présenter ?

Brieux Le Bars : CodePhenix est une association qui travaille à la réinsertion professionnelle des sortants de prison, notamment en leur permettant de profiter des opportunités d’emploi existantes dans les métiers du numérique. Pour ce faire, nous formons, en détention, des personnes à l’intégration web et les embauchons au sein de notre agence web en détention pour qu’elles  aient une première expérience professionnelle.

C’est dans ce cadre que Stéphane est venu faire une présentation sur le sujet du DNS à nos apprenants du centre de détention de Melun. Le groupe était constitué de 7 personnes qui avaient toutes fini la formation et travaillaient au sein de l’agence web.

Stéphane Bortzmeyer : Ingénieur à l’Afnic, et connaissant le DNS (Domain Name System, la technique derrière les noms de domaines comme codephenix.fr), je suis intervenu un matin à la prison de Melun auprès de détenus qui suivaient une formation chez Code Phénix. Je ne prétends pas être un expert de la situation carcérale, et mon expérience limitée n’a pas de valeur générale, il s’agit juste d’un témoignage personnel.

  • Pourquoi faire venir des intervenants extérieurs ?

BLB : Au cours de notre accompagnement, nous tâchons de faire intervenir un maximum de professionnels du numérique en milieu carcéral auprès de nos publics, que ce soit pour des sessions de pair programming ou programmation en binôme (passer 30 à 45 minutes avec les apprenants à tour de rôle pour les aider sur leur sujet du moment) ou pour des ateliers de découverte d’un sujet.

En effet, ces interventions remplissent plusieurs objectifs.

  • D’une part, cela permet de faire découvrir la problématique de la sortie de prison aux professionnels du secteur, autrement dit, à de potentiels futurs collègues, voire employeurs. Par ailleurs, nous cherchons par ces interventions et ces contacts avec des professionnels du secteur à démystifier et désacraliser pour nos apprenants le milieu du numérique, et ainsi diminuer le syndrôme de l’imposteur, particulièrement important chez les sortants de prison.
  • Et d'autre part, la venue d’une personne extérieure ajoute toujours de la motivation aux apprenants qui sont contents de pouvoir apprendre auprès de professionnels et touchés qu’ils soient venus jusqu’à eux, d’autant qu’ils n’ont pas accès à internet pour apprendre par eux-mêmes.
  • Comment se prépare -t- on à ce type d'intervention ?

SBO : L’aspect de la prison de Melun n’est pas engageant, elle est d’un style ancien, et pas toujours bien entretenue. Au moins, elle n’est pas trop loin des transports en commun, ce qui est important pour les visites des familles et proches. Les locaux destinés aux formations sont en revanche tout neufs, et bien équipés. L’intervention que j’ai faite, d’une durée de trois heures, portait sur le système des noms de domaines, et il y avait huit élèves présents. Ne connaissant pas leurs capacités, j’avais prévu de devoir m’adapter.

Bien sûr, enseigner des choses sur l’Internet sans accès Internet pose des défis particuliers. Il faut bien préparer à l’avance, et avoir tout sur son fichier PDF, avec de nombreux exemples puisqu’on ne pourra pas faire de travaux pratiques.

SBO : 

  • Première surprise, les élèves étaient en grande majorité des gens ayant déjà étudié, et souvent pratiqué professionnellement, l’informatique, voire l’Internet. Je pensais que plusieurs d’entre eux nécessiteraient beaucoup d’explications de base mais en fait, il a été possible d’aller très loin dans le cours.

Bien sûr, il y avait aussi, comme dans toute formation, un élève qui croyait s’y connaitre mieux que l’intervenant. »

  • Deuxième surprise, les élèves étaient très motivés et très intéressés. Aucun besoin pour l’intervenant de chercher à susciter leur intérêt, ils étaient tous passionnés, posaient de nombreuses questions (pertinentes, dans la grande majorité des cas) et étaient très avides d’en savoir plus. Quand on a enseigné dans des universités où certains élèves sont franchement ailleurs (même si physiquement présents), c’est agréable. Et les élèves ne sont pas avares de compliments et de remerciements, l’intervenant doit donc veiller à ne pas prendre « la grosse tête ».

Et, contrairement à ce que je craignais, sur la base de mes préjugés, il n’y a eu aucun problème de discipline, bien au contraire. »

En résumé, si ce genre d’interventions ponctuelles dans les formations de Code Phénix est certainement utile aux élèves, il est également motivant pour l’intervenant. Je ne peux que conseiller ce genre d’opérations aux personnes qui ont du savoir qu’elles souhaitent partager.

BLB : La matinée s’est très bien déroulée à mon sens, les apprenants étaient curieux et ravis de pouvoir poser leurs questions. Le lendemain, ils parlaient encore de cette matinée et ceux qui avaient mieux compris réexpliquaient certains points au tableau.

  • L'expérience se retente alors ?

SBO et BLB : Oh oui !  La date est déjà arrêtée !

Un grand merci à Stéphane de la part de l’équipe de CodePhenix et de la part de nos apprenants pour sa venue et sa pédagogie ! »

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