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Par Fondation des solidarités urbaines - Publié le 21 juin 2024 - 07:00 - Mise à jour le 21 juin 2024 - 18:06
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Fédération des Centres Sociaux de Paris - « Développer le pouvoir d’agir est dans notre ADN »

Depuis janvier 2024, la Fédération des Centres Sociaux et socioculturels de Paris (FCS75) accompagne cinq centres sociaux dans la mise en place de projets d’innovation sociale, qui ont en commun une ambition : développer le pouvoir d’agir des habitants, en particulier les plus précaires, sur leur cadre de vie. Christelle Dhugues et Mattis Pacaud, respectivement déléguée fédérale et chargé de mission à la Fédération des Centres Sociaux et socioculturels de Paris, expliquent les modalités de cette expérimentation, lauréate de l’appel à projets mené conjointement par la Fondation d’entreprise des solidarités urbaines et la Fondation MACIF.

Animation dans le cadre du projet mené par le centre social la 20e Chaise, à l'occasion d'une fête de quartier
Animation dans le cadre du projet mené par le centre social la 20e Chaise, à l'occasion d'une fête de quartier

 

  • Pourquoi avoir initié une expérimentation visant à développer le pouvoir d’agir des habitants ?

 

Christelle Dhugues : Le développement du pouvoir d’agir est la raison d’être des centres sociaux. En tant que structures d’éducation populaire et d’animation de la vie sociale, ils portent des projets de développement social sur leur territoire, conçus avec et pour les habitants. Développer le pouvoir d’agir des habitants est dans notre ADN. Or dans une ville de Paris qui se gentrifie, de nombreuses rénovations de quartier sont menées sans concertation réelle, affectant en particulier les habitants les plus précaires, très rarement associés à l’amélioration de leur cadre de vie. C’est cela qui nous a fait réagir. Au cours d’un précédent travail de prospective, nous avions recueilli la parole des habitants. Ils ont en majorité exprimé le souhait d’avoir un impact sur leur environnement, qu’ils veulent vert, sain et à échelle humaine.

La Fédération des Centres Sociaux et socioculturels de Paris a donc lancé un appel à manifestation d’intérêt auprès de son réseau. Cinq centres sociaux ont proposé un projet concret et utile, pour développer le pouvoir d’agir des habitants sur leur territoire. 

 

  • En quoi est-ce important que les centres sociaux soient accompagnés par la fédération dans cette démarche ?

 

Christelle Dhugues : Dans le quotidien des centres sociaux, la demande sociale est croissante et les moyens sont limités. Or l’expérimentation et l’innovation demandent des temps et de l’espace dédiés. La fédération a donc vocation à les soutenir et à jouer un rôle d’aiguillon en proposant des projets innovants. L’intérêt est de ne pas expérimenter seuls, mais en disposant de ressources, d’un appui et du cadre du réseau où ils peuvent échanger collectivement.

 

  • Quel est le principe de l’expérimentation ?

 

Mattis Pacaud : Nous pilotons la mise en place des projets de 5 centres sociaux. Tous développent le pouvoir d’agir des habitants, mais chacun a ses spécificités. Le centre social Cerise, dans le 2ᵉ arrondissement, développe un projet d’« aller-vers » pour les futurs habitants d’un nouveau lot de logements sociaux à proximité directe de la Samaritaine. Dans le 20ᵉ arrondissement, dans le quartier prioritaire des Amandiers, le centre social la 20ᵉ Chaise va créer un kiosque citoyen co-construit et co-géré par les habitants et les associations locales. Nous avons également deux projets dans le 10ᵉ arrondissement. Le centre social Aires 10 souhaite renforcer les modalités de participation des habitants, en particulier les plus précaires, aux instances de concertation en place. Le centre social Le Pari’s des Faubourgs, quant à lui, a créé un collectif de mères d’enfants porteurs de handicap, pour mener des actions de sensibilisation dans le quartier et rendre le cadre de vie plus inclusif. Enfin, le Foyer de Grenelle, seul centre social du 15ᵉ arrondissement, souhaite créer un Conseil de Maison pour impliquer les habitants dans l’amélioration de la vie au sein de la structure.

Ces expérimentations visent à aller plus loin dans l’inclusivité de la concertation. Elles mobilisent les institutions et les associations locales, car c’est essentiel de co-construire avec l’ensemble des acteurs pour faire bouger les lignes.

 

  • Quelles sont la méthodologie et les modalités choisies ?

 

Christelle Dhugues : Nous avons organisé un séminaire de lancement en février 2024. Son objectif était de partager un référentiel commun sur le développement du pouvoir d’agir, mais aussi que les centres sociaux rencontrent des intervenants spécialisés pour se nourrir d’approches différentes. À la fin du séminaire, tous les participants sont repartis avec des objectifs précis pour leur projet, ainsi qu’une feuille de route pour les mois à venir. Nous organisons depuis, afin de dynamiser les projets, des temps réguliers d’accompagnement et de partage de pratiques autour d’un enjeu collectif. Nous faisons travailler les centres sociaux en binômes et nous brassons les groupes, pour créer de l’inter-connaissance et une plus grande richesse d’échanges. 

Mattis Pacaud : Nous avons eu une première session sur le thème de l’évaluation de projet. La prochaine est prévue en octobre ou novembre, afin de laisser le temps aux centres sociaux d’avancer entre deux séances. Nous gardons un rythme d’une journée tous les 3 à 4 mois. Nous proposons également des accompagnements territoriaux. Des intervenants vont former sur place les équipes, selon les modalités et enjeux spécifiques à chaque projet. Il y a donc deux dimensions indissociables : territoriale et globale. Au quotidien, je suis leur interlocuteur pour toute question, mise en relation ou accompagnement à la mise en place des animations.

 

  • De quelle manière les centres sociaux se sont-ils emparés de l’expérimentation ?

 

Christelle Dhugues : On voit se créer un collectif. Le séminaire a été fondateur. Pour le moment, la principale difficulté réside dans le fait de dégager du temps aux centres sociaux dont le quotidien est chargé. Il existe aussi un enjeu organisationnel, afin de mettre à bord toutes les équipes de manière transversale. Mais le pilotage de la fédération instaure une relation de confiance, entre des porteurs de projets qui se connaissent. C’est une condition essentielle à la bonne marche de l’expérimentation. 

Mattis Pacaud : Les projets ont démarré dès le lendemain du séminaire. Le centre social du Pari’s des Faubourgs s’est déjà réuni cinq fois depuis mars et envisage des actions envers les familles dès le mois de septembre. Le centre social Aires 10 a réussi à réunir le conseil de quartier et le conseil citoyen existants pour les faire collaborer. Le centre de la 20ᵉ Chaise va organiser un temps fort en juin à l’occasion de la fête de quartier, autour du futur kiosque citoyen. Ces temps d’échanges partagés entre tous les porteurs de projets créent une émulation collective. On avance tous ensemble.

 

  • Quels impacts concrets espérez-vous ?

 

Christelle Dhugues : Ces projets devraient produire une meilleure connaissance du paysage institutionnel pour les habitants. L’ambition est de les voir s’impliquer dans la co-construction de stratégies impactant leur cadre de vie. 

Mattis Pacaud : L’idée qui porte tous les centres sociaux est d’embarquer les habitants dans des actions collectives, co-construites avec et pour eux. 

 

 

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