Interview avec Liliana Amundaraín, directrice de l'incubateur THSN by SINGA à Strasbourg
« Leur capacité de résilience, leur détermination sans faille et leurs capacités d’adaptation sont de véritables atouts pour entreprendre. » Liliana Amundaraín est la coordinatrice de l’incubateur THSN by SINGA de Strasbourg, l’un des plus jeunes du réseau, qui a ouvert ses portes en 2022. Elle dresse le bilan de ces deux premières années.
- Quelles sont les particularités de l’incubateur de Strasbourg ?
Nous sommes le premier incubateur SINGA à vocation européenne, binationale franco-allemande. Notre conviction profonde, c’est que les personnes d’origine étrangère ont des choses à apporter à la coopération internationale pour la rendre encore plus diverse et plus interculturelle.
La coopération transfrontalière est une réalité de notre territoire et nous sensibilisons fortement nos entrepreneurs sur ce point. Nos experts et partenaires sont des acteurs économiques français et allemands et nous organisons régulièrement des évènements à l’antenne allemande SINGA de Karlsruhe. Pour nos entrepreneurs, cela ouvre des horizons et des perspectives de développement, notamment pour les anglophones.
Notre deuxième particularité, c’est d’être tourné vers l’Économie Sociale et Solidaire. Ce secteur est un vecteur économique très important dans notre région, avec de nombreuses structures et des partenaires très engagés sur le sujet. Nous présentons aussi ces modèles à nos entrepreneurs car nous savons que cela peut être porteur pour leur activité.
- Comment sont sélectionnés les porteurs de projet ?
Nos porteurs et porteuses de projet doivent obligatoirement être bénéficiaires de la protection internationale et avoir le statut de réfugié. Ensuite, nous recherchons des candidats et candidates qui souhaitent s’installer durablement sur le territoire, avec l’intention de développer leur activité sur plusieurs années. Nous soutenons avant tout des projets qualitatifs, qui contribuent au développement de l’économie locale et apportent une richesse à la région.
- Comment se déroule le programme d’accompagnement ?
Nous accompagnons à chaque fois une promotion de 15 porteurs de projets sur une durée de 6 mois. L’idée est de les confronter au marché le plus tôt possible et de leur permettre de tester rapidement la faisabilité de leur projet.
Pour cela, nous proposons un accompagnement collectif, avec une vingtaine d’ateliers (70 heures) sur des sujets variés comme la formation juridique, la proposition de valeurs… Et un accompagnement individuel avec un suivi régulier toutes les trois semaines.
La dynamique de promotion est très porteuse et permet aux entrepreneurs et entrepreneuses de créer des liens forts entre eux. La plupart connaît souvent un déclassement professionnel et n’a plus d’attaches sociales et professionnelles. Faire connaissance avec de nouvelles personnes et d’autres cultures les encourage et leur donne de la force.
Nous avons aussi fait le choix de proposer à tous des cours individuels de français langue étrangère (FLE), à raison d’une heure ou deux par semaine. En progressant rapidement en français, les personnes que nous incubons s’expriment mieux, montent en compétences et reprennent confiance.
- Quel bilan dressez-vous de ces deux premières années ?
Nous avons accompagné trois promotions et 31 entrepreneurs réfugiés, dont sept avaient une structure préexistante. En deux ans, il y a eu deux créations d’entreprise, deux autres sont en cours et un de nos entrepreneurs a décroché un prêt d’honneur auprès de France Initiative, ce qui est une grande fierté pour nous. Nous sommes encore un jeune incubateur et il faut laisser le temps à certains projets de grandir, mais nous sommes confiants pour la suite.
- Quelle est la nature de votre partenariat avec The Human Safety Net ?
THSN est un partenaire de Singa qui a participé à la création de notre Incubateur à Strasbourg. A ce titre THSN anime le consortium de l’incubateur, aux côtés de tous nos partenaires et participe aux moments forts des promotions comme le comité de sélection et la clôture de l’accompagnement. Dans certains cas THSN coorganise ces évènements avec nous. Nous mobilisons également la Fondation pour donner coup de pouce aux projets des entrepreneurs.
À Strasbourg, nous avons la chance d’avoir deux parrains THSN, agents Generali, qui mettent leurs larges réseaux professionnels au service de nos porteurs de projets. Nous les sollicitons régulièrement et ils nous sont d’un grand soutien.
- Quelles sont les perspectives de développement pour THSN by SINGA à Strasbourg ?
Nous avions comme ambition d’accompagner 30 personnes par an et nous y parvenons, avec une parité hommes/femmes atteinte dans notre dernière promotion. Nous allons continuer nos actions de sensibilisation à l’entrepreneuriat, avec le renfort d’une troisième personne qui vient d’intégrer l’équipe. L’objectif maintenant est de nous nous rendre plus visibles auprès des nouveaux arrivants et de parvenir à accompagner des projets plus matures.