L’accompagnement des entrepreneurs réfugiés : deux incubateurs The Human Safety Net (fondation Generali) x La Ruche
The Human Safety Net, fondation du groupe Generali, et La Ruche, réseau d’incubateurs, ont lancé un programme pour accompagner les entrepreneurs réfugiés.
Le 30 septembre 2021, 38 entrepreneurs réfugiés ont reçu leur diplôme à la mairie de Montreuil, pour avoir suivi un programme d’incubation de neuf mois. Ce dernier, fruit de la coopération entre l’association La Ruche et la Fondation The Human Safety Net, accompagne des personnes bénéficiaires de la protection internationale dans leur projet de création d’entreprise ou d’association. Pour le connaître en détail, rencontre avec Sina Josheni, responsable du programme pour entrepreneurs réfugiés des Incubateurs The Human Safety Net de Montreuil et de Saint-Denis et Sophie Vannier, déléguée générale de La Ruche.
Qu’est-ce que La Ruche ?
Sophie Vannier : La Ruche est un réseau d'incubateurs de dix lieux en France qui répond à une double conviction : celle que les entrepreneurs peuvent contribuer à répondre à des enjeux de société pour rendre la planète plus durable et juste. Nous accompagnons donc des entrepreneurs responsables, du stade de l'idée jusqu'à la première levée de fonds. Notre deuxième conviction, est que l'entrepreneuriat est un vecteur d'insertion professionnelle, et un enjeu d'égalité des chances ! Un projet accompagné à deux fois plus de chance d'être toujours en activité à trois ans qu'un projet non accompagné ! C'est pour cela que nous avons monté des programmes d'accompagnement dédié aux jeunes pousses sous représenté et donc sous-accompagné dans l'entrepreneuriat. La Ruche se sont donc des lieux, des programmes, des entrepreneurs et des partenaires pour rendre tout cela possible.
À quelle date le programme d’accompagnement d’entrepreneurs réfugiés avec THSN a-t-il été lancé ?
Sina Josheni : En 2019, la fondation The Human Safety Net et La Ruche se sont associées pour co-créer un programme d’incubation sur le territoire de la Seine-Saint-Denis. Un premier incubateur a été inauguré à Montreuil en juin 2019. Il a accueilli sa première promotion dès le mois d’octobre de la même année. En 2021, un second incubateur a vu le jour à Saint-Denis, territoire sur lequel Generali est installé depuis presque 20 ans.
Sophie Vannier : Dès son lancement, The Human Safety Net a été la locomotive du programme. D’abord, car la Fondation est son principal financeur, mais aussi parce qu’elle a réuni l’ensemble des parties prenantes du secteur associatif, public (la mairie de Montreuil, celle de Saint-Denis, etc.), privé (BNP Paribas, la Fondation SNCF, le Medef 93, etc.) qui nous accompagnent.
À partir de quel constat ce programme d’accompagnement des entrepreneurs réfugiés est-il né ?
Sina Josheni : Un entrepreneur a déjà des obstacles, ils peuvent être encore plus grands pour une personne réfugiée qui n’a pas de réseau, qui ne maîtrise pas totalement la langue française et qui rencontre des barrières administratives. C’est pourquoi nous souhaitons aider ces personnes à développer et concrétiser leur projet professionnel. Nous estimons que nous avons aussi une autre mission : celle de les accompagner à s’insérer dans la société. Pour nous, l’entrepreneuriat est un bon outil pour s’intégrer plus facilement. Créer son propre projet permet de prendre confiance en soi, d’aller vers les autres et de développer un certain nombre de compétences.
Sophie Vannier : L’objectif est aussi de faire évoluer le regard de la société sur les personnes réfugiées. L’innovation de ce programme, c’est que tout un consortium de parties prenantes met en œuvre un accompagnement spécifique et valorise le parcours des entrepreneurs.
À qui est destiné ce programme ? Quel est le profil des personnes qui sont accompagnées par La Ruche ?
Sina Josheni : Il n’y a pas de critères particuliers si ce n’est bénéficier de la protection internationale et avoir un minimum de niveau en français. Sinon, chaque entrepreneur a un profil, un parcours de vie et des projets professionnels bien différents. On a, par exemple, accompagné Carlos, un entrepreneur réfugié colombien qui a une marque de café baptisée « Populaire ». Il importe du café de Colombie, torréfié à Paris et redistribué par des entreprises. On a également accompagné Kinan, réfugié syrien qui va bientôt lancer son projet de food truck pour vendre des plats vegans du Moyen-Orient.
Comment le programme se déroule-t-il ?
Sina Josheni : C’est un programme d’accompagnement étalé sur neuf mois, déployé en quatre grands axes. On commence toujours par proposer un accompagnement individuel. À La Ruche, on donne rendez-vous aux membres de la promotion une fois par mois minimum pour discuter de leur projet professionnel, faire des diagnostics, se fixer des objectifs pour le mois suivant, etc. On a un peu le rôle d’un médecin généraliste : on les aide au global sur la méthode et la gestion de projet. Dans un second temps, on organise des ateliers collectifs pour travailler sur la question du business model ou encore des études de marché. Ensuite, on travaille concrètement avec eux sur le financement, le budget et le business plan pour qu’ils puissent chiffrer leur projet. Enfin, on passe à l’étape de la commercialisation. On organise des ateliers sur la communication, les ressources humaines, la prospection.
Faites-vous appel à des acteurs externes pour compléter votre accompagnement ?
Sina Josheni : Quand on ne peut pas accompagner les membres du programme, on les redirige vers les experts qui prennent une heure ou plus si besoin. On a tout un réseau de plus d’une centaine de personnes : des avocats, des experts-comptables, des financiers, ou encore des professionnels de la prospection commerciale.
Sophie Vannier : Les entrepreneurs sont également accompagnés par des coachs bénévoles, des collaborateurs de Generali, qui peuvent suivre l’avancement des projets. En ce sens, The Human Safety Net nous apporte de la professionnalisation. À La Ruche, nous sommes des professionnels de l’accompagnement. La Fondation renforce notre savoir-faire en matière de communication et de mesure de notre impact, ça nous fait grandir sur ces sujets.
Au total, pour les deux incubateurs, 80 entrepreneurs auront été accompagnés depuis le lancement du dispositif en 2019 à la fin d’année 2021. 28 entreprises ou associations ont été créées. Deux promotions d'incubateurs ont été réalisées à Saint-Denis et une cinquième promotion va bientôt démarrer à l'incubateur de Montreuil.
La Ruche est un réseau national qui accompagne localement les personnes qui souhaitent entreprendre ou développer leur activité de manière pérenne et responsable.
Les partenaires de l’incubateur de Montreuil :
- La ville de Montreuil
- BNP Paribas
- Réseau des Entreprises de Montreuil (REM)
Les partenaires de l’incubateur de Saint-Denis :
- La ville de Saint-Denis
- Plaine Commune
- BNP Paribas
- La fondation SNCF
- Le Medef 93-94
- Plaine Commune Promotion
- La Ruche
- La Miel
- Partenaires pour la Ville 93 (PPV 93).
La Ruche en chiffres :
- 10 implantations en France : Rennes, Montpellier, Marseille, Paris, Bordeaux, Saint Germain en Laye, Saint-Nazaire, Meef Santerre Haute Somme, Strasbourg, Lahage.
- 2 350 personnes accompagnées depuis 2011, dont plus de 600 en 2020.
- 15 parcours d’accompagnement : Les ambitieuses, Les audacieuses, L’école du lab, J’ose, l’incubateur THSN…