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Par Fondation Nexity - Publié le 16 mars 2023 - 14:03 - Mise à jour le 16 mars 2023 - 17:44
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Genre et mal-logement : comment protéger les femmes de la rue ?

Particulièrement touchées par la précarité, les femmes sans-abri sont de plus en plus nombreuses. Les protéger de la rue, où le danger est plus grand pour elles que pour les hommes, s’avère primordial.

Genre et mal-logement : comment protéger les femmes de la rue ?
Genre et mal-logement : comment protéger les femmes de la rue ?

C’est un constat implacable, établi par le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre. Avec 330 000 sans-abris dénombrés en France début 2023, le nombre de personnes en situation de mal-logement ne cesse d’augmenter en France et a presque doublé en dix ans. Et surtout, pour la première fois, l’association a souhaité se pencher sur la question du genre comme « facteur déclenchant ou aggravant du mal logement ». Les femmes sont ainsi de plus en plus nombreuses dans la rue, comme le note le Samu social à Paris, qui observait en 2022 que 10 % des sans-abri étaient des femmes, contre seulement 2 % en 2012.

Jusqu’à présent, elles étaient pourtant prioritaires pour les solutions d’hébergement temporaire, mais l’augmentation de la précarité a saturé les capacités malgré la construction de nouvelles places. Cependant, l’accroissement du nombre de femmes sans abri a d’autres causes, comme le rappelle Florian Guyot, directeur général de l’association Aurore, qui accueille et accompagne les personnes en situation de précarité depuis 1871 : « Le genre est un facteur d’inégalité, les revenus sont plus inéquitablement répartis, et les mères seules, qui constituent la grande majorité des familles monoparentales, sont les ménages les plus pauvres de France. La pandémie a également accéléré certains phénomènes de décohabitation ».


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Des solutions pour protéger les femmes de la rue

Associations et collectivités œuvrent ensemble pour installer des dispositifs propices à l’accueil des femmes. La mixité peut ainsi être un facteur d’insécurité, que ce soit dans l’hébergement ou les bains-douches publics.

C’est pour cela que nous avons mis en place des accueils de jour où les femmes peuvent prendre soin d’elles dans l’intimité, et avoir accès à des protections hygiéniques gratuites. »

Florian Guyot, directeur général de l'association Aurore.

D’autres structures peuvent également être déployées, à l’instar de la halte pour les femmes installée au cœur de l’hôtel de ville à Paris, gérée par le Samu social, proposant des hébergements non mixtes pour la nuit. L’association a lancé des dispositifs similaires dans la capitale, dans les centres Babinski et Championnet. « Mais la mixité peut être intéressante car c’est aussi comme cela qu’on fait société, nuance Florian Guyot. Pour ce faire, il faut penser l’architecture des bâtiments d’accueil de manière spécifique, en réservant par exemple des espaces aux femmes mais en pensant aussi aux lieux d’échanges ».

D’autres places d’hébergement sont spécifiquement aménagées pour les femmes victimes de violences, comme à Bordeaux, où un premier centre d’accueil d’urgence a ouvert l’année dernière à la suite à un appel à projet lancé par l’État. Depuis 2020, ce sont plus de 10 000 lits pour les femmes victimes de violences qui ont ainsi été ouverts, afin de leur éviter la double peine de la maltraitance et de la précarité après avoir dû quitter leur domicile. Cependant, s’il note que « certaines choses vont heureusement dans le bon sens », le directeur général d’Aurore estime que la situation des personnes à la rue et notamment des femmes nécessite une réponse publique plus large, notamment le renforcement de l’offre en logements à loyers modérés ou très modérés. Pour le moment, la liste d’attente à de telles habitations compte 2,3 millions de personnes. Un appel d’autant plus urgent que les risques encourus par les femmes dans la rue sont importants, et qu’elles sont davantage touchées par la précarité que les hommes.

Une plus grande précarité, un danger accru

Ainsi, l’INSEE, cité par le rapport, notait qu’en cas de séparation conjugale, la femme perdait en moyenne 15 % de son niveau de vie, contre une augmentation de 4 % pour un homme. En outre, lors de la rupture, il est plus courant que l’homme garde le domicile (dans 43 % des cas) que la femme (36 %). Enfin, rappelle l’association, en cas de veuvage, la pension de la femme est en général 40 % inférieure à celle de l’homme. Autant de facteurs sociétaux qui expliquent la plus grande fragilité des femmes face au mal-logement, surtout lorsque les capacités d’accueil sont saturées.


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Et dans la rue, le danger est plus grand pour les femmes que pour les hommes, déjà soumis à des conditions de vie très rudes. « L’espérance de vie d’une personne à la rue est inférieure de 20 ans à la moyenne, rappelle Florian Guyot. Mais pour les femmes, il faut ajouter le risque des réseaux de prostitution ou de violences sexuelles ». Ainsi, l’observatoire du Samu social relevait que 90 % des femmes sans domicile avaient été victimes de violences au moins une fois. Une étude corroborée par la Fondation des Femmes et la Fédération des Acteurs de la Solidarité, indiquait en 2021 que 93 % des femmes dans trois structures d’hébergement mixtes avait subi des violences au cours de leur vie, et que 55 % d’entre elles ne se déplaçaient pas au sein de l’établissement la nuit. Des chiffres qui montrent le rôle important joué par le genre dans la situation dramatique du mal-logement.

 

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